La logique hollywoodienne veut que lorsqu'un film a cartonné au box-office, on produise une suite qui tente de renouer avec le succès du premier opus. Pour cela, pas la peine de longtemps se creuser les méninges: on prend les mêmes, et on recommence! Dans 'Free Willy 2', réalisé par le spécialiste des thrillers/films d'action Dwight H.Little ('Rapide Fire', 'Murder at 1600', 'Marked For Death', etc.), le jeune Jesse (Jason James Richter) est de retour, avec ses parents adoptifs Glen (Michael Madsen) et Annie (Jayne Atkinson), son ami indien Randolph (August Schellenberg), et bien entendu Willy, l'orque avec qui Jesse a lié une très belle amitié au cours du premier épisode, lorsqu'il l'a aidé à s'échapper du parc d'attraction. Deux nouveautés ici: Jesse a un demi frère de 8 ans, Elvis (Francis Capra). Jesse a aussi une nouvelle petite-amie, Nadine (Mary Kate Schellhardt), qui se trouve être la filleule de Randolph. Cette fois-ci, la menace vient d'un gigantesque pétrolier qui s'est échoué en pleine mer et libère du pétrole dans l'océan. Willy a retrouvé sa famille ainsi que sa soeur Luna et son jeune frère 'petit Iceberg'. Mais le pétrole qui s'est échappé du navire menace la côte et a déjà touché Luna, qui s'est échoué au bord de la plage. Avec l'aide de ses amis et de Kate (Elizabeth Peña), une vétérinaire amie de Randolph, Jesse va tout faire pour tenter de la nettoyer et de la sauver. Mais comme d'habitude, le cynisme humain vient s'en mêler alors que Wilcox (M.Emmeth Walsh) négocie avec le patron de la firme pétrolière l'achat des orques en prétextant qu'ils doivent être emmenés pour être soignés. Le petit Elvis surprend par hasard une discussion à ce sujet dans un bar et court prévenir Jesse et ses amis, qui vont tout faire pour les en empêcher et ramener Willy et ses proches à ses parents. Pour cela, ils vont devoir s'aventurer près de la nappe de pétrole qui menace à tout moment de s'enflammer et d'exploser sous l'effet des vapeurs du navire.

'Free Willy 2' reprend le concept du premier opus, mais sans vraiment réussir à nous convaincre pleinement. Le problème vient surtout du fait que le scénario manque cruellement d'émotion et affiche une série de clichés fades et insipides. Pire encore, le film finit comme une sorte de gros film d'action/catastrophe un peu gros pour la séquence où Jesse, Elvis et Nadine sont piégés en plein milieu du feu qui s'étend à perte de vue sur l'eau. Les orques ont été réalisés en animatronics très convaincants, bien que l'on regrettera l'absence de Keiko, la véritable vedette du premier opus récemment décédée d'une pneumonie près de la Norvège. Le réalisateur Dwight H.Little avait des éléments émotionnels et sa disposition et en a totalement fait l'impasse. Ici, exit le développement de la relation entre Jesse et ses nouveaux parents adoptifs. Et que dire d'un personnage secondaire inintéressant comme celui d'Elizabeth Peña qui campe une vétérinaire qui, après avoir soigné Luna, n'a plus comme rôle que d'applaudir comme une potiche lorsque Jesse et ses amis réalisent leurs exploits avec les orques. Ici, Jesse est un adolescent qui s'intéresse désormais aux filles (il se vante même d'être devenu un expert - lol), et sa relation avec Nadine est à peine effleurée dans le fille, juste histoire de mettre une pointe de bons sentiments dans le film. Quant à l'histoire du pétrolier échoué, ce sujet est lui aussi à peine effleuré alors qu'il s'agit pourtant d'un fait grave particulièrement d'actualité. Evidemment, les méchants sont ici les responsables de la compagnie pétrolière, qui, malgré leur envie première de sauver les orques, ne peuvent s'empêcher de trouver le moyen de magouiller pour racheter les orques et se faire de l'argent sur le dos en profitant de la situation. Avec son florilège de stéréotypes, de bons sentiments naïfs et de messages écolos repiqués d'un premier épisode largement supérieur, 'Free Willy 2' se laisse regarder malgré la déception évidente d'une suite qui mise tout sur l'action au profit de l'émotion. Voilà ce qu'il se passe lorsque l'on tente de faire une suite hollywoodienne bien commerciale à un excellent film!

Basil Poledouris est de retour avec un score orchestral très proche de son travail sur 'Free Willy'. La partition orchestrale de 'Free Willy 2' est sensiblement similaire à celle du premier opus. En ce sens, si vous vous attendez ici à du nouveau (genre la partition de 'Conan The Destroyer' du même Poledouris par rapport au premier 'Conan The Barbarian'), vous risquez fort d'être déçus. On retrouve ainsi la même utilisation des rythmiques électroniques qui viennent agrémenter l'orchestre d'un certain dynamisme, de même que l'on retrouve aussi les deux incontournables thèmes de 'Free Willy', le très beau thème principal et le thème de l'amitié. Heureusement, Poledouris nous gratifie de quelques nouveaux thèmes dont un nouveau thème principal plutôt majestueux, exposé noblement dès le 'Main Titles' après une très brève touche d'électronique new-age qui nous replonge dans le bain (jeu de mot). Des cuivres majestueux annoncent le thème avant que ce dernier soit développé par les traditionnelles cordes amples et majestueuses que le compositeur affectionne tant. Ce nouveau thème évoque bien évidemment Willy et sa famille, Poledouris évoquant la majestuosité et la noblesse de ces animaux qui vivent dans les océans.

Le second thème est confié à une guitare héritée des passages intimistes du premier score. Ce thème de guitare pourrait ainsi faire office de 'Love Theme' pour la relation entre Jesse et Nadine. On pourra regretter le fait que le thème soit finalement peu mémorable et assez peu utilisé tout au long du film, mais l'une de ses plus belles apparitions coïncident néanmoins avec la jolie séquence où Jesse va voir Willy sur la plage avec Nadine. On retrouve ici le climat paisible et détendue du premier score du film, avec une certaine fraîcheur typique de l'univers musical des deux 'Free Willy'. Comme évoqué précédemment, les synthétiseurs sont utilisés ici aussi pour ajouter une touche d'énergie au score tout en accentuant les rythmiques pour les passages plus énergiques et enthousiasmants. Seule ombre au tableau: malgré la présence de nouveaux thèmes, on a du mal à entendre quelque chose de bien neuf par rapport au premier épisode, d'autant que le thème de l'amitié (toujours joué dans le film par Jesse avec son harmonica pour faire venir Willy) revient très rapidement et se retrouve développé d'une façon tout à fait similaire (à ce sujet, on pourrait ainsi noter l'excellent 'Whale Swim' avec une des plus belles reprises du thème de l'amitié dans le score de 'Free Willy 2').

On pourra malgré trouver ici un autre nouveau motif, un peu plus passe-partout, utilisé pour évoquer le mystérieux collier de Jesse en forme d'orque. Poledouris évoque ici les mythes indiens qui tournent autour de ce collier censé renfermer les esprits des orques. Evidemment, comme le film de Dwight H.Little est nettement plus orienté vers l'action, le score de Poledouris va devoir suivre une piste similaire, pas forcément désagréable, mais pas forcément non plus très originale. Ainsi, toute la partie du sauvetage de Willy et, plus tard, de celui de Jesse et de ses amis prisonniers des flammes est accompagnée avec de larges morceaux d'action mettant en avant toutes les couleurs orchestrales typiques du compositeur, sans oublier ses traditionnelles rythmiques électroniques qui rappellent parfois ici des scores tels que 'Robocop 3' ou 'Hunt For The Red October'. Au final, 'Reunion' vient conclure le film en beauté pour la séparation entre Jesse et Willy qui retourne voir sa famille, avant que la partition ne se termine sur une ultime reprise du nouveau thème principal.

Un autre problème assez ennuyeux ici provient de l'album en lui-même, qui, comme pour 'Free Willy', omet de très nombreuses parties du score de Basil Poledouris. A vrai dire, il y a ici encore moins de score que dans l'album du premier opus, la majorité du CD de 'Free Willy 2' étant consacré aux chansons, ce qui prouve bien la démarche purement commerciale des producteurs de ce second épisode, décidément bien fade et décevant. Le score de Poledouris se maintient sans réussir à égaler forcément son travail pour le premier opus de 1993. Si vous avez aimé le score de 'Free Willy', vous adorerez sans aucun doute celui de 'Free Willy 2'. Reste qu'il est difficile d'apprécier ce score à sa juste valeur sur l'album, étant donné le peu de morceaux consacrés à la partition originale du compositeur - il faut dire que l'album fait surtout une grosse pub à Michael 'King of Pop' Jackson et sa chanson 'Childhood', qui tente de renouer à son tour avec le succès de 'Will You Be There' pour le premier épisode. Toujours aussi entraînante, fraîche, agréable et mouvementée, cette nouvelle partition pour la deuxième aventure de Jesse et de son ami Willy a de quoi réjouir les fans des deux films mais risquera fort de décevoir les puristes qui se seraient attendus à quelque chose d'un peu moins redondant par rapport au premier épisode, et ce même si le compositeur a fait un réel effort pour apporter un peu de nouveauté à sa musique (ce n'est pas suffisant, hélas). Au final, un score sympa mais guère original de la part de Poledouris!


---Quentin Billard