1-A Far Away Time/Main Title 3.52
2-The Boating Accident 2.15
3-Gillian 3.58
4-The Lighthouse 2.18
5-Fond Hopes...
Distant Memories 2.07
6-Rachel's Dream/
Gillian's Visit 6.18
7-The Decision To
Leave Home 3.11
8-Saying Goodbye/End Title 12.40

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Epic Soundtrax
EK-67886

Album produit par:
James Horner
Musique montée par:
Jim Henrikson

Artwork and pictures (c) 1996 Epic Soundtrax/Sony Music. All rights reserved.

Note: ***
TO GILLIAN ON HER 37TH BIRTHDAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
'To Gillian on Her 37th Birthday' (Par amour pour Gillian) raconte l'histoire poignante d'un homme hanté par le souvenir de sa femme, décédée tragiquement à la suite d'un accident, et qui vit désormais avec le fantôme de sa femme. David Lewis (Peter Gallagher) vit dans une charmante maison au bord de l'île de Nantucket avec sa fille Rachel (Claire Danes) et sa femme Gillian (Michelle Pfeiffer). Au cours d'une virée à bord d'un voilier, Gillian trébuche du haut du mat qu'elle avait escaladée et se tue tragiquement. Inconsolable, David n'arrive pas à oublier Gillian et continue à vivre comme si elle était toujours là. Il continue même de la voir et de lui parler alors qu'elle n'est plus qu'un fantôme, invisible aux yeux de ses proches. C'est là qu'intervient Esther (Kathy Baker) la soeur de Gillian qui, avec la complicité de son mari Paul (Bruce Altman), présente à David son amie Kevin Dollof (Wendy Crewson), qui n'était absolument pas au courant de la combine d'Esther. Evidemment, David se montre très froid avec la pauvre Kevin, complètement mal à l'aise dans cette atmosphère familiale très tendue. David sait qu'Esther a fait cela pour tenter de lui faire oublier Gillian, mais pour lui, aucune autre femme ne pourra remplacer Gillian. Entre David et Esther, la tension ne cesse de monter, alors que David révèle un comportement de plus en plus inquiétant. Pour Esther, il ne peut plus continuer comme cela: son obsession maladive va finir par détruire la vie de sa fille Rachel, qui commence déjà à ressentir les tourments du comportement de son père. Elle menace de faire appel à un juge pour lui retirer la garde de sa fille. David va devoir faire un choix: continuer à parler à sa femme-fantôme, ou se décider enfin à prendre ses responsabilités de père et à continuer à vivre sa vie, en laissant le temps effacer définitivement ses blessures.

Le script de 'To Gillian' part de l'intrigue d'un homme inconsolable, hanté par la mort de sa femme, et dégénère très rapidement en montée de tension et en drame familial. Le scénario est mené tambour battant par l'excellent Peter Gallagher, la toujours aussi ravissante Michelle Pfeiffer (dont les apparitions fantomatiques sont parfois proches du divin) et la mignonnette Claire Danes, dans un de ses premiers rôles majeurs au cinéma (quelque temps après, Baz Luhrmann allait la propulser de l'avant dans 'Romeo + Juliet'). Seule ombre au tableau: la présence d'intrigue et de personnages secondaires totalement inutiles. Le véritable problème du film réside dans le fait qu'avec son intrigue de base, le réalisateur Michael Pressman ne pouvait prétendre à en faire un film de 93 minutes. Il fallait donc trouver de quoi meubler le temps, et c'est ce que le réalisateur a fait en installant les personnages de Kevin et du couple Esther/Paul. Primo, à la première vision du film, on a un peu de peine pour la pauvre Kevin, totalement inutile ici, une sorte de dernière roue du carrosse (ou même la roue de secours pourrait-on dire, non sans ironie) qui sait elle-même depuis le début qu'elle est parfaitement de trop dans cette histoire. Elle n'a rien à dire, elle ne fait rien, si ce n'est parler de temps à autre à deux ou trois personnages. Quant au couple Esther/Paul, ils sont parfaitement irritants, l'une en répétant inlassablement le même refrain moralisateur pendant plus d'une heure (genre, si on caricature, 'tu ne dois pas continuer à agir ainsi, c'est pas bien!'), l'autre en fantasmant sur les formes généreuses de Cindy (Laurie Fortier), la jolie copine de Rachel. A ce sujet, ne manquez pas 'la douche froide' du milieu du film, lorsque Cindy se décide enfin à donner une bonne leçon à Paul. Tout ça est bien sympathique mais totalement dispensable. Amenés de manière maladroite, ces éléments ne sont là que pour alimenter vulgairement le film sans avoir une quelconque importance dans l'intrigue d'origine. Au final, aussi poignant et émouvant que puisse être ce joli drame familial et sentimental, 'To Gillian' n'a rien d'un film indispensable dans sa catégorie, mais mérite au moins un coup d'oeil, ne serait-ce que pour les performances remarquables des acteurs principaux!

Avec un sujet pareil, James Horner pourrait prétendre être dans son élément. Voilà depuis près d'une décennie que le compositeur met en musique des drames en tout genre, et ce n'est pas avec 'To Gillian on Her 37th Birthday' que le compositeur va se mettre à chambouler ses bonnes vieilles habitudes. Le score de 'To Gillian' s'oriente vers les touches électroniques et le style intimiste de l'incontournable 'Field of Dreams', avec un peu de 'The Man Without a Face', de 'House of Cards' et de 'Searching for Bobby Fischer'. Dès l'ouverture du score (et du film), on sait déjà que l'on à faire à un Horner tout à fait conventionnel, voire familier. Quelques cordes et un cor solitaire introduisent avec délicatesse le film, comme Horner le fait souvent, avec un premier thème introductif. Surgit alors le très beau thème principal, confié à l'orchestre dominé par des cordes lyriques, quelques vents et le piano. On nage ici en plein Horner sentimental, avec le genre de thème lyrique et chantant que le compositeur affectionne tant pour ce style de film. Le thème évoque aussi l'amour puissant de David pour Gillian (même au-delà de la mort) et sa relation avec sa fille et son entourage. Avec cette jolie introduction tout en douceur, Horner nous invite à partager une aventure sentimentale à la fois poétique et dramatique.

Horner évoque alors l'accident de Gillian dans 'The Boating Accident' (vers le début du film), réutilisant ses synthétiseurs atmosphériques hérités de 'Field of Dreams', avec un piano léger dont les notes semblent flotter dans l'air, d'où une certaine impression de rêve flou, une ambiance apaisée qui convient à merveille au film de Michael Pressman. En fait, la musique joue beaucoup ici sur la retenue, tout comme dans 'Field of Dreams' (la comparaison devient alors inévitable!). On retrouve une ambiance intimiste similaire dans 'Gillian', lorsque David parle à sa femme fantôme. On pourra peut-être regretter le côté parfois ennuyeux et plat de ces morceaux intimiste qui, à force de trop jouer sur la retenue, finissent par ne plus se faire remarquer ou devenir inintéressant. Toujours est-il qu'Horner installe une ambiance intime/paisible dans le film et qu'il s'y tient jusqu'au bout. Dans 'The Lighthouse', on retrouve ce piano léger synonyme de délicatesse et d'intimité, accompagnant la plupart des scènes de dialogues au cours de la première partie du film. On regrettera une fois encore le manque d'ambition de la musique au cours de ces scènes, qui se fait trop timide, trop discrète.

'Fond Hopes...Distant Memories' développe le thème principal au piano, la musique évoquant ici les souvenirs de Gillian et les tourments de David, mais c'est après la séquence du rêve de Rachel ('Rachel's Dream/Gillian's Visit') que la musique prend une tournure plus orchestrale dans le très beau 'The Decision To Leave Home', lorsque Rachel décide finalement qu'elle doit se séparer quelque temps de son père pour pouvoir se remettre les idées au clair, le temps que David se calme et que cesse son obsession de Gillian. On retrouve ici quelques vents délicats (clarinettes, flûtes, etc.) avec des cordes pour la scène de séparation qui aboutit au poignant 'Saying Goodbye/End Title' récapitulant les deux principaux thèmes du score pour un final orchestral particulièrement émouvant (Horner reprendra quelque temps après un segment de cette pièce dans un morceau de 'Deep Impact'), une très belle conclusion pour une musique intimiste qui joue sur la retenue et développe une atmosphère paisible, légère, mais parfois assez ennuyeuse. Il ne fait nul doute que 'To Gillian on Her 37th Birthday' saura satisfaire les fans des partitions dramatiques/intimistes du compositeur dans la lignée de 'Field of Dreams' ou 'The Spitfire Grill'. Pour les autres, difficile de dire si 'To Gillian' est satisfaisant ou réellement ennuyeux. Toujours est il que le compositeur a une fois de plus pleinement atteint son objectif en délivrant une atmosphère intimiste sereine et poétique, parfaite pour le film!


---Quentin Billard