1-Eyes of a Child 5.33*
2-Fare Thee Well Love 4.29**
3-Someone To Talk To 4.10***
4-Into The West 3.57+
5-In a Lifetime 2.08++
6-How 'Bout Us 4.51+++
7-Mama's Arms 3.00#
8-Garden of Joy 3.03##

Score de Patrick Doyle

9-The Blue Sea &
The White Horse 3.38
10-He Turned Into Dust 1.19
11-Horse In The Lift 1.59
12-Failed Escape 1.03
13-Higher 1.28
14-Boys Remember Mama 1.31
15-Papa & The Ashes 1.05
16-Memories of Mary 1.09
17-It's The Possie 0.51
18-Let's Go Back 0.42
19-Mary's Grave 2.08
20-The Devil on Their Side 0.54
21-Boy Under Sea 1.53
22-Ossie is Saved 1.33
23-Ossie Lives 1.09
24-Peaceful People 1.01
25-Let Her Go 1.14

*Interprété par Garden of Joy
Composé par Rick Jude,
Gary Jude et Matthew Jude
**Interprété par
The Rankin Family
Composé par Jimmy Rankin
***Interprété par The Devlins
Composé par Colin Devlin
+Interprété par Black 47
Composé par Larry Kirwan
++Interprété par Clannad
Composé par Ciaran Brennan
et Paul Brennan
+++Interprété par Lulu
Composé par Diane Walden
#Interprété et composé par
Joshua Kadison
##Interprété par Garden of Joy
Composé par Rick Jude.

Musique  composée par:

Patrick Doyle

Editeur:

SBK Records
SBK 7-89049-2

Album produit par:
Patrick Doyle
Producteurs de la musique:
Brooks Arthur, Glen Ballard
Superviseur de la musique:
Maggie Rodford
Monteur de la musique:
Roy Pendergast

Artwork and pictures (c) 1992 Little Bird Ltd./Channel Four Films/Miramax Films. All rights reserved.

Note: ***
INTO THE WEST
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Patrick Doyle
Deux ans avant son triomphe pour 'Four Weddings & a Funeral' (Quatre mariages et un enterrement), le réalisateur anglais Mike Newell nous contait dans 'Into The West' (Le cheval venu de la mer) l'histoire de deux jeunes bohémiens s'enfuyant à travers une bonne partie de leur Irlande natale sur le dos d'un mystérieux et magnifique cheval blanc. Après avoir subitement surgit du royaume de la mer, le mystérieux étalon blanc et ramené par le grand-père à ses petit-enfants, qui vont très vite s'attacher à lui, et plus particulièrement au petit Tito (Ruaidhrí Conroy), le plus jeune des deux enfants de Papa Reilly (Gabriel Byrne), un bohémien qui vit seul avec ses deux enfants dans un vieil appartement délabré de Dublin. Depuis la mort de sa femme, Reilly, inconsolable, a cessé de prendre la route avec ses amis bohémiens et noie son chagrin dans l'alcool. Avec l'arrivée de l'étalon blanc, ce sera l'occasion pour lui et ses enfants de se lancer dans une grande aventure. L'inspecteur Bolger (Brendan Gleeson) se charge de récupérer le cheval et de le vendre à un riche homme d'affaire qui organise des courses hippiques et qui compte bien se servir des performances extraordinaires de 'Tir na nOg' (ainsi baptisé par le grand-père selon le nom d'une légende Irlandaise) pour accroître ses profits. De son côté, Bolger se charge de forcer Reilly à signer un acte de vente bidon afin d'officialiser la vente forcée du cheval au riche propriétaire. Mais Tito et Ossie n'ont pas dit leur dernier mot et sont bel et bien décidés à récupérer Tir na nOg et à s'enfuir avec lui. Ensemble, ils volent le cheval et traversent une bonne partie du pays, en direction de l'Ouest, un Ouest imaginaire et fantasmé qu'ils ont tant rêvés après avoir vu des tas de westerns à la télévision. Mais le cheval, bien décidé à ne plus faire demi-tour, va les amener très loin, jusqu'au bord de la mer, là où il est arrivé la première fois.

'Into The West' est une sorte de conte enfantin un peu brouillon, mélangeant divers thèmes comme le western (le film n'en est pas un pour autant), la vie dans la communauté bohémienne, la rédemption d'un père alcoolique qui va tout faire pour retrouver ses enfants, etc. 'Into The West' pourrait s'apparenter à une fable enfantine, mais ce n'est pas véritablement un film enfantin, puisque, derrière cette histoire de cheval et d'enfants se cache la réalité d'une communauté sociale qui vit dans la misère et le rejet. On reconnaît bien là la touche personnelle du scénariste Jim Sheridan, plus connu pour avoir réalisé des films dramatiques aux sujets sociaux très prononcés tels que 'My Left Foot', 'The Field' ou 'In The Name of The Father'. Seulement voilà, l'ensemble paraît un peu confus par moment. On ne sait pas trop où le réalisateur veut en venir, d'autant que la mise en scène est très plate et le film parfois ennuyeux. On appréciera la jolie histoire des deux enfants et du cheval qui cache une sorte de métaphore poétique sur leur mère réincarnée en étalon blanc, mais le film aurait certainement gagné en intérêt si les intrigues secondaires n'avaient pas été aussi prépondérantes et les personnages aussi manichéens: ici, on a les bohémiens gentils à qui tout le monde veut du mal, le flic et le riche d'homme d'affaire méchant et sans coeur, qui ne pense qu'à s'en mettre plein les poches, etc.

La musique de Patrick Doyle épouse à merveille l'univers à la fois fantaisiste et dramatique du film. Après son incursion dans le cinéma français avec 'Indochine' et le court-métrage 'L'échange', Doyle revenait à un style orchestral plus proche de 'Shipwrecked', mais sans le côté épique de ce dernier. Pour le film de Mike Newell, le compositeur écossais a préféré privilégier une approche plus celtique et envoûtante à l'aide d'un très beau thème principal associé à l'étalon blanc. Ce thème principal s'apparente à une mélodie de type populaire irlandaise, confiée à une chanteuse soliste dès le début du film, entouré de cordes, d'une harpe, d'un whistle (flûte irlandaise) et de quelques vents. Le texte de la soliste (Margaret Doyle, la propre soeur du compositeur) est une sorte de poème celtique dédiée au personnage de la mère réincarnée dans le cheval blanc. Dès lors, on comprend mieux le côté émouvant et envoûtant de cette mélodie qui reviendra tout au long du film de manière répétitive et quasi entêtante (dans le bon sens du terme, bien que le thème soit un peu trop présent par moment). Le compositeur confère à son thème principal un côté quelque peu mystique de par l'instrumentation (la harpe, toujours synonyme de magie dans l'imaginaire populaire) et la qualité de la voix éthérée. Il ne fait nul doute que le compositeur a trouvé là le thème parfait pour le score, et par conséquent pour le film lui-même.

Par la suite, Doyle va multiplier les variantes de ce thème, souvent confié aux cordes ou à la harpe. Le compositeur utilise une guitare dans les moments plus intimes (cf. scène où les deux enfants parlent de leur mère ou lorsque Kathleen - Ellen Barkin - parle à Reilly près de la caravane de sa femme, un soir), mais ce sont les cordes qui sont réellement mises en avant ici, surtout lors des quelques passages d'action typiques du compositeur, avec un contrepoint de cordes toujours très classique d'esprit, comme c'est le cas par exemple pour la séquence des chasseurs, illustrées avec des cordes à la Beethoven. Un motif de cordes plus sombres avec une basse de piano pesante et quelques cuivres évoque les poursuivants et la menace qui pèse sur les deux enfants. On regrettera le côté souvent trop court et morcelé de ces quelques passages plus rythmés, qui tentent de rivaliser avec le côté envoûtant et lent du début. On notera aussi quelques touches musicales celtiques comme la présence d'une gigue irlandaise dans la séquence où les deux enfants sont dans le cinéma avec le cheval (chose un peu bizarre: ils regardent ensemble 'Back To The Future III'). Le thème reste très présent, comme une sorte de leitmotiv envoûtant qui semble vouloir chercher quelque chose, à l'image du cheval dans le film. Une fois la révélation passée, on comprend mieux l'idée de l'utilisation de la chanteuse soliste: la voix de Margaret Doyle devient alors dans le film la voix de la mère des deux enfants, qui s'expriment à travers la musique et l'image de l'étalon blanc. C'est une excellente idée qui nous prouve à quel point le compositeur n'est jamais en manque d'inspiration, et ce quelque soit le sujet du film qu'il traite.

Pour finir, on pourra noter la présence de quelques passages plus dramatiques et mélancoliques, pour évoquer l'errance des deux enfants et les poursuivants, Doyle ayant apparemment une certaine affection pour les cordes à qui il offre de beaux moments ici, avec les autres instruments solistes aux sonorités plus celtiques. On regrettera malgré tout le côté très répétitif du thème, un peu trop présent tout au long du film, de même que l'on pourra aussi critiquer le caractère extrêmement morcelé de la musique dans le film, enchaînant des pièces courtes qui ne dépassent jamais les 2 minutes (cela laisse peu de temps pour apprécier chaque morceau à leur juste valeur), en dehors de la très belle ouverture de 'The Blue Sea & The White Horse'. Une fois encore, Patrick Doyle fait preuve ici d'une certaine sensibilité musicale, soutenue par une très grande qualité d'écriture, simple et rafraîchissante. Certes, on est quand même loin ici de l'inspiration de ses grandes partitions symphoniques pour les films de Kenneth Branagh, mais cela reste malgré tout une partition de qualité, sans être forcément le score majeur incontournable de Patrick Doyle!


---Quentin Billard