1-Main Title 3.10
2-20 Items 2.53
3-Wolfe Pack 2.54
4-Crystal Balls 2.09
5-Mirror Message 3.37
6-Imposter 3.53
7-Hog Chase Part 1 3.13
8-Hog Chase Part 2 4.04
9-I Don't Remember 1.28
10-Tomorrow's Headlines 4.02
11-Future Tense 7.14
12-Fait Accompli 6.09
13-The Finger 0.33
14-Rachel's Party 2.47

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6535

Produit par:
John Powell
Musique montée par:
Tom Carlson
Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson
Musique additionnelle de:
James McKee Smith,
John Ashton Thomas,
TJ Lindgren

Artwork and pictures (c) 2003 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
PAYCHECK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
Quand on regarde 'Paycheck', nouveau film d'action de John Woo, on a du mal à croire que ce soit réalisé par l'auteur du superbe 'Face/Off', et pourtant, il va quand même falloir se faire une raison, puisque c'est bel et bien le cas! Inspiré d'une nouvelle de Philip K.Dick (auteur entre autre de 'Total Recall', 'Minority Report' et 'Blade Runner'), 'Paycheck' évoque le combat de Michael Jennings (Ben Affleck), un scientifique qui travaille pour des missions secrètes du gouvernement et à qui on efface par la suite la mémoire afin qu'il ne puisse pas révéler à quelqu'un ce qu'il a vu ou entendu, et ce en échange d'une grosse somme d'argent. Jennings est un jour contacté par son ami James Rethrick (Aaron Eckhart) qui lui propose un important boulot qui lui rapportera plusieurs millions de dollars. Trois ans viennent alors de s'écouler, mais pour Jennings, cela lui semble n'avoir duré que quelques secondes, après qu'on lui ait effacé ses souvenirs. L'opération a été une réussite totale, et tout allait pour le mieux jusqu'au jour où Jennings finit par apprendre qu'il a lui-même refusé son argent et qu'il s'est lui-même envoyé à la place une mystérieuse enveloppe avec des objets ne lui appartenant pas. Pour Jennings, qui se retrouve traqué par le FBI après la mort du scientifique pour lequel il travaillait, il s'agit dorénavant de reconstituer le puzzle à partir des 20 indices qu'il s'est envoyé lui-même. Il a tout oublié de ces trois dernières années, mais ces 20 indices sont apparemment là pour l'aider à découvrir la vérité et à comprendre qui essaie de le piéger.

Et nous voilà parti dans un film d'action typiquement hollywoodien, gros, énorme et pas crédible pour un sou, avec son lot de rebondissements ultra prévisibles, de grosses séquences d'action pleine d'explosions, de fusillades, de cascades en voiture, à moto, etc. Ben Affleck est le héros traditionnel du cinéma d'action américain: le type basique qui doit juste résoudre l'énigme et tirer dans le tas: aussi primaire qu'un jeu vidéo de bas étage! Quand à Uma Thurman, après son excellente participation au 'Kill Bill' de Quentin Tarantino, on ne peut que regretter de voir une aussi bonne actrice gâcher son talent sur un film aussi minable, au scénario maladroit et invraisemblable et qui ne tient jamais la route (par exemple: pourquoi Jennings choisit-il de s'envoyer 20 indices alors qu'il aurait été dix fois plus simple qu'il s'envoie une lettre pour s'expliquer en détail tout ce qu'il lui ait arrivé pour qu'il agisse ensuite en conséquence?), sans oublier la mise en scène d'un John Woo en petite forme, qui nous a pourtant habitué à beaucoup mieux auparavant! On a parfois l'impression de regarder un dessin animé pour gosse de 5 ans, plein de scènes romantiques nunuches (avec la potiche de service), de dialogues bidons, de ralentis inutiles et agaçants, de scènes d'action spectaculaires mais lourdes, etc. Et bien entendu, qui dit John Woo dit forcément un plan avec une colombe, comme dans 'Hard Target', 'Face/Off' ou 'Mission: Impossible 2', sauf qu'ici, c'est sans aucun le plan le plus pourri et le plus maladroit de tout le film. Un film assez honteux de la part d'un excellent maître de l'action qui nous a pourtant habitué a beaucoup mieux, preuve qu'après les récentes déceptions de 'Mission: Impossible 2' et 'Windtalkers', le système hollywoodien ne réussit décidément pas à John Woo!

Après avoir fait appel à deux reprises à Hans Zimmer ('Broken Arrow', 'Mission: Impossible 2'), John Woo décide de s'adjoindre les services d'un nouveau membre de la Media-Ventures team, John Powell, qui a déjà écrit l'un de ses meilleurs scores pour le mémorable 'Face/Off' (1997). Entre temps, Powell a affirmé un style orchestral plus mur, plus maîtrisé, déjà massivement éloigné du style électronique/M-V de 'Face/Off'. Dans 'Paycheck', on retrouve le John Powell des dernières partitions symphoniques telles que 'Evolution', 'Shrek' ou 'Just Visiting'. Nettement plus orchestrale que la musique de 'Face/Off', la partition de 'Paycheck' est aussi beaucoup plus orienté vers l'action. En ce sens, 'Paycheck' est un score très coloré qui nous propose une utilisation limite rétro de l'orchestre avec cuivres martelés, percussions diverses, vents et cordes agitées, le tout unifié par un seul et unique thème principal associé à Rachel et à sa romance avec Jennings. Mais qui dit M-V et décors futuristes dit forcément électronique. Ainsi, les synthés restent très présents même si la partie symphonique est ici nettement plus présente que dans 'Face/Off'. Dans le 'Main Title', Powell annonce une ambiance orchestrale/électronique avec des rythmiques de synthés sympas, où règne une ambiance plutôt mystérieuse lié à l'intrigue du puzzle autour des 20 indices. Cette idée est largement développée dans '20 Items', lorsque Jennings tente de réunir les indices et de comprendre leur signification. On notera ici la présence des rythmiques électroniques habituelles accompagnant un excellent travail de contrepoint de cordes de qualité, preuve que le style de Powell a mûri depuis quelques années et qu'il est désormais assez à l'aise avec l'orchestre, à l'instar d'Harry Gregson-Williams. Le thème est déjà développé ici aux cordes, sur un ton nettement plus intrigant, reflétant la quête de Jennings.

L'action surgit dans 'Wolfe Pack', avec ses orchestrations étoffées et soignées, et ses rythmiques électroniques insistantes. C'est dans ce genre de morceau d'action excitant que l'on pourra retrouver un style orchestral plus rétro, tendance musique d'action/aventure à l'ancienne. On pourra même parfois être surpris par le côté relativement peu violent des morceaux d'action de 'Paycheck', plus orienté vers une description symphonique de l'aspect spectaculaire de ces scènes, d'où un côté un peu rétro qui rappelle certaines musiques d'action de la fin des années 80 et du début des années 90, mais qui ne font certainement pas penser au style de Media-Ventures. Soyons clair: ne vous attendez pas à retrouver ici une musique d'action tonitruante et électronique à la 'The Rock' dans 'Paycheck'. Comme annoncé précédemment, John Powell affirme ici un style orchestral plus mur et maîtrisé, et aussi beaucoup plus personnel et éloigné du style de certaines partitions électroniques récentes de chez Media-Ventures (donc, pas de 'marche en arrière' ici, à l'instar du décevant 'Pirates of The Carribean'). 'Wolfe Pack' décrit la traque dans le métro vers le début du film, premier grand morceau d'action du score de 'Paycheck'.

Dès lors, l'action se maintient à travers des morceaux tels que 'Crystal Balls' (qui nous propose un sympathique développement du thème confiés ici aux violoncelles avec des rythmiques électroniques) pour une scène de traque avec Jennings et Rachel, 'Mirror Message' et son côté intrigant (Rachel aperçoit le message laissé par Jennings sur son miroir), sans oublier les incontournables 'Hog Chase Part 1' et 'Hog Chase Part 2' pour la poursuite en moto, séquences d'action majeurs du film. Les deux parties de 'Hog Chase' font parti des meilleurs morceaux d'action du score, qui raviront sans aucun doute les fans des compositions orchestrales de John Powell mais risqueront de laisser de marbre ceux qui n'aiment pas véritablement le style de Powell et de certains scores orchestraux récents de chez Media-Ventures. 'Hog Chase' décrit la scène où Jennings et Rachel enfourchent une moto et tentent de semer les hommes de Rethrick et du FBI. On appréciera la montée de tension au cours de la première partie qui débouche sur une deuxième partie nettement plus excitante et orchestrale, faisant la part belle à des cordes amples, des cuivres majestueux et quelques vents énergiques. C'est aussi l'occasion pour Powell de nous faire entendre une brève reprise quasi héroïque du thème de Rachel pour évoquer les exploits de Jennings lorsqu'il sème l'un de ses poursuivants en voiture. 'Hog Chase' est la preuve du savoir-faire de l'un des compositeurs les plus talentueux de l'écurie de Hans Zimmer.

Malgré tout les efforts déployés par le compositeur, et malgré les qualités d'écriture de cette partition, on n'est que moyennement convaincu, peut-être à cause de la nullité du film ou de la pluie d'effets sonores qui couvrent sans arrêt la musique dans le film. On regrettera par exemple le côté ennuyeux de certains morceaux plus atmosphériques tels que 'I Don't Remember' ou 'Tomorrow's Headlines', censé représenter la menace qui pèse sur l'avenir de l'humanité avec la découverte d'une machine qui permet aux individus de voir leur avenir et celui du monde. Il est dommage d'attendre des morceaux tels que 'Hog Chase Part 2' ou 'Wolfe Pack' pour être pleinement convaincu par la musique. La tension monte dans 'Future Tense', débouchant sur un 'Fait Accompli' où surgit un élément de cordes nettement plus lyrique avant de conclure sur un dernier morceau d'action orchestral pour la confrontation finale. Du point de vue de la thématique, le thème principal (ou 'Love Theme') apparaît tout au long du score sous la forme de diverses variantes, tantôt intrigant, tantôt sombre, tantôt intime et rêveur. C'est le cas dans le joli 'Rachel's Party', composé pour un quatuor à cordes conventionnel et décrivant la première rencontre dans le film entre Jennings et Rachel lors d'une fête où joue justement un quatuor à cordes, une bonne idée de la part du compositeur qui méritait d'être relevé, Powell s'étant apparemment fait plaisir avec ce thème principal, pierre d'angle de la partition de 'Paycheck'. Hélas, là aussi, difficile de garder un souvenir impérissable de ce sympathique thème mélodique qui est loin d'attendre la puissance émotionnelle et parfois épique de celui de 'Face/Off' (de même que le thème est un peu trop proche du thème de Rosaline dans 'Just Visiting'). A vrai dire, tout du moins semble ici nettement moins marquant par rapport à 'Face/Off', si ce n'est l'utilisation remarquable de l'orchestre et l'affirmation d'un style plus personnel. Bilan relativement positif pour 'Paycheck', certainement pas la meilleure partition écrite pour un film de John Woo, mais la preuve flagrante d'une nouvelle fraîcheur de style dans la musique de certains musiciens de Media-Ventures. Cependant, on regrettera le fait que Powell ait choisi ces derniers temps les pires projets du moment ('Evolution', 'Just Visiting', etc.), le compositeur finissant par gâcher son talent sur des navets toujours peu inspirants!



---Quentin Billard