1-Opening Title-'O! For
A Muse Of Fire' 3.34
2-Henry V Theme-
The Boar's Head 2.46
3-The Three Traitors 2.03
4-'Now, Lords, For France!' 2.40
5-The Death of Falstaff 1.54
6-'Once More Unto
The Breach' 3.45
7-The Threat To The Governor
of Harfleur-Katherine Of France-
The March To Calais 5.51
8-The Death Of Bardolph 2.22
9-'Upon The King' 4.50
10-St Crispin's Day-The Battle
of Agincourt 14.13
11-'The Day Is Yours' 2.34
12-'Non Nobis, Domine' 4.09*
13-The Wooing of Katherine 2.24
14-'Let This Acceptance Take' 2.50
15-End Title 2.35

*Patrick Doyle (baryton),
The Stephen Hill Singers
Dirigé par Stephen Hill
et The members of the Renaissance
Theatre Company.

Musique  composée par:

Patrick Doyle

Editeur:

EMI CDC 7 49919 2

Album produit par:
Simon Woods (EMI),
Patrick Doyle,
Lawrence Ashmore

Associés musicaux:
Air-Edel Associates Ltd.

Artwork and pictures (c) 1989 Renaissance Films. All rights reserved.

Note: ***1/2
HENRY V
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Patrick Doyle
Après son premier film, 'Twelfth Nigh, Or What You Will' (1988), Kenneth Branagh renouait avec la littérature de William Shakespeare pour une adaptation cinématographique très réussie de 'Henry V', inspiré de l'histoire du roi anglais Henry V en pleine guerre de 100 ans (1337-1453), lors de la célèbre bataille française d'Azincourt de 1415, qui se conclu sur une terrible défaite française, alors que ces derniers avaient pourtant une armée bien plus importante (50000 hommes contre 15000 soldats anglais). C'est le grand Derek Jacobi qui nous présente la pièce à laquelle nous allons insister, Branagh ayant ainsi eu l'idée de rendre hommage aux fameux 'choeurs' du théâtre de l'Antiquité Grecque où il était fréquent d'entendre des personnages raconter ou décrire ce qui se passait sur scène. Branagh lui-même campe un Henry V haut en couleur, surprenant de par sa haine, sa ténacité et sa détermination à franchir tous les obstacles. L'acteur/réalisateur s'est entouré d'un casting anglais particulièrement brillant, incluant quelques grands noms du cinéma anglais tels que Derek Jacobi, Ian Holm, Christian Bale (un de ses premiers rôles au cinéma après le 'Empire of The Sun' de Spielberg), Emma Thompson (qui était la femme de Branagh à la même époque), etc. L'acteur/réalisateur fait preuve ici d'une certaine maîtrise de la réalisation et du jeu des acteurs, le film retranscrivant à merveille l'oeuvre de Shakespeare dans sa dimension dramatique, sauvage et majestueuse. Evidemment, le film vaut surtout pour une impressionnante séquence de bataille finale sur les terrains d'Azincourt, une véritable séquence d'anthologie dans le cinéma de Kenneth Branagh, filmée sans complaisance avec beaucoup d'habileté. Evidemment, le parti-pris anglais est ici total, les français étant souvent montré comme des lâches sans honneur, tandis que les anglais sont plutôt glorifiés et encensés par leurs valeurs et leur ténacité. Rajoutons à cela une Emma Thompson qui parle elle-même dans un français pur (elle est pourtant anglaise d'origine) mais incapable d'aligner une ou deux phrases correctes en anglais sans avoir l'accent franchouillard limite français moyen, un élément grossièrement caricatural qui prête néanmoins à sourire dans le film (bien que les touches d'humour au cours de l'amusante scène de séduction finale jurent un peu avec le reste du film). Malgré quelques longueurs au début du film (l'intrigue avec le personnage de Falstaff est parfois un peu superflue), 'Henry V' est une superbe adaptation du roman de Shakespeare, dans laquelle Kenneth Branagh nous démontre tout son amour pour la littérature Shakespearienne, qu'il continuera d'explorer par la suite dans 'Much Ado About Nothing', 'Hamlet' et 'Love's Labour's Lost'.

Après sa première partition pour le cinéma écrite pour Branagh ('Twelfth Night, Or What Your Will'), Patrick Doyle retrouve l'acteur/réalisateur pour 'Henry V', pour lequel le compositeur (qui a aussi un petit rôle dans le film) signe là l'un de ses grands classiques, fréquemment utilisé dans la musique de certaines bande-annonces. La musique évoque les sentiments et les tourments d'Henry V, opposé au roi de France Charles VI, à qui il réclame le royaume de France ainsi que la main de sa fille Catherine (Emma Thompson). Fidèle à son style symphonique au classicisme raffiné, Patrick Doyle (qui a même droit à un petit rôle dans le film) nous concocte une partition orchestrale sombre et dramatique épousant les différentes ambiances et sentiments du film. Ainsi, dès la traditionnelle ouverture, Doyle évite les sempiternelles fanfares cuivrée évocatrice de la royauté et préfère souligner le caractère sombre du film avec un premier motif de vents avec cordes sombres (à noter ici ces contrebasses pesantes). Le 'King Henry V Theme' est quand à lui toujours aussi sombre, et parfois même menaçant, écrit par des cordes sombres et agitées qui reflètent l'agitation intérieur d'un roi avide de pouvoir. On sent déjà ici toute la ténacité et la détermination incroyable du roi anglais, la musique évitant ici de surcharger les dialogues du film en se mettant parfois en retrait, quitte à ce que la musique soit moins marquante dans l'esprit de l'auditeur/spectateur.

'The Three Traitors' prolonge cette atmosphère sombre avec des cordes pesantes et un climat plus inquiétant pour la séquence où Henry V démasque les trois traîtres avant de partir pour la France, et c'est finalement le départ tant attendue que nous décrit Doyle dans un sombre 'Now, Lords, For France!' où l'on retrouve cette écriture de cordes sombres évoquant une certaine appréhension avant la bataille, de même que 'The Death of Falstaff' fait quant à lui appel à un travail de cordes plus lyrique et dramatique fleurant bon le classicisme Romantique d'un Strauss ou d'un Mahler. Le thème de 'The Death of Falstaff' apporte une nuance plus dramatique à cette scène où la musique ose enfin se mettre de l'avant d'un point de vue émotionnel et musical. On retrouve le thème de cordes agitées d'Henry V dans 'Once More Unto The Breach!' pour la scène de bataille aux remparts de la ville d'Harfleur en France. Ici aussi, Doyle évite les clichés des cuivres martiaux et privilégie une écriture orchestrale plus sombre et nuancée, faisant appel à tous les registres de l'orchestre, y compris les percussions. Dans 'The Death of Bardolph', on retrouve une fois de plus ces cordes sombres et pesantes évoquant la scène où Bardolph est pendu après avoir pillé une église au cours de la bataille. Comme au début du film, Doyle continue d'évoquer la dureté et la ténacité quasi aveugle d'Henry V, une ténacité à la limite de la cruauté. C'est ainsi que le compositeur apporte une dimension psychologique au film à travers sa musique qui se fait l'écho (discret, peut-être trop discret d'ailleurs?) des sentiments des protagonistes principaux et plus particulièrement d'Henry V.

On notera le sombre 'Upon The King' qui utilise un intrigant motif de 4 notes envoûtantes répété de manière inlassable par des vents et des cordes sombres. La tension se fait ici plus grande mais aussi plus intériorisée, évoquant les doutes et l'appréhension de chacun avant la bataille finale, et plus particulièrement dans la scène où Henry V fait discrètement le tour de ses troupes et s'aperçoit que certains de ses hommes ne sont plus motivés pour partir au combat. On ne pourra qu'apprécier ici l'ambiance morose et envoûtante de 'Upon The King' et son motif insistant. Enfin, la bataille tant attendue est décrite dans le sombre 'St. Crispin's Day-The Battle of Agincourt' tourmenté, utilisant percussions (timbales), cordes graves et cuivres plus agressifs. Auparavant, Henry V a sut motiver ses troupes avant la bataille au cours d'un dialogue mémorable soutenu par un nouveau thème, une sorte de thème solennel et majestueux qui décrit la détermination de tout un chacun à livrer l'ultime bataille à l'ennemi pour obtenir le royaume de France. Ce superbe thème de cordes/cuivres aux proportions quasi patriotiques donne un côté noble et majestueux à ces soldats anglais qui, malgré leur nombre inférieur, sauront livrer avec fierté et honneur une bataille mémorable et triomphante. A noter que c'est ce thème qui a souvent été utilisé dans certaines bande-annonces de film. 'The Day Is Yours' développe le magnifique thème solennel aux cordes et aux cuivres majestueux après la victoire de la bataille qui débouche finalement sur le fameux 'Non Nobis, Domine' qui a contribué à la notoriété de Patrick Doyle dans le milieu de la musique de film. Ecrit pour un choeur d'hommes et accompagné par l'orchestre, 'Non Nobis, Domine' est de loin l'une des plus belles pièces vocales que le compositeur ait put écrire pour un film Shakespearien de Kenneth Branagh, une pièce qui n'a d'ailleurs rien à envier à la partition classique de Sir William Walton pour la version de Lawrence Olivier datant de 1944. A noter que, dans le film, le premier soldat qui chante cet air n'est autre que Patrick Doyle lui-même, la preuve que Kenneth Branagh accordait beaucoup d'importance à la musique de son ami Patrick Doyle.

'Non Nobis, Domine' est un de chant de louage à Dieu que chantent en unisson les soldats après une victoire amère sur les champs de bataille d'Azincourt, le morceau étant construit sous la forme d'un grand crescendo d'émotion qui transcende la scène et affirme un côté plus opératique dans le traitement musical. C'est dans ce genre de moment que l'on apprécie réellement la musique de film dans toute sa grandeur et sa splendeur. Dans 'The Wooing Of Katherine', Doyle calme le jeu pour la séquence où Henry V courtise Catherine. Le classicisme d'écriture romantique de cette pièce apporte une nouvelle dimension émotionnelle plus paisible à ce final léger qui contraste brutalement avec la sauvagerie de la précédente bataille. Le thème solennel revient dans le superbe 'Let This Acceptance Take' évoquant le mariage d'Henry V et Catherine et la paix retrouvée dans le royaume de France. Doyle nous livre là un magnifique final solennel et émouvant, débouchant sur une ultime reprise du 'Non Nobis, Domine' dans le 'End Title' en guise de coda poignante.

'Henry V' est sans aucun doute l'une des partitions majeures et incontournables du compositeur, un premier grand effort qui lui a permit d'acquérir la notoriété suffisante pour pouvoir continuer sa brillante carrière dans le cinéma aboutissant à quelques bijoux du genre tels que 'Much Ado About Nothing', 'Frankenstein' ou 'A Little Princess'. Hélas, la partition aurait de Patrick Doyle pour 'Henry V' aurait put gagner en intérêt si la première demie heure n'avait pas été aussi ennuyeuse, la musique ne décollant véritablement qu'à partir des préparatifs de la bataille. Evidemment, le but du compositeur était de rester en retrait jusqu'à ce final aux proportions plus épiques et guerrières, soulignant la psychologie du personnage principal et de ses différents sentiments l'opposant au roi de France. Il est quand même dommage que l'on soit obligé d'attendre les 20 dernières minutes du score pour entendre le magnifique 'Non Nobis, Domine' ou le somptueux thème solennel. A partir de ce constat, j'ai donc été obligé de réduire la note attribuée à la partition qui aurait certainement reçu un 4/5 si l'ensemble du score avait été entièrement comme le final. En dehors de cet aspect plus décevant (on retrouvera le même dans le score de 'Hamlet'), la partition symphonique de 'Henry V' reste un score de référence pour le compositeur, la preuve que l'on peut encore écrire aujourd'hui de grandes partitions symphoniques raffinées comme Hollywood en connu au temps du Golden Age. Peut-être pas LE chef-d'oeuvre du compositeur, mais sans aucun doute l'une de ses plus belles partitions écrites pour un film de Kenneth Branagh!



---Quentin Billard