1-Holding All My Love
For You 3.16*
2-Open Range 2.36
3-Card Game 1.24
4-Wagon Wheel 1.58
5-Cattle Drive 1.15
6-Ride To Town 3.27
7-Decade 1.45
8-Spooks On The Hill 1.21
9-Starry Night 3.02
10-Wounded Button 0.58
11-Laudanum Dream 2.12
12-Charley & Sue 1.44
13-Boss Convinces Charley 2.15
14-On The Porch 2.33
15-Cat & Mouse 4.09
16-Baxter Taunts Charley 1.31
17-Face Off 1.35
18-Gunfight 3.35
19-Aftermath 2.22
20-Charley Rides Off 3.03
21-Proposal 3.31
22-Teapot 1.58

*Ecrit par Michael Kamen
et Julianna Raye
Interprété par Julianna Raye.

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

Hollywood Records
HR 2061-62416-2

Album produit par:
Michael Kamen, Teese Gohl
Musique montée par:
Tom Villano

Artwork and pictures (c) 2003 Buena Vista Pictures Distribution. All rights reserved.

Note: ***
OPEN RANGE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
Après les échecs successifs de 'Waterworld', 'The Postman' et 'Dragonfly', Kevin Costner tente de se rattraper et de briser son image de looser en réalisant un somptueux western qui rend hommage aux grands classiques du genre, 'Open Range'. Tourné à l'ancienne, 'Open Range' est une sorte de western rétro qui défend les valeurs traditionnelles de l'honneur, la famille, l'amour, etc. Boss Spearman (Robert Duvall) et Charley White (Kevin Costner) sont deux éleveurs itinérants, qui font paître leurs troupeaux dans les vertes plaines de l'Ouest, près de la petite ville d'Harmonville. Mose Harrison (Abraham Benrubi) et le jeune Button (Diego Luna) les accompagnent partout où ils vont et travaillent à leur service. Les ennuis commencent le jour où Charley et Boss apprennent que Mose a été tabassé en ville par des individus et jeté en prison par le shérif Poole (James Russo). Arrivés sur place, les deux compères viennent payer la caution de Mose et rencontrent Denton Baxter (Michael Gambon), le puissant propriétaire de ranch qui règle les affaires de la ville avec la complicité du shérif corrompu. Baxter leur fait clairement comprendre qu'ils ne sont pas les éleveurs itinérants ne sont pas la bienvenue dans sa ville. Pour venger l'agression de Mose, Boss et Charley tombent sur des sbires de Baxter et les agressent à leur tour. En représailles, Baxter envoie ses hommes tuer Mose et blesser Button. La confrontation est désormais inévitable. Charley va devoir renouer avec un passé de tueries peu glorieuses. C'est en amenant Button chez le docteur Barlow (Dean McDermott) que Charley et Boss vont faire la connaissance de la charmante Sue Barlow (Annette Bening), la soeur du docteur qui va s'occuper de Button durant l'absence de son frère. Solitaire, Charley va pourtant se sentir de plus en plus attiré par Sue et développer une romance avec elle. Hélas, lui et Boss doivent désormais risquer leur vie pour venger la mort de Mose et mettre un terme aux agissements de Baxter et de sa bande.

'Open Range', c'est un peu le 'Unforgiven' (Impitoyable) de Kevin Costner, qui renoue ici avec le style des héros au regard dur et à l'âme tourmentée. Le point fort du nouveau western de Costner est sans aucun doute le réalisme dans le traitement de l'histoire et de la façon dont l'acteur/réalisateur développe la personnalité des deux protagonistes principaux du film. Boss (Duvall) est un homme âgé, sage et expérimenté qui a vécu paisiblement et qui ne souhaite que calme et paix, peu enthousiaste à l'idée de devoir sortir les armes mais néanmoins déterminé à venger la mort de son ami. Quand à Charley, il est le portrait type du gros dur qui cache un passé tourmenté, hanté par des souvenirs qu'il ne parvient pas à oublier. Charley n'est pas gêné par l'idée de tuer, mais il est prit entre son devoir qui le destine peut-être à un destin funeste et sa romance avec Sue, bloqué par le fait qu'il ne sait pas parler aux femmes et révéler ses sentiments. Pour le reste du film, Costner s'attache à retranscrire l'amitié forte entre les deux héros et leurs amis (Button, Sue, le docteur Barlow, Percy, etc.), le tout enveloppé dans un énorme crescendo de tension qui aboutira à une explosion de violence au cours d'une fusillade mémorable, accentué par des sons de détonation percutants qui cassent les oreilles (on est très proche ici du vrai son des fusils, bien loin des 'bam-bam' rajoutés dans certains films), toujours dans un souci de réalisme. Avec son mélange de drame, de romance et de violence, 'Open Range' est sans aucun doute une excellente surprise de la part d'un Kevin Costner plus inspiré que sur ses derniers films, maître de sa mise en scène et du jeu des excellents acteurs avec lesquels il s'est entouré (Robert Duvall, Michael Gambon, Annette Bening, etc.). Malgré quelques longueurs ('Open Range' fait tout de même près de 2 h 20, avec, finalement, assez peu d'action durant tout le film), 'Open Range' est un bien bel hommage rendu aux grands classiques du genre, quelque part entre le 'Rio Bravo' d'Howard Hawks, le 'Unforgiven' de Clint Eastwood et l'incontournable 'High Noon' de Fred Zinnemann.

La musique de 'Open Range' est signée du regretté Michael Kamen, qui nous livre l'un des derniers scores qu'il a eu le temps d'achever avant de mourir tragiquement dès suite d'une sclérose en plaque. En ce sens, le score est particulièrement émouvant puisqu'il nous permet d'entendre le grand compositeur dans ses dernières créations (avec 'Against The Ropes' et 'Back To Gaya', partition inachevée mais heureusement complétée par ses orchestrateurs). Si 'Open Range' n'est certainement pas le testament musical poignant auquel on pourrait s'attendre, il n'en demeure pas une partition de qualité, sombre, lyrique et émouvante, tout à fait représentative de l'âme du film de Kevin Costner. Michael Kamen expose le thème principal du score au cours d'une introduction lyrique et émouvante ('Open Range'), le thème décrivant la beauté des paysages de l'Ouest sauvage et la vie paisible des éleveurs itinérants. Le thème principal d'Open Range est tout à fait représentatif de la veine mélodique du compositeur, dans un style majestueux et quasi aérien qui n'est pas sans rappeler certaines mélodies de 'Robin Hood', 'Don Juan DeMarco' ou 'Mr.Holland's Opus'. Cordes et cuivres amples développent ce thème avec des orchestrations étoffées et un véritable souci dans le raffinement de l'écriture orchestrale, un truc cher au compositeur. Le thème de 'Open Range' pourrait presque déjà évoquer les deux héros du film et leur quête de paix intérieure. On notera, pour finir, l'utilisation stéréotypée d'une guitare qui évoque les plaines de l'Ouest américain.

Le ton général ne tarde pas à s'obscurcire dans 'Card Game' avec ses cordes graves et sa guitare solitaire, annonçant le côté sombre du score pour la séquence du jeu de cartes au début du film, pendant l'orage. Kamen réutilise son superbe thème principal dans l'excellent et majestueux 'Wagon Wheel' qui décrit le voyage vers la ville. Des cordes majestueuses s'unissent ici à des cuivres et des vents plus aériens pour décrire une fois encore l'immensité et la beauté des paysages américains, le thème éclairant immédiatement ces séquences d'une lumière particulièrement 'brillante', typique du style mélodique souvent raffiné et lyrique de certaines partitions symphoniques de Michael Kamen. Malgré un début assez marquant, le score finit par se relâcher quelque peu du point de vue de l'intérêt, tombant dans un style plus atmosphérique vers le milieu du film, et forcément plus ennuyeux par rapport au début, ce qui est relativement dommage étant donné les grandes qualités du score. Ceci étant dit, on a droit à quelques moments plus mémorables tels que le sombre 'Ride To Town' qui développe le thème sous une forme plus dramatique et ample, lorsque Boss et Charley arrivent en ville pour libérer Moses. C'est la qualité de l'écriture et des orchestrations qui priment ici, apportant une bonne dose d'énergie et d'émotion au film de Costner.

'Decade' est très représentatif de la partie plus sombre du score avec des cordes plus moroses et parfois tendues, annonçant les futurs ennuis pour les deux héros, comme dans le menaçant 'Spooks On The Hill' (des hommes du shérif viennent épier les deux héros en haut d'une colline) ainsi que le sombre 'Laudanum Dream' (cauchemar de Charley chez Sue), sans oublier un passage plus mélancolique comme 'Wounded Button' (évoquant les blessures du jeune Button) et sa guitare solitaire. Kamen exprime à merveille les tourments des deux héros, et plus particulièrement de Charley. Se profile alors à l'horizon un second thème plus intime et quasi romantique, que Kamen va développer sous la forme d'un 'Love Theme' décrivant la romance entre Charley et Sue. C'est justement dans 'Charley and Sue' que Kamen développe cette ambiance intime plus chaleureuse et commence à asseoir son second thème qui apporte un nouveau souffle lyrique à la partition, contrastant avec la noirceur du milieu du score. Au moment du départ, Boss convainc alors Charley qu'il doit aller parler à Sue dans un 'Boss Convinces Charley' plus léger, débouchant sur le romantique 'On The Porch' (discussion entre Sue et Charley qui commence à lui avouer ses sentiments) où se développe le très beau thème romantique raffiné - évidemment, on est loin ici des Love Theme gnan-gnan d'un Randy Edelman ou d'un Marc Shaiman!

La confrontation finale débute alors dans l'agité 'Cat And Mouse', cordes et cuivres s'unissant avec les percussions pour retranscrire la violence des ces affrontements, tout comme dans 'Baxter Taunts Charley' avec ses cordes tourmentées, le tendu 'Face Off' avec ses timbales martelées et le brutal 'Gunfight' pour l'impitoyable fusillade finale, plus typique du style action de Michael Kamen. 'Aftermath' est quand à lui plus dramatique, décrivant à travers ses cordes plaintives un certain sentiment de désolation après les affrontements. Finalement, le thème romantique revient dans 'Charley Rides Off' et 'Proposal' pour la déclaration d'amour entre Charley et Sue, aboutissant à 'Teapot' serein nous proposant une très belle reprise du thème romantique dans un duo violon/violoncelle digne du grand compositeur. 'Open Range' aura donc ainsi oscillé entre lyrisme, émotion et noirceur, la musique retranscrivant à l'écran toutes les différentes ambiances et émotions du film, tout en s'attardant - comme le film lui-même- sur les sentiments et l'état d'esprit des personnages principaux, d'où un certain lyrisme paisible dans le score d'Open Range. Avec deux thèmes sympathiques et mémorables, 'Open Range' a de quoi faire une partition finale de qualité pour le regretté compositeur du mythique 'Robin Hood'. On regrettera juste le manque d'originalité d'un score somme toute très conventionnelle et pas forcément inoubliable. On pourra aussi regretter le côté ennuyeux et plat de certains passages atmosphériques au milieu du film, qui ne peuvent rivaliser avec les qualités de certaines pièce plus intimes et lyriques du score. Michael Kamen ne nous a peut-être pas quitté avec sa meilleure BO, mais il n'aurait certainement pas à rougir de cette sympathique partition symphonique s'il était encore en vie. Un score recommandé!


---Quentin Billard