1-Main Title 6.46
2-Dark's Pandemonium Carnival 4.27
3-The Carousel 4.34
4-Miss Foley in the Mirror 4.51
5-The Boys Buy a Lightening Rod 3.25
6-The Library 6.51
7-Side Show 1.58
8-Discovered 3.45
9-The Spiders 3.24
10-Magic Window 2.15
11-End Titles 2.45

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Intrada Special Collection Vol.95

Album produit par:
James Horner, Simon Rhodes
Producteurs exécutifs de l'album:
Douglass Fake, Roger Feigelson
Monteur musique superviseur:
Jack Wadsworth
Monteur musique film:
Dennis Ricotta
CD séquencé par:
Simon Rhodes

American Federation of Musicians
Edition limitée à 3000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1983 Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
SOMETHING WICKED THIS WAY COMES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Un véritable film d'épouvante produit par Disney? C'est le défi que ce sont lancés les producteurs de la célèbre firme du créateur de la souris aux grandes oreilles, en adaptant à l'écran le roman de Ray Bradbury, aussi auteur du 'Fahrenheit 451' adapté au cinéma par François Truffaut en 1966. Jack Clayton nous propose une vision noire et tourmentée de 'Something Wicked This Way Comes' (La foire des ténèbres) à partir de l'histoire d'une foire/cirque diabolique qui s'installe une nuit dans une petite ville américaine et exauce les voeux les plus secrets de certains habitants qui périssent mystérieusement ou finissent contrôlés par Mr.Dark (Jonathan Pryce), le sombre chef de ce carnaval de l'épouvante. Deux jeunes enfants, Will Halloway (Vidal Peterson) et Jim Nightshade (Shawn Carson) s'intéressent de très près à ce cirque et découvrent à leur tour qu'il renferme de bien sinistres secrets. Mr.Dark recherche alors activement les deux jeunes enfants dont il a besoin pour satisfaire ses desseins diaboliques, mais Charles Halloway (Jason Robards), le père de Will, va s'opposer au sinistre Dark et subir à son tour les pouvoirs diaboliques de cette foire des ténèbres. Personne n'y croyait, et pourtant, Jack Clayton et les producteurs de chez Disney ont relevés le défi en adaptant à l'écran un roman jugé inadaptable, de part le côté surréaliste de l'histoire et de part la noirceur du récit. 'Something Wicked This Way Comes' est une sorte de fable noire sur les désirs secrets qui hantent les hommes, les regrets, les tourments, etc. A travers la figure quasi symbolique de Mr.Dark (une sorte d'allégorie du mal, voire du diable), les habitants de Greentown (le vert, s'opposant au noir de Mr.Dark - encore une allégorie de plus) refont surgir leurs tourments et exaucent leurs désirs inavoués en subissant en contrepartie les pouvoirs maléfiques de Mr.Dark, un peu à l'instar du célèbre 'Faust' de Goethe. 'Something Wicked This Way Comes' pourrait d'ailleurs se voir comme une sorte de variante du thème de Faust, en nettement plus fantaisiste. Il est certain que le film pourra effrayer un public plus jeune, et ce même si pour un film d'horreur, 'Something Wicked This Way Comes' n'est pas si terrible que cela (il y a par exemple très peu de sang, à part une tête coupée montrée brièvement dans un plan du film). On appréciera la qualité de la mise en scène (une ambiance quasi suffocante tout au long du film) et les effets spéciaux un peu kitsch et daté mais qui donnent son charme au film de Jack Clayton. Adaptation réussie du roman de Ray Bradbury, 'Something Wicked This Way Comes' a participé au renouveau du cinéma fantastique au début des années 80. En ce sens, il fait partie de ces petites perles rares qui mériteraient d'être redécouvertes aujourd'hui!

Après le renvoie de Georges Delerue, c'est James Horner qui arriva sur ce projet alors même qu'il n'était pas encore connu. En 1983, Horner avait déjà composé quelques partitions pour des films horrifiques tels que 'Humanoids From The Deep', 'Up From The Depths', 'Wolfen', 'Deadly Blessing', 'The Hand', etc. Horner venait aussi de se faire remarquer un an auparavant avec son incontournable 'Star Trek II : The Wrath of Khan'. 'Something Wicked This Way Comes' est une partition symphonique toute aussi sombre que le film lui-même. La partition s'axe autour d'un thème principal exposé dès le générique de début, un thème tournant autour d'un motif de 4 notes répétées (les mauvaises langues trouveront que ce thème fait un peu penser au thème de l'empire dans 'The Empire Strikes Back' de John Williams), évoquant la foire des ténèbres sur un ton plutôt fantaisiste et aventureux. Dès cette époque, Horner nous prouvait déjà qu'il maîtrisait l'orchestre et ses différentes sonorités instrumentales, agrémentant sa partition d'un choeur féminin utilisé de manière bien terrifiante tout au long du film. A vrai dire, passé l'introduction et la première pièce au ton plutôt pastoral et léger (quelques vents et quelques cordes nous exposent un petit thème lyrique évoquant l'innocence des deux jeunes héros et de la vie paisible à Greentown), la partition s'enfonce très vite dans l'obscurité, le compositeur nous dévoilant alors son goût pour l'atonalité chaotique, une atonalité hérité de ses études avec Gyorgy Ligeti dans sa jeunesse. En fait, certaines pièces atonales rappellent ici des oeuvres telles que le 'Requiem' de Ligeti, ou parfois même les oeuvres de Penderecki ou de Xenakis telles que 'Pithoprakta' ou 'Metastaseis'. On sent qu'ici l'élève se sert des leçons enseignées par le maître, un peu comme il fera dans 'Brainstorm' avec des sonorités parfois similaires.

Très vite, Horner installe un certain malaise à l'écran à travers sa musique. L'orchestre cultive alors les sonorités sombres, les notes dissonantes de cordes, les glissendi, les clusters, etc. On ressent la tension, le suspense, le malaise suggéré par le pandémonium maléfique de Mr.Dark et de sa bande. Le choeur féminin semble quand à lui surgir de l'obscurité et, contrairement à ce que l'on serait tenté de croire, il n'est pas là pour éclairer la musique, bien au contraire. Horner utilise alors les voix féminines de manière inquiétante et parfois terrifiante, sur des glissendi, des jeux sur les quarts de tons, des dissonances, des micro-intervalles, etc. Malgré quelques résurgences tonales à deux ou trois moments, la partition de 'Something Wicked This Way Comes' est nettement dominé par de l'atonalité souvent sinistre et quasi macabre, typique des partitions horrifiques du Horner du début des années 80. En dehors de quelques rares reprises du thème principal (on aurait espéré l'entendre un peu plus souvent tout au long du film) et d'un final plus paisible et lyrique avec la présence d'un harmonica, la partition privilégie cette ambiance macabre qui trouve son apogée au cours de la sombre séquence des araignées, où l'on trouve déjà les prémisses du futur 'Aliens', Horner ayant recours à ces fameux coups d'enclume avec ces sursauts de flûtes stridentes et ces gargouillis de cordes qu'il reprendra quelques années plus tard pour le célèbre film de James Cameron (1986).

La musique se veut parfois plus envoûtante, comme pour suggérer les pouvoirs maléfiques de Mr.Dark. Ainsi, on appréciera l'utilisation des sonorités cristallines dans la séquence des miroirs, suggérant la magie noire et le mystère de la scène. Horner sait manifestement comment manipuler les différentes sonorités instrumentales qui s'offrent à lui afin de retranscrire chaque ambiance, chaque émotion de la scène. Parfois, on regrette que le compositeur ait aujourd'hui délaissé ce style de musique horrifique dans laquelle il brillait au tout début de sa carrière, et où il savait se montrer fantaisiste malgré quelques pêchés de jeunesse et quelques lourdeurs de style dû à un manque d'expérience. Injustement restée inédite, cette sympathique partition d'horreur/suspense/terreur de James Horner mériterait vraiment d'être redécouverte. Pour cela, il faudrait d'abord qu'un éditeur se décide enfin à ressortir l'intégralité de cette musique!


---Quentin Billard