1-Main Title 3.13
2-Don't Waste Our Money 2.02
3-Arriving In The Desert 2.59
4-Morning Of The Race 2.56
5-The Race Begins 2.00
6-The Second Half 2.26
7-Sandstorm 1.57
8-Frank Pushes On 1.57
9-Katib 2.20
10-Montage 6.56
11-The Trap 3.22
12-The Last Push 3.11
13-The Final Three 5.17
14-Let 'Er Buck 4.55

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Hollywood Records
HR 2061-62419-2

Album produit par:
James Newton Howard
Co-produit par:
Jim Weidman, James T.Hill
Monteur superviseur de la musique:
Jim Weidman

Artwork and pictures (c) 2003 Touchstone Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
HIDALGO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Après les dinosaures d'une ère abolie ('Jurassic Park III'), Joe Johnston s'attaque désormais aux chevaux et plus particulièrement à un mustang d'origine espagnol dans 'Hidalgo', nouvelle grosse production hollywoodienne du réalisateur de 'Jumanji' et 'The Rocketeer'. L'histoire se déroule dans les années 1890. Frank T.Hopkins (Viggo Mortensen), cow-boy messager du Poney Express, travaille dans le 'Buffalo Bill's Wild West Show', un show qui organise régulièrement des spectacles évoquant les épopées des cow-boys et des soldats américains contre les indiens. Hopkins est hanté par les souvenirs du massacre des indiens de la colonie de Wounded Knee. Lorsqu'il voit la façon dont les indiens sont caricaturés et malmenés dans le show, il ne peut qu'être encore plus profondément choqué et tourmenté par ses propres souvenirs (il a lui-même des origines indiennes de par sa mère, une indienne Lakota). Hidalgo, son fidèle cheval, l'accompagne partout dans ses shows. Il prétend qu'il est le cheval le plus compétitif au monde. Surgit alors Aziz (Adam Alexi-Malle), un envoyé du Cheikh arabe Riyadh (Omar Sharif) qui se dit insulté par le fait qu'Hopkins prétende que le bâtard qu'il chevauche est le plus compétitif de tous. Le Cheikh possède dans son écurie personnelle un pur sang arabe invaincu et resté champion N°1 jusqu'à ce jour. Chaque année depuis plusieurs siècles est organisé l'Océan de Feu, une célèbre course de plus de 5000 kilomètres à travers le désert arabe. C'est ainsi que, de manière exceptionnelle, le Cheikh va inviter pour la première fois dans l'histoire de l'Océan de Feu un étranger à participer à cette course. Chevauchant son fidèle Hidalgo, Hopkins va tenter de remporter la victoire avec, au bout de la course, une importante somme d'argent à la clé. Pour le Cheikh, se sera ainsi l'occasion de prouver au cow-boy que son cheval est le meilleur au monde. Seulement voilà, Hopkins va devoir affronter de nombreux dangers et franchir les obstacles de tout ceux qui veulent l'empêcher de finir la course, et plus particulièrement une séduisante lady anglaise nommée Anne Davenport (Louise Lombard), qui n'a qu'une chose en tête: que sa jument franchise la ligne d'arrivée.

Avec 'Hidalgo', Joe Johnston fait un énième retour aux sources avec un nouveau film d'aventure qui fleure bon les grands films épiques hollywoodiens des années 50/60. En ce sens, 'Hidalgo' recycle toutes les formules du genre et assume à 100% un long spectacle de près de 2 heures 10 (c'est un peu long pour un sujet pareil). Le problème vient surtout de l'avalanche de clichés qui écrase le film, sans oublier la controverse qui entoure l'histoire d'Hidalgo et bien d'autres choses encore. Tout d'abord, le film prétend s'être inspiré des récits de la vie du vrai Frank T.Hopkins, qui aurait ainsi vécu à la fin du 19ème siècle tout en étant considéré comme un des plus grands cavaliers américains de cette époque. Seulement voilà, il semblerait bien que cette histoire ne soit jamais arrivé. Selon les Historiens, il n'y a jamais eu de course d'Océan de Feu, et encore moins dans le désert arabe. D'autre part, il semblerait aussi que les Historiens aient quelque peu relativisés les propos d'Hopkins tout en considérant le fait qu'il aurait peut-être volontairement exagéré voire carrément inventé cette histoire pour s'assurer une réputation de héros dans l'avenir. A ce sujet, les producteurs de chez Disney ont répondus le plus simplement du monde: pour eux, peu importe si l'aspect historique est totalement faux ou exagéré, seul compte le résultat du film au box-office. On pourra déjà reprocher ici cette attitude plutôt malhonnête et commerciale des producteurs du film.

Deuxième ombre au tableau: les stéréotypes sur les arabes. Dans 'Hidalgo', les musulmans sont montrés comme des fanatiques qui ne vivent qu'au nom d'Allah (combien de fois entend-on ce nom répété dans le film?), qui passent la majeure partie du film à traiter l'américain d'infidèle et d'impur (cela ne vous rappelle t'il pas quelque chose?), tout en maniant le cimeterre, en chassant à l'aigle, etc. Ici, les arabes sont un véritable ramassis de clichés vieux comme le monde: grands, barbus, fiers, fanatiques, guerriers, etc. Ils semblent carrément tout droit sortis du Moyen-âge. C'est ce qui est à l'origine de la polémique du film et de certaines critiques qui ont accusés 'Hidalgo' d'être clairement raciste et islamophobe dans sa façon de montrer et de décrédibiliser le peuple arabe. Etant donné l'actualité, il est clair qu'il s'agit là d'une très mauvaise faute de goût de la part des concepteurs du film. Ceci étant dit, on pourra plus considérer cela comme un pastiche un peu nunuche et éhonté de la culture arabe et islamique que du racisme à proprement parler. Rien de bien méchant en somme, même s'il est certain que les musulmans ou les personnes d'origine arabe risquent fort de s'en prendre un coup en regardant le film de Joe Johnston. Evidemment, comme d'habitude, le héros est un gentil cow-boy au coeur tendre et courageux, qui cache un souvenir tragique (le début du film rappelle étrangement le récent 'The Last Samurai' d'Edward Zwick) et qui joue aussi bien de la gâchette qu'il sait chevaucher sa monture. Comme par hasard, le Cheikh se passionne pour la culture américaine et les hommes du far-west (cf. discussion brève sur Wyatt Earp et OK Corral) et la quasi totalité des arabes dans le film savent tous étonnamment parler anglais. Bon, là évidemment, on chipote un peu, après tout, il ne s'agit que d'un film spectaculaire uniquement destiné à divertir. Reste qu'il est assez difficile de passer à côté de ces stéréotypes parfois un peu douteux. Quand au sujet du film - une immense course de chevaux à travers tout le désert arabe - il n'est qu'un prétexte à une longue suite ininterrompue de poursuites, de bagarres ('Hidalgo' est un peu violent pour un film censé être un gros film familial produit par Disney), de romance et d'exploits héroïques. Une sorte de cocktail d'aventure épique à l'ancienne sympa mais un peu longuet, écrasé par une tonne de clichés qui frôlent parfois le mauvais goût!

Le score de 'Hidalgo' a été confié à James Newton Howard, qui nous revient en pleine forme juste après 'Peter Pan'. La musique du film de Joe Johnston (habitué à collaborer d'habitude avec James Horner) possède le lot habituel d'héroïsme, de musiques d'action tonitruantes, de cuivres héroïques, etc. Fans des partitions d'aventure épique, 'Hidalgo' devrait certainement vous satisfaire. C'est aussi l'occasion pour le compositeur de revenir dans un style épique qu'il n'avait guère traité ces derniers temps depuis 'Waterworld' ou 'The Postman'. Ne vous attendez pas ici à un score particulièrement original: on retrouve toutes les formules orchestrales habituelles du compositeur, dans un style symphonique qui rappelle parfois la musique des grandes productions d'aventure du Golden Age Hollywoodien. Si vous n'appréciez pas les synthétiseurs ou les rythmiques modernes, 'Hidalgo' devrait vous plaire car il s'agit d'un score 100% orchestral qui joue à fond la carte de l'aventure épique sur fond d'orchestre massif. Discrète et légèrement nostalgique dans un premier temps, l'ouverture met en place les premières couleurs orchestrales du score avec, dans un premier temps, une mystérieuse flûte solitaire aux accents indiens, suivie des cordes paisibles et quelques vents, puis, très vite, James Newton Howard nous offre à entendre sa première chevauchée héroïque avec ses cuivres guerriers lors de la scène où Hopkins course un autre cheval concurrent au début du film. Aucun doute possible, on se retrouve ici dans le style épique des 'Waterworld', 'Atlantis', 'Dinosaur,' 'The Postman' et bien d'autres encore!

Comme annoncé précédemment, James Newton Howard a insufflé au film de Joe Johnston un ton épique de bonne facture, comme il sait si bien le faire. Son but premier était avant tout d'évoquer la noblesse, la force et la détermination d'Hidalgo (et par la même occasion celle d'Hopkins). C'est pour cette raison que l'excellent thème principal du score est associé au cheval du héros, dans un style épique qui rappelle beaucoup par moment le thème du non moins excellent 'Wyatt Earp' du même James Newton Howard. Ce thème (souvent confié à des cordes amples et des cuivres majestueux), bien distillé tout au long du film, accompagnera avec force et énergie cette grande aventure, même s'il est assez dommage qu'il ne soit pas plus présent vers le milieu du film. 'Arriving In The Desert' permet au compositeur de nous donner à entendre ses premières touches orientales - ou plutôt ses clichés orientaux - qu'il va utiliser dans sa partition pour évoquer cette longue et périlleuse traversée dans le désert arabe. 'Arriving In The Desert' évoque l'arrivée d'Hopkins et Hidalgo dans le désert pour les préparatifs de la course. C'est l'occasion pour le compositeur de nous dévoiler un nouveau thème aux accents arabisants avec cordes, vents, petites percussions et flûte ethnique. James Newton Howard nous invite ainsi à voyager dans cet immense désert arabe qui n'est pas sans rappeler les paysages d'un 'Lawrence of Arabia' ou d'un 'The Wind & The Lion'. 'Morning Of The Race' accompagne la scène du matin de la course, avec ses tambours orientaux (proche des darboukas), sa flûte ethnique, sa guitare arabe et le reste de l'orchestre, toujours dominé par les cordes. On sent ici que les choses s'activent, que l'agitation est plus intense. On appréciera ici l'utilisation des rythmiques orientales qui installent le spectateur dans l'ambiance arabisante du film, et c'est enfin le grand départ de la course dans 'The Race Begins', avec ses percussions martiales, ses cuivres héroïques et ses cordes majestueuses (avec une nouvelle reprise du thème du désert). Le reste du score va être une longue suite de morceaux d'action/aventure épiques et de moments plus intimes qui viennent calmer le jeu. Le thème d'Hidalgo, repris de manière plus douce aux vents dans 'The Second Half' n'est qu'un prétexte aux préparatifs de ce qui va arriver par la suite et qui sera bien plus excitant: 'Sandstorm'. Amateurs des grands déchaînements orchestraux, 'Sandstorm' (scène de la spectaculaire et immense tempête de sable) devrait vous ravir malgré sa courte durée (à peine 2 minutes!), et ce n'est qu'un commencement!

Dans 'Frank Pushes On', James Newton Howard développe les sonorités arabisantes avec les tambours orientaux, ces sons typiques de cornemuse orientale, la guitare, le duduk (instrument arménien fréquemment utilisé depuis 'Maximum Risk' de Robert Folk, 'Ronin' d'Elia Cmiral, 'The Russia House' de Jerry Goldsmith et surtout 'Gladiator' de Hans Zimmer) et les cordes, évocatrices des mille dangers du désert arabe. Passé un 'Katib' à caractère toujours aussi oriental, c'est l'excellent 'Monage' qui attire notre attention. C'est lors d'une énième scène de traversée du désert que James Newton Howard utilise la voix soliste du chanteur arabe Hovig Krikorian, accompagnés d'une dizaine d'instruments ethniques pour renforcer cette couleur arabe. 'Montage' évoque d'une certaine manière la grandeur du désert arabe et la difficulté de survie dans des conditions aussi difficiles. 'Montage' est sans aucun doute l'un des meilleurs instruments du score de 'Hidalgo', et celui qui se rapproche le plus de la musique traditionnelle arabe malgré la présence de l'orchestre symphonique traditionnelle pour le mélange des cultures orientales/occidentales (et malgré le côté toujours très stéréotypé de ces sonorités arabisantes), le tout enveloppé de ce style méditatif typique de la musique traditionnelle du Moyen-Orient, qui colle à merveille à cette séquence de traversée du désert sur fond de coucher de soleil. A noter que l'album omet de manière assez honteuse l'excellente musique d'action massive et épique qui accompagne la séquence où Hopkins part délivrer Jazira prisonnière des griffes d'un traître. Le morceau aurait dû se trouver entre 'Montage' et 'The Trap'. On se consolera en se rattrapant sur un autre bon morceau d'action cuivré, excitant et guerrier comme 'The Trap' pour la séquence où Hopkins échappe au piège et affronte Katib (Silas Carson).

'The Last Push', plus sombre, crée une ambiance inquiétante pour évoquer les difficultés d'Hopkins et Hidalgo, qui sont tout deux totalement épuisés et sur le point d'abandonner. La musique renforce bien à ce moment là ce sentiment de désolation, où le héros se retrouvent à bout de force, écrasé par la chaleur du désert. Finalement, 'The Final Three' accompagne de façon toujours aussi énergique, héroïque et épique le final de la course avec une dernière reprise de l'excellent thème d'Hidalgo, pour un final triomphant et captivant débouchant sur le non moins excellent 'Let 'Er Buck' et son ultime reprise du thème d'Hidalgo en guise de brillante conclusion de cette grande aventure. Vous l'aurez donc compris, le nouveau score orchestral de James Newton Howard pour 'Hidalgo' s'affiche dans la lignée directe de ses précédentes partitions d'aventure épique à la 'The Postman', avec les sonorités orientales en plus. Excellent mélange entre morceaux d'action tonitruants et pièces arabisantes du plus bel effet bien collant à merveille à l'ambiance du film, le score d'Hidalgo devrait ravir une fois encore les nombreux fans de James Newton Howard qui, même s'il ne signe pas là un chef-d'oeuvre, pourra au moins nous satisfaire et nous divertir le temps de sa prochaine partition très attendue pour 'The Village', le nouveau film événement de Shyamalan.


---Quentin Billard