1-Main Titles 1.29
2-Goodbyes 1.25
3-Abduction 3.10
4-Plan Of Seduction 8.12
5-Cat In Heaven 0.53
6-Inconvenient Call 5.29
7-The Mood For Love 5.23
8-He Will Kill 4.40
9-Hotel Visitors/Screw Up 4.23
10-Like Mother Like Daughter 1.23
11-Paralysis 4.22
12-Does He Know?/Dust 2.14
13-It's Showtime 8.16
14-Temporary Reunion 3.18
15-Bad Game 2.18
16-Crazy Rescue 7.19

Musique  composée par:

John Ottman

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6411

Score produit par:
John Ottman
Producteur exécutif
pour Varèse Sarabande:
Robert Townson
Préparation de la musique:
Stephen Perkins
Monteur de la musique:
Sharon Smith
Assistant montage:
Shie Rozow

Artwork and pictures (c) 2002 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ***
TRAPPED
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman
'Trapped' (Mauvais Piège) aborde une fois de plus le thème du kidnapping d'enfant à la façon d'un 'Ransom' ou d'un 'Don't Say a Word', dans la plus pure tradition du genre. La nouveauté du film de Luis Mandoki, c'est de montrer un couple de ravisseurs pour une fois motivés par autre chose que l'argent. Tout commence le plus simplement du monde. Karen Jennings (Charlize Theron) vit paisiblement avec son mari William (Stuart Townsend) -un célèbre docteur à la réputation bien établie- et sa fille de 8 ans, Abigail (Dakota Fanning). Pourtant, rien ne pouvait préparer les Jennings à affronter cette terrible épreuve: un jour où tout semblait aller pour le mieux, un individu nommé Joe Hickey (Kevin Bacon) kidnappe Abigail avec l'aide de son complice Marvin (Pruitt Taylor Vince) et de Cherly (Courtney Love), la femme de Joe. Ce dernier en est déjà à son cinquième kidnapping et n'a encore jamais échoué, pour la raison suivante: il a toujours sut établir avec les personnes qu'il kidnappe une sorte d'équilibre de la terreur, instaurant la peur afin d'inciter les parents à ne rien tenter pour sauver leurs enfants. C'est pour cela que Marvin emmène Abigail loin d'ici, Cherly isole William dans une chambre d'hôtel et Joe isole Karen dans sa propre demeure. Toutes les demi heures, chacun doit se téléphoner pour savoir si tout va bien. Si l'un d'entre eux n'appelle pas à l'heure prévu, la petite fille est morte. Ce que Joe ignore, c'est que la petite Abigail est sujette à des crises d'asthme fréquentes. Sans ses médicaments, elle peut en mourir. A partir de ce postulat simple et effrayant, la tension ne va cesser de monter, jusqu'à ce que la peur change finalement de camp et se retourne contre les ravisseurs. L'autre chose que Joe ignore encore, c'est que Karen est une femme courageuse et déterminée, qui va tout faire pour tenter de sauver sa fille.

Si vous aimez les thrillers sombres et captivants, qui maintiennent en haleine jusqu'à la dernière minute, 'Trapped' devrait vous plaire. L'ambiance rappelle une fois de plus celle du 'Ransom' de Ron Howard, sauf que cette fois-ci, les ravisseurs sont présents avec les parents de l'enfant kidnappé. 'Trapped' illustre bien la psychologie des différents personnages face à la peur et ce que cette dernière peut nous amener à faire ou à accomplir, cette peut qui peut transformer un être ou l'anéantir complètement. C'est grâce à ce climat de peur que Luis Mandoki installe le plus simplement du monde une véritable montée de tension qui ne va cesser d'aller crescendo jusqu'à un final banal et très hollywoodien. Ici, les ravisseurs sont motivés par une sombre histoire de vengeance, ce qui nous change un peu des traditionnelles 'je veux que vous déposiez une valise de plusieurs millions de dollars' (et ce même si Joe demande quand même une rançon, sans être sa priorité), etc. C'est pour cette raison que Karen va très vite découvrir que Joe connaît William de l'hôpital, et que ce dernier a un rapport avec le kidnapping (pour le reste, à vous de le découvrir en regardant le film). Avec un Kevin Bacon toujours en pleine forme dans le rôle du salaud basique et une Charlize Theron toujours aussi ravissante et pleine de charme, 'Trapped' est un bon thriller captivant qui bascule malheureusement dans une demi heure bâclée, peu crédible et typiquement hollywoodienne.

John Ottman est décidément enfermé dans l'univers des thrillers, lui qui a pourtant toujours voulu écrire la musique d'un film romantique. Sa nouvelle partition orchestrale pour 'Trapped' ne pourra que ravir les fans du compositeur et tout ceux qui souhaiteraient entendre à nouveau le John Ottman sombre de 'Usual Suspects', 'Urban Legends: The Final Cut' ou 'Apt Pupil'. Le compositeur a choisit de restreindre sa thématique au strict minimum (un motif principal lié à la famille Jennings et un motif pour le ravisseur), que Ottman semble avoir (peut-être) repris du 'Main Titles' de 'Jennifer 8' de Christopher Young (une influence des temp-tracks du film?). Il ne serait d'ailleurs point surprenant que le compositeur ait pensé à Young (cf. motif de cordes de 'Plan of Seduction', à 4 minutes 55, similaire au même motif dans le 'Main Titles' de 'Jennifer 8'), étant donné sa passion pour la musique de film. De plus, quand on pense aux musiques de thrillers, on pense très souvent à Christopher Young (cf. thème aux cordes aiguës dans 'Plan of Seduction'). On commence de manière très atmosphérique dans l'introduction du film avec 'Main Titles', le générique de début mettant en avant l'idée du compte à rebours à travers les images de montres et d'horloges. Quelques cordes sombres, un piano envoûtant, quelques flûtes et un peu de synthé suffisent au compositeur pour suggérer une ambiance inquiétante et mystérieuse sans trop dévoiler encore le contenu du film. Ceci étant dit, 'Trapped' a aussi permit au compositeur de renouer avec un style psychologique qu'il affectionne et que l'on retrouvait déjà dans le sinistre 'Apt Pupil'. Selon les dires du compositeur, le thème du 'Main Titles' aurait été modelé en fonction du personnage de Joe Hickey, le ravisseur interprété par Kevin Bacon. Cette idée d'attribuer un motif principal au méchant du film est intéressante dans le sens où elle apporte une certaine profondeur psychologique ambiguë à la musique du film de Luis Mandoki. A noter qu'une fois encore, John Ottman a dû faire face à pas mal de soucis dans l'élaboration de ce score, étant donné le fait qu'il n'a eu que 4 semaines pour écrire plus de 80 minutes de musique, sans oublier des restrictions budgétaires qui l'ont obligés à réduire la partie orchestrale et à interpréter le reste de sa musique sur des synthétiseurs. Enfin, pour finir, la production a aussi demandé à Ottman d'écrire à la dernière minute quelques musiques supplémentaires et de la source music pour le film. Malgré tout, en tant que grand professionnel de la musique de film, John Ottman a su brillamment relever le défi et s'est en tiré à bon compte, une fois de plus.

Les choses se corsent avec le sombre 'Abduction' pour la séquence de l'enlèvement. Alors que tout se passe pour le mieux chez les Jennings, et que chacun vaque à ses occupations, Ottman en profite pour nous dévoiler intégralement son motif principal, entendu ici avec piano, cordes et quelques vents. On est même surpris par le côté vaguement mélancolique de ce thème, symbolisant pourtant une famille unie et paisible. Peut-être est-ce un moyen détourné du compositeur pour suggérer que quelque chose de grave va survenir très prochainement? Effectivement, les ennuis ne tardent pas à surgir au cours d'un terrifiant sursaut orchestral qui vient rompre brutalement le climat calme du début de la pièce - pour la scène où Marvin et Joe enlèvent Abigail. On connaît le goût prononcé de John Ottman pour des orchestrations fantaisistes (cf. 'Portrait of Terror', sa musique rejetée pour 'Halloween H20'), et c'est ce que l'on retrouve dans 'Abduction', au cours de ce sursaut de terreur accompagné par des trompettes folles qui semblent hurler de manière frénétiques et psychotiques. Voilà une idée originale qui nous prouve à quel point John Ottman a décidément atteint une certaine maturité d'écriture au cours de ces dernières années. A noter aussi l'utilisation des traditionnels synthétiseurs, qui apportent une touche d'énergie considérable au score, tout en accentuant la noirceur de cette sinistre partition thriller.

Si 'Abduction' ne suggérait que le début des ennuis avec l'instauration du climat de peur typique de ce score et du film de Luis Mandoki, 'Plan of Seduction' bascule foncièrement dans le suspense et la tension lorsque le ravisseur et sa complice imposent leurs règles à Karen et William. 'Plan of Seduction', dont les premières minutes rappellent une fois encore inévitablement Christopher Young, fait progressivement monter la tension jusqu'à ce que la musique suggère un véritable climat horrifique avec le lot habituel de clusters, de glissendi, de gargouillis de cordes, de jeu sur les quarts de tons, etc. L'action pointe même le bout de son nez avec un excellent contrepoint entre des cordes frénétiques, des cuivres agressifs et quelques rythmiques électroniques pour mieux véhiculer la tension et ce sentiment de peur psychologique (l'aspect majeur du score de 'Trapped'). On retrouve une ambiance similaire dans le tendu 'Inconvenient Call', qui donne l'impression d'être sans cesse sur le point d'exploser (c'est dire à quel point Ottman sait parfaitement faire monter la tension dans sa musique et dans le film). On notera d'ailleurs ici l'emploi assez recherché des différentes sonorités/percussions électroniques, parfaitement incorporées aux parties orchestrales. La tension se prolonge dans l'atmosphérique 'The Mood For Love' pour l'illustration des rapports psychologiques tendus entre Karen et Joe, de même que 'He Will Kill' suggère la menace du ravisseur lorsque Karen comprend qu'il n'a pas l'intention de libérer sa fille et qu'il compte bien la tuer.

Ottman n'est jamais aussi inspiré que lorsqu'il s'agit d'évoquer des ambiances sinistres et macabres comme dans 'Like Mother Like Daughter', qui rappelle une fois encore l'épée de Damoclès qui pend au dessus de la tête de la petite Abigail, Ottman en profitant pour illustrer non seulement la menace des ravisseurs mais aussi les tentatives désespérées de Karen pour retrouver sa fille. Dans un même ordre d'idée, du côté de William Jennings, 'Paralysis' prolonge cette ambiance quasi cauchemardesque et suffocante pour la séquence où William paralyse temporairement Cheryl en lui injectant une drogue paralysante très efficace. Le compositeur nous rappelle à l'occasion son goût pour les ambiances atonales traditionnelles et les effets de cordes héritées du langage des compositeurs du milieu des années 50 (Xenakis, Lutoslawski, Penderecki, etc.). La tension est quasiment palpable à l'écran, et ce même si l'ensemble n'a quand même rien de particulièrement original en soi (on a déjà entendu Ottman écrire ce genre de musique dans 'Apt Pupil', 'Usual Suspects', 'Urban Legends', 'Portrait of Terror', etc.). Finalement, les 15 dernières minutes illustrant le sauvetage d'Abigail sur l'autoroute débutent avec le tendu 'It's Showtime', aboutissant à 'Crazy Rescue' (à noter ici un bref élan d'héroïsme introductif pour la scène où William atterrit sur l'autoroute avec l'hydravion pour sauver sa fille), mélange d'action et de suspense pour la confrontation finale, musique d'une efficacité redoutable à l'écran (et qui se conclut avec une jolie reprise du thème familial à la 'Jennifer 8').

Au final, sans être un grand chef-d'oeuvre impérissable du compositeur, 'Trapped' prouve à quel point John Ottman a de la suite dans les idées et qu'il sait suggérer le suspense et la peur à l'instar de musiciens tels que Christopher Young ou Bernard Herrmann en son temps. On regrettera ici le côté très répétitif et monotone de la musique. Effectivement, les morceaux se suivent et se ressemblent tous, un peu comme dans un labyrinthe qui donne l'impression de tourner en rond. D'un autre côté, cet effet est aussi très utile au compositeur qui peut mieux représenter l'isolement du couple Jennings et la gravité de leur situation. La partie psychologique, pleinement assumée par le compositeur, aurait peut-être gagné en intérêt si les motifs avaient été plus présents et mieux représentées au lieu d'être noyés dans le suspense et la tension du score. Néanmoins, la musique apporte son indispensable lot de suspense et de tension au film, John Ottman participant activement à l'ambiance de peur du film, preuve que la musique est plus que jamais l'atout majeur de tous bons thrillers qui se respectent! A défaut d'être hautement mémorable, le score de 'Trapped' possède au moins l'avantage de rappeler à quel point John Ottman fait décidément partie de cette nouvelle génération de musiciens talentueux, qui ne demandent qu'à s'épanouir dans leur art.


---Quentin Billard