1-Introduction/
I Love To See You Smile 3.27*
2-Kevin's Graduation 2.39
3-Helen and Julie 0.58
4-Kevin's Party (Cowboy Gil) 3.24
5-Gary's In Trouble 2.52
6-Father and Son 2.32
7-Drag Race/Todd and Julie 2.31
8-Kevin Comes Through 1.33
9-Karen and Gil/Montage 4.51
10-End Title
(I Love You To See Smile) 3.39*

*Interprété par Randy Newman.

Musique  composée par:

Randy Newman

Editeur:

Reprise Records
926 001-2

Produit par:
Lenny Waronker,
Randy Newman

Film Music Consultant:
Becky Mancuso
Monteur de la musique:
Dan Carlin, Sr.

Artwork and pictures (c) 1989 Reprise Records/WEA International, Inc/Universal City Studios, Inc. All rights reserved.

Note: ***
PARENTHOOD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Randy Newman
Peu de temps après 'Willow', Ron Howard décidait de changer radicalement de sujet et de style pour son film suivant, 'Parenthood' ('Portrait craché d'une famille modèle' en V.F.). Le film raconte l'histoire de la famille Buckman et de leurs amis, avec leur lot de bonheurs et de tracas quotidiens. Pour se faire, le réalisateur a décidé d'axer le film autour de trois groupes de cette immense famille: il y a tout d'abord le couple Gil (Steve Martin) et Karen (Mary Steenburgen), parents de trois enfants qui se préoccupent plus particulièrement de l'un d'entre eux, qui angoisse beaucoup et manque de confiance en soi. Avec son travail, Gil a déjà du mal à joindre les deux bouts, mais le jour où Karen lui apprend qu'elle attend un quatrième enfant, Gil est sur le point de craquer. Avec tous les efforts qu'il fait pour son fils en sacrifiant son travail, Gil veut tout faire pour nous pas ressembler à Frank (Jason Robards), son propre père qui a toujours été froid et trop distant avec lui. Mais c'est plus fort que lui: l'annonce d'un quatrième enfant le terrifie pratiquement. De son côté, son père Frank doit s'occuper de Larry (Tom Hulce), l'un de ses plus jeunes fils qui est revenu à la maison après plus de 3 ans d'absence et qui vient demander une aide financière à son père pour payer ses dettes de jeu.

En parallèle de ce couple, on assiste à l'histoire d'Helen Buckman (Dianne Wiest), la soeur de Gil qui vit seule avec sa fille et son fils depuis que son divorce qui l'a beaucoup affecté. Pour ne rien arranger, elle doit meubler entre son fils Garry (Joaquin Phonix, crédité 'Leaf Phoenix' dans le film) et sa fille Julie (Martha Plimpton). Garry est un adolescent perturbé, rebelle et méprisant qui n'adresse plus la parole à sa mère depuis le départ de son père, et qui passe la majeure partie de son temps dehors. Julie vit quant à elle une aventure avec Todd Hawkes (Keanu Reeves), un jeune combinard qui vit de courses de voiture et que Julie a épousé en secret il y a quelques temps. Helen ne voit pas d'un très bon oeil la relation de sa fille avec ce jeune homme douteux et a peur que sa fille finisse le coeur brisé comme elle. Pour finir, le film s'intéresse aussi au couple Nathan Merrick (Rick Moranis)/Susan Buckman (Harley Jane Kozak), qui se trouve être la deuxième soeur de Gil Buckman. Nathan élève sa petite fille en mettant en pratique une théorie assez originale: il faut stimuler le plus tôt possible le génie et l'intelligence de l'enfant sans jamais le traiter comme tel, ce qui n'est pas pour déplaire à sa femme Susan qui trouve que leur fille n'a pas le comportement normale d'une enfant de son âge.

'Parenthood' nous brosse ainsi le portrait de plusieurs situations familiales à l'intérieur d'une même et grande famille. Filmé de manière très réaliste, le film passe d'un portrait à un autre avec un fil conducteur toujours parfaitement cohérent et bien entretenu. Evidemment, le film s'axe ici autour d'interprètes brillants qui savent apporter une très grande vitalité et une profondeur psychologique à chacun de leurs personnages. Le casting, brillant, réuni ainsi des pointures telles que Steve Martin, Dianne Wiest, Mary Steenburgen, Jason Robards, Rick Moranis, Tom Hulce, Martha Plimpton, Keanu Reeves, Harley Jane Kozak, Joaquin Phoenix (personnellement, j'ai été incapable de le reconnaître dans ce film! Il a décidément beaucoup changé depuis...), etc. Le script de Lowell Ganz et Babaloo Mandel évoque les hauts et les bas des familles américaines typiques, dont la vie se résume simplement à une succession de bonheurs et de tourments (un peu comme le cycle Kondratiev dans le domaine de la Bourse et de l'économie). A ce sujet, c'est sans aucun doute la phrase-clé de la vieille grand-mère (Helen Shaw) vers le milieu du film qui apporte un éclaircissement judicieux à cette histoire, lorsqu'elle parle avec malice des montagnes russes (brillante métaphore pour décrire la vie en général). On retiendra ici quelques dialogues mémorables, comme l'altercation entre Helen et sa fille Julie vers le début du film, qui, à propos du fait qu'elle critique sa liaison avec Tod, balance une vanne à sa mère du genre 'pour une fois qu'il y a quelqu'un qui s'envoie en l'air ici avec quelque chose qui ne fonctionne pas avec des piles!'. Steve Martin reste quand à lui égal à lui-même, toujours aussi brillant lorsqu'il s'agit de se livrer à des pitreries du genre se déguiser en cow-boy avec des pistolets à eau pour l'anniversaire de son fils ou se livrer à une danse un peu folle et bizarre après la victoire de son fils au match de base-ball à la fin du film. Parfois touchant, parfois dur et parfois très drôle (cf. l'hilarante scène du vibromasseur au début du film), 'Parenthood' est une excellente comédie de moeurs qui nous brosse un portrait complexe et brillant de la famille américaine.

Après avoir fait appel à deux reprises à James Horner sur 'Cocoon' (1985) et 'Willow' (1988), Ron Howard s'est finalement tourné vers Randy Newman pour 'Parenthood', pour lequel le compositeur n'a pas écrit de beaucoup de musique puisqu'il nous livre un score orchestral n'excédant pas les 30 minutes (sur 124 minutes de film tout de même!). Le score de 'Parenthood' est tout à fait typique du style comédie de Randy Newman, un mix entre des morceaux intimiste d'une grande douceur et des passages plus amusants où Newman nous livre quelques touches d'humour qui collent à merveille à l'ambiance du film. La musique orchestrale de Newman apporte son lot d'intimité au film, qui passe d'une émotion à une autre au même titre que les hauts et le bas que traversent la famille Buckman. Après une brève introduction, Newman nous dévoile sa traditionnelle chanson-phare, l'entraînant et joyeux 'I Love To See You Smile', sorte de petite ballade blues américaine typique du compositeur qui incite à sourire et à voir la vie du bon côté. Le film a beau être une comédie de moeurs réaliste, Newman n'en demeure pas moins fidèle à son style comédie souvent humoristique et parfois très second degrés. Ainsi, dans le triomphant 'Kevin's Graduation' (qui évoque l'un des rêves de Gil qui s'imagine son fils futur diplômé à la sortie de l'université), Newman met en avant des harmonies claires avec des cuivres amples et solennels, avec un ton très 'americana' et forcément un peu pastiché. Newman va même plus loin dans les délires puisqu'il s'amuse aussi à pasticher une musique de western à la Ennio Morricone dans 'Kevin's Party (Cowboy Gil)', avec son lot de cuivres 'à la mariachi' mexicains et ses percussions qui suggèrent un rythme de chevauchée et de musique de cow-boy. La pièce illustre avec humour la séquence où Gil s'amène déguisé en cow-boy pour l'anniversaire de son fils Kevin, qui a servi de prétexte à Newman pour nous délivrer une nouvelle pièce orchestrale typiquement américaine, dans un style cow-boy/Far-West totalement stéréotypé et forcément amusant dans le film.

'Helen & Julie' est plus intimiste d'esprit, Randy Newman mettant alors en avant une très jolie écriture de cordes et de vents dans un style toujours très serein et agréable. Rien qui nous donne envie de sauter au plafond de par son originalité, mais la musique fonctionnant tout de même très bien dans le film, malgré le peu de place accordé à la musique de Newman dans le film. 'Gary's In Trouble' assombrit l'ambiance dans un style légèrement plus dramatique et mélancolique pour évoquer les tourments de l'adolescent rebelle incarné par un très jeune Joaquin Phoenix. On retrouve le même genre d'ambiance dans l'agité 'Drag Race' pour la séquence où Todd participe à une dangereuse course dragsters avant de crasher lamentablement sa voiture au départ de la course. On remarquera ici l'importance accordée aux cordes dans un style plus rythmé et dramatique, évoquant le danger pour Todd, ce qui permet ainsi au compositeur d'utiliser le thème principal de son score pour 'Parenthood'. Le thème principal, qui n'a rien de franchement mémorable, est souvent utilisé afin d'évoquer la relation entre les différents personnages de cette grande famille, que ce soit dans le bonheur ou dans le malheur. Très sobre, la musique de Newman présente une certaine économie de moyens qui fonctionne sur la retenue, une retenue chère au compositeur qui a l'habitude d'écrire ce genre de musiques orchestrales intimes et simples pour des comédies.

Utilisée avec parcimonie tout au long du film, la musique de Randy Newman n'intervient que dans les moments clés du score où la musique se propose d'apporter un complément émotionnel nécessaire en fonctionne de chacune de ces séquences. C'est dans 'Karen & Gil/Montage' que Ron Howard a décidé de mettre finalement en avant la musique de Newman au cours d'un final sans dialogue et bruitages, où seule la musique de Newman résonne par dessus les images d'un happy-end un peu trop conventionnel pour le sujet mais néanmoins très charmant (la famille se réunit au complet à l'occasion de la naissance du nouvel enfant d'Helen), permettant ainsi au compositeur de reprendre une dernière fois son joli mais banal thème principal au piano avec cordes et vents. Dans la tradition des précédentes musiques de comédie de Randy Newman, 'Parenthood' est une BO sympathique et agréable bien qu'un peu courte et sans une once d'originalité. On appréciera ici les quelques touches d'humour typiques du compositeur, qui est toujours aussi à l'aise lorsqu'il s'agit de créer un climat intimiste sobre et charmant dans une comédie de ce genre.


---Quentin Billard