1-Main Title 2.46
2-North Pole Moon 1.16
3-The Secret 2.06
4-Susan at The Window 1.43
5-The People We Love 2.49
6-Merry Mayfield 1.59
7-I Like It 0.52
8-Patty's Pleasure 1.29
9-As Real As Me 0.58
10-Charmin' Armin 2.49
11-The Mom & The Myth 1.34
12-Completely Out
of His Mind 1.11
13-I'm a Symbol 3.12
14-Love Theme 1.42*
15-Susan's Christmas Wish 3.05
16-The Engagement Ring 2.41
17-A Big Fat Fake 4.27
18-The Bellevue Carol 2.12
19-Dorey Hires Counsel 0.35
20-I Disgraced Myself 1.42
21-Dorey's Plea 1.21
22-First Witness 1.01
23-Recess, Reconnoiter,
Apologize 2.33
24-Leading The Witness 1.15
25-Summations 4.00
26-Susan's Christmas Card 2.15
27-Case Dismissed 5.07
28-Meet Me at St.Francis 2.24
29-Christmas Morning 3.37
30-Baby on The Way 1.54

*Saxophone interprété par
Dan Higgins.

Musique  composée par:

Bruce Broughton

Editeur:

Intrada Special Collection
Volume 8

Album produit par:
Douglass Fake
Score produit par:
Bruce Broughton
Musique montée par:
Larry Walsh, Patricia Carlin

Artwork and pictures (c) 1994/2002 20th Century Fox/Intrada Records. All rights reserved.

Note: ***1/2
MIRACLE ON 34TH STREET
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruce Broughton
Les Mayfield ('Flubber', 'American Outlaws', etc.) nous propose un remake sympathique et bien nunuche de l'un des grands classiques de Disney datant de 1947: 'Miracle on 34th Street'. C'est l'histoire d'une petite fille nommée Susan Walker (Mara Wilson) qui vit seule avec sa mère Dorey (Elizabeth Perkins) et Bryan Bedford (Dylan McDermott), un voisin charmant que Susan considère presque comme son père. C'est la veille de Noël, mais pour Susan, pas question de Père Noël, de liste de jouets, de cadeaux, etc. Sa mère Dorey lui a expliqué depuis longtemps que le Père Noël n'existe pas et qu'il n'est qu'une image issue de l'imaginaire collectif pour faire rêver les enfants le jour de Noël. De plus, Dorey, une écorchée vive qui a du mal à guérir certaines blessures du passé et qui ne croit plus en rien (et surtout pas au Père Noël), transmet involontairement des idées noires à sa fille. Pourtant, la vie de la petite fille et de sa mère va changer avec l'apparition d'un sympathique vieillard nommé Kris Kringle (Richard Attenborough), et qui prétend être le vrai Père Noël. C'est Dorey qui a rencontré Kris dans la rue et décidé qu'il serait le nouveau Père Noël pour Cole's, le prestigieux magasin de jouets de la 34ème rue de New York. Pour beaucoup d'enfants, Kris Kringle est le véritable Père Noël, charmant, généreux et toujours attentionné. Il ne peut en être autrement, et c'est ce que le vieil homme se plaît à dire à qui veut bien l'entendre. Ce dernier finit par se lier d'amitié avec la petite Susan et comprend qu'elle n'est pas très heureuse et qu'elle rêve d'avoir une famille unie pour Noël, comme n'importe quel autre enfant. Susan se laissera finalement convaincre par le vieil homme et sera persuadé à son tour qu'il est le véritable Père Noël, mais tout le monde n'est pas de son avis, à commencer par Dorey et les dirigeants du magasin concurrent. Les ennuis commencent pour le Père Noël le jour où un employé du magasin concurrent le provoquer exprès en pleine rue afin de l'inciter à faire une bêtise, et c'est ce que Kris Kringle va faire. Accusé d'avoir frappé l'homme devant plusieurs témoins, Kris est arrêté et incarcéré dans un asile psychiatrique, considéré comme un fou qui se prend pour le Père Noël. Bryan, qui se trouve être avocat, va tout faire pour tenter d'innocenter Kris au cours du procès et de prouver définitivement qu'il est réellement le Père Noël.

'Miracle on 34th Street' est un film familial charmant dans la plus pure tradition du genre. On y parle ici de la foi, cette foi en la magie de Noël, une magie contestée par une société de consommation cynique qui ne croit plus en rien. En ce sens, le personnage de Dorey Walker interprété par Elizabeth Perkins est particulièrement représentatif de cet état d'esprit où le rêve n'a plus sa place dans la vie de tous les jours. Richard Attenborough campe un excellent Père Noël plus convaincant que nature, le Père Noël finissant par devenir au bout du compte une sorte d'allégorie de Dieu (cf. scène vers la fin du billet de banque au tribunal) vue à travers l'esprit de la magie de Noël. Le film critique au passage le mercantilisme excessif des fêtes de Noël et en profite pour nous rappeler que le vrai sens de Noël, c'est avant tout l'amour, la famille, l'amitié, etc. La petite Mara Wilson nous livre une performance remarquable avec quelques répliques parfois décalées et surprenantes dans la bouche d'une enfant de 6 ans. Quand au regretté J.T. Walsh, il nous prouve une fois encore son talent à interpréter des rôles de types peu sympathiques (il interprète l'avocat Ed Collins qui refuse de croire en l'existence du Père Noël). La séquence du procès est tellement caricaturale et peu crédible qu'elle en devient pénible, d'autant que le happy-end extrêmement convenu laisse un peu à désirer, mais au final, 'Miracle on 34th Street' est une bien sympathique comédie familiale, avec son lot de bons sentiments édulcorés, de magie et d'émotion.

Décidément, Bruce Broughton est un spécialiste des musiques de comédie si l'on considère le nombre de partitions de ce genre qu'il a livré tout au long de sa carrière ('Baby's Day Out', 'Homeward Bound: The Incredible Journey', 'Stay Tuned', 'Honey, I Blew Up The Kid', etc.). Sa partition symphonique pour 'Miracle on 34th Street' est tout à fait représentative de son style très orienté vers un certain classicisme d'écriture hollywoodien plein de charme et très conservateur. La musique de Bruce Broughton est à l'image de 'Miracle on 34th Street': charmante, entraînante, enjouée, mélancolique, douce, etc. On retrouve toutes ces émotions dans la musique du film. Avec le traditionnel 'Main Title', Broughton nous fait entendre une glorieuse ouverture imposant le son des festivités de Noël. Cloches et cuivres introduisent dans l'allégresse un motif de 4 notes qui servira de tête pour l'excellent thème principal du score (associé aussi au personnage du Père Noël). Le thème principal du score de 'Miracle on 34th Street' est typique quant à lui du style mélodique frais de Bruce Broughton, un compositeur qui possède un véritable talent inné de mélodiste. Les cordes et une superbe chorale quasiment angélique viennent s'ajouter à l'orchestre pour transformer le 'Main Title' en une sorte d'hymne vibrant à la magie de Noël, car, de la magie, il en est justement question dans la musique de 'Miracle on 34th Street'. A l'instar du célèbre 'Home Alone' de John Williams, qui a manifestement servi de modèle pour Bruce Broughton (cela pourrait peut-être s'expliquer par la présence de John Hugues à la production), le score de 'Miracle on 34th Street' évoque cette ambiance quasi féerique de Noël, une féerie accentuée par une très belle chorale qui renforce au passage cette idée de magie et de foi, avec une certaine nostalgie quasi enfantine pour la période de Noël.

Le début du score est essentiellement dominé par quelques pièces orchestrales plutôt légères et tendance mickey-mousing, le thème principal restant toujours très présent. 'Susan At The Window' est très représentatif quant à lui de l'esprit plus léger et entraînant du score de Broughton (le morceau évoque la scène où Susan suit le défilé à la fenêtre). On notera ainsi l'utilisation des vents et du célesta qui rappellent beaucoup les sonorités orchestrales du 'Home Alone' de John Williams. Le score va très vite développer cette ambiance intime et chaleureuse typique de ces comédies de Noël où le ton général se veut à la fois rassurant et charmant. C'est ce que l'on ressent lors de la scène où les enfants se précipitent dans le magasin de Cole's vers le début du film, avec cette utilisation caractéristique de cuivres majestueux, de vents sautillants et de célesta cristallin et majestueux à la 'Home Alone', évoquant l'exubérance des enfants à la veille des fêtes de Noël. Bruce Broughton a parfaitement compris tout l'esprit de Noël et nous le résume à travers cette sympathique partition dominée par un excellent thème principal et un 'Love Theme' évoquant la romance entre Dorey et Bryan. Pour se faire, Broughton nous donnera à entendre un 'Love Theme' excessivement rétro au saxophone avec piano et orchestre pour la quatorzième piste de l'album, et qui correspond à la séquence où le couple se ballade dans les rues de la ville la nuit. Broughton utilise aussi un thème plutôt tendre et intime pour la jeune Susan, évoquant son rêve d'avoir une famille. On retrouve notamment ce joli thème lors de la scène où, sceptique, elle confie quand même à Kris son voeux le plus cher.

Le thème principal reste très présent et évoque le côté charmant et vieil enfant du Père Noël, Broughton restant toujours très efficace lorsqu'il s'agit de développer une thématique solide au sein d'une partition. Comme annoncé précédemment, le score possède ce classicisme d'écriture hollywoodienne qui nous renvoie parfois au style des anciennes partitions comédies du Golden Age Hollywoodien des années 40/50. Broughton applique toutes les recettes du genre et cela fonctionne à merveille dans le film. Parmi les petites surprises du score, on remarquera un motif de vents/cordes plus sombres pour les deux méchants du film (dont l'un est interprété par James Remar, spécialiste des rôles de méchant depuis plus d'une quinzaine d'années déjà - cf. 'Rent-A-Cop' ou '48 Hours' par exemple), sans oublier le magnifique 'The Bellevue Carol', superbe pièce pour choeur et orchestre écrite dans la tradition anglo-saxonne du 'Carol', chanson anglaise d'origine profane devenu un chant de Noël au 16ème siècle. 'The Bellevue Carol' accompagne avec une certaine intensité émotionnelle la scène où le Père Noël est enfermé à l'asile. Le choeur d'enfants/adultes a cappella et le chant du jeune garçon soprano possède un côté désolé qui évoque le cynisme de la société qui ne croit plus au Père Noël ainsi que l'honneur perdu du vieil homme. En dehors du contrepoint qui n'est pas sans rappeler les carols du 17ème siècle tendance Henry Purcell, ce magnifique 'Bellevue Carol' évoque aussi cette idée qu'il faut sauver l'âme et la magie de Noël en libérant le Père Noël accusé injustement d'avoir frappé quelqu'un qui l'a lâchement provoqué. Broughton aime tellement ce thème qu'il nous proposera même une très brève variante orchestrale pour une scène de transition au tribunal.

'Leading The Witness' accompagne une scène de témoignage au tribunal avec une certaine forme d'humour, le morceau étant écrit sous la forme d'une petite valse légère avec la présence surprenante de castagnettes au début du morceau, preuve que Bruce Broughton ne manque décidément pas de bonnes idées. Tout finira dans le meilleur des mondes avec 'Christmas Morning' et 'Baby On The Way', reprenant le sympathique et tendre thème de Susan dans une version plus enjouée (sonorités typiques des tambourins de Noël - cf. 'Die Hard' de Michael Kamen ou 'Home Alone' de John Williams) évoquant le miraculeux accomplissement de son rêve le plus cher : avoir une famille. On assiste alors à un superbe développement orchestral du thème qui passe des vents aux cordes avec une aisance caractéristique du style orchestral de Bruce Broughton. Le thème principal revient ici de manière quasi héroïque aux cuivres, ultime représentation de l'accomplissement de la magie et du miracle de Noël, Broughton refermant sa partition sur une dernière note d'optimisme, d'émotion et de magie.

Vous l'aurez compris, 'Miracle on 34th Street' est en tout point une très belle partition qui vous replongera dans le monde magique de Noël, pour peu que vous ayez gardé votre âme d'enfant. Certes, 'Miracle on 34th Street' n'est peut-être une partition inoubliable ou follement originale, mais elle a au moins le mérite d'épouser à merveille tous les traits du joli film de Les Mayfield et d'évoquer cette très belle histoire de foi et de magie de Noël. Comme d'habitude, Bruce Broughton nous prouve à quel point il aime écrire de beaux thèmes mémorables avec une aisance qui nous amène parfois à nous interroger sur le manque de popularité d'un compositeur toujours aussi injustement sous-estimé. Saluons au passage l'excellente initiative du label Intrada Records qui s'est enfin décidé à rééditer le score complet de l'un des scores les plus recherchés du compositeur aux côtés du fameux 'Young Sherlock Holmes'! Une partition colorée, enjouée, légère et émouvante, pas forcément indispensable, mais qui vous ravira certainement de par la fraîcheur de son classicisme hollywoodien et ses thèmes mémorables. En tout cas, les fans de Bruce Broughton pourront se jeter dessus les yeux fermés!


---Quentin Billard