Disc 1

1-The Core 3.00
2-Resurrection in Descent 6.04
3-In Drucke Ick Moet Sterven 5.14
4-Origami Lava 7.10
5-A Terror Toccata 3.04
6-Tactile Shifts 5.56
7-Project Destiny 5.39
8-Moved to the Core 2.08
9-Virgil T. 3.37
10-Mantle Passage 4.35
11-Cor Cordium 4.52

Disc 2

1-Liberte 3.23
2-Diamonds Are Forever 3.17
3-Saknusemm 7.16
4-Intered Servants 4.24
5-Mundus Subterraneous 4.25
6-No Left Turns 5.07
7-Unobtanium 6.26
8-Clouds Imagined 4.44
9-Stellar Phrenology 4.12
10-The Terranaut March 5.42

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 187

CD produit par:
Douglass Fake,
Christopher Young

Coordinateurs du score:
Konstantinos Christides,
Dave Giuli, Derrick Lefebvre,
Jasper Randall

Monteur de la musique:
Thomas Milano
Assistant montage:
Tanya Noel Hill
Assistant de Christopher Young:
Samantha Barker

Artwork and pictures (c) 2003 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
THE CORE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Une fois encore, dans 'The Core' (Fusion), nouveau film catastrophe hollywoodien signé Jon Amiel, notre monde est sur le point de toucher à sa fin. Lorsque l'armée américaine fait appel à l'éminent professeur de géologie Josh Keyes (Aaron Eckhart) et à son ami/collègue français Serge Leveque (Tchéky Karyo) pour donner leur diagnostic sur la mort soudaine et énigmatique de 32 personnes de Boston, c'est le début d'une longue et terrifiante épopée pour sauver la planète. A la suite de quelques recherches, Josh Keyes est le premier à découvrir l'horreur de la situation: il semblerait bien que, pour une raison encore inconnue, la rotation du noyau terrestre ait été stoppée, entraînant de graves conséquences sur le plan climatique et météorologique, déréglant rapidement le chant électromagnétique qui entoure la terre. C'est le début de l'Apocalypse sur terre: à San Francisco, des rayons solaires vaporisent une bonne partie du Golden Gate Bridge; au Trafalgar Square de Londres, des milliers de pigeons provoquent la panique en plein centre-ville en s'effondrant raide-morts, victimes d'un mal mystérieux; à Rome, un orage d'une violence inouïe s'abat sur le Colisée et le réduit en bouillie, etc. Afin de contrer cette terrible menace, le gouvernement américain organise la plus gigantesque et dangereuse des opérations jamais tentées dans ce monde: lancer dans les profondeurs de la terre une capsule dirigée par une équipe de scientifiques, leur but étant d'atteindre le noyau de la terre afin de déclencher une série d'explosions nucléaires qui permettront de réactiver le noyau et de sauver le monde de son agonie. Josh Keyes se retrouve embarqué dans l'aventure, avec une équipe de scientifiques réputés et un duo de spationautes aux commandes, la Major Rebecca Childs (Hilary Swank) et le Commandant Robert Iverson (Bruce Greenwood), tout deux chargés de piloter le gigantesque appareil construit par le Dr. Ed Brazzleton (Delroy Lindo), qui fait lui aussi partie de l'aventure.

Le sujet n'est pas neuf, puisque Jules Verne est déjà passé par là avec son célèbre roman 'Voyage au centre de la Terre', dont le film de Jon Amiel s'inspire massivement. Il faut dire que ce genre d'aventure fantastique a toujours passionné Hollywood, surtout si l'on considère le nombre de téléfilms/films qui ont abordés ce sujet selon diverses variantes. On pourrait ainsi citer pêle-mêle 'Journey To The Center of The Earth' (1959), 'Crack In The World' (1965), 'At The Earth's Core' (1976) sans oublier 'Deep Core' (2000), film au sujet totalement similaire que l'équipe de 'The Core' semble avoir complètement repompé ici. Qu'importe, 'The Core' est bien plus massif, bien plus excitant et bien plus divertissant, car derrière son énième scénario catastrophe qui sent le déjà-vu à plein nez, 'The Core' reste une bonne surprise, une grosse production captivante, bien rythmée, avec son lot de scènes d'action, d'effets spéciaux massifs à souhait (les séquences souterraines ou dans la lave sont à la limite du délire visuel), sans oublier les traditionnels héros, qui vont même parfois à se sacrifient pour le bien de l'humanité. Le film se rapproche par moment du 'Armageddon' de Michael Bay dans la manière dont le réalisateur montre le monde au bord de l'Apocalypse. Dans 'The Core', on a ainsi droit à la destruction de villes européennes, un peu comme dans 'Armageddon' avec la fameuse séquence où une météorite détruisait Paris. Ici, c'est Rome qui y passe, et bien entendu, Paris n'y coupe pas. Une fois encore, on ne pourra que regretter la façon dont les américains s'entêtent à tomber dans la caricature ridicule lorsqu'il s'agit d'évoquer des étrangers, et plus particulièrement les européens. Ici, les italiens sont habillés bien à la mode, mangent des glaces et se la coulent douce en se baladant près du Colisée Romain. Quant aux français, ce sont les éternels roublards qui boivent un coup aux bistrots sur fond de Tour Eiffel. On a même droit à un plan un peu ridicule montrant un pays arabe avec les gros stéréotypes du désert et du bédouin avec son chameau.

Malgré tout, le seul personnage français du film incarné par Tchéky Karyo n'est pour une fois pas montré sous un angle négatif. Point d'arrogance ou de prétention ici, puisque le docteur Serge Leveque est un homme solide et déterminé qui n'hésitera pas à se sacrifier noblement pour la bonne cause. Pour une fois que les américains ne se moquent pas des français (cf. le Mérovingien dans 'The Matrix Reloaded' des frères Wachowski), ça change un peu! D'un point de vue technique, le film est particulièrement impressionnant. Il faut dire que la production du film a sut s'entourer des meilleurs artisans des effets spéciaux, puisqu'elle a carrément fait appel à des infographistes européens venus de France, d'Italie et d'Angleterre, pour un résultat final extrêmement spectaculaire. Si l'on passe outre le fait que le film tombe assez souvent dans la caricature et aligne les clichés hollywoodiens de manière extrêmement routinière, on se laisse malgré tout convaincre par ce film grâce à son rythme soutenu (toutes les scènes d'action s'enchaînent très vite assez peu de temps morts) et une qualité technique quasi irréprochable (attention à la pluie d'effets spéciaux!). Quant à l'intrigue de l'arrêt du noyau de la Terre et du dérèglement du champ magnétique terrestre, il semblerait bien qu'elle se fonde sur une crainte réelle de certains scientifiques qui pensent qu'un tel événement pourrait effectivement entraîner de véritables catastrophes sur la planète. Voilà de quoi frémir, tout en se délectant du sympathique spectacle épique que nous propose Jon Amiel et son équipe.

Après 'Copycat', 'The Man Who Knew Too Little' et 'Entrapment', Jon Amiel a offert la possibilité à son complice Christopher Young de faire dans le gigantisme orchestral. Avec 'The Core', Young repousse ses propres limites et signe une énorme partition symphonique/chorale d'une intensité épique rarement atteinte chez lui. Bien que le score de 'The Core' n'ait cependant rien de révolutionnaire en soi, il reste frappant de par la puissance orchestrale intense qui s'en dégage. Si 'Hard Rain' montrait déjà un Christopher Young sous un angle plus massif et moins 'suspense', 'The Core' confirme le goût du compositeur pour les grosses musiques d'action typiquement hollywoodiennes. 'The Core', c'est de l'action non-stop du début jusqu'à la fin, avec quelques montées de tension évoquant le début de la fin du monde, et plus particulièrement au cours de la sombre ouverture ('The Core' - CD 1) qui nous introduit brièvement à l'excellent thème principal accompagné par des cuivres massifs et une impressionnante chorale. La deuxième partie de la pièce attire notre attention de par l'utilisation d'un son de montre qui évoque astucieusement le temps qui passe et le compte à rebours vers la catastrophe qui menace la planète. La tension se fait ici parfaitement ressentir, Young mettant l'accent sur les cuivres graves (trombones, cors, etc.) et un rythme soutenu sous forme d'un ostinato quasi martial. On retrouve ici les harmonies typiques du compositeur et son goût pour les atmosphères sombres et tendues. En l'espace de 4 minutes en apparence anodines, Young en dit déjà long sur la partition, même si l'action n'a pas encore pointé le bout de son nez. En tout cas, l'effet à l'écran ne tarde pas à se faire ressentir: la musique suggère la menace à venir et plonge le spectateur dans un certain sentiment de danger.

Une aventure aussi gigantesque ne serait rien sans quelques élans d'héroïsme épique. C'est le cas du superbe 'Liberté', qui accompagne avec détermination et puissance la séquence de la construction du 'Virgil', la machine qui permettra à l'équipe de scientifiques d'atteindre le coeur de la planète. Avec son ostinato martial et ses cuivres quasi solennels, 'Liberty' n'est pas sans rappeler par moment le style épique du 'Independence Day' de David Arnold. Young évoque ici la mobilisation de l'humanité qui se met en marche pour sauver sa planète (d'où l'utilisation du choeur). Avec une idée aussi grandiose, on ne pouvait s'attendre qu'à un traitement musical non moins grandiose. 'Liberté', c'est 3 minutes 22 de musique héroïque épique comme on en avait rarement entendu chez le compositeur. C'est ainsi que l' aventure commence en beauté dans le mouvementé 'Resurrection In Descent' (comme toujours, Young s'est particulièrement amusé avec le titre de ses pistes - cf. 'Saknusemm', qui fait un petit clin d'oeil au nom d'un personnage du fameux 'Journey To The Center of The Earth'), qui accompagne avec force la scène où la capsule plonge dans les entrailles de la terre et entame son périple. On remarquera la manière dont le compositeur s'amuse à développer son thème principal, qui accompagne ainsi les grandes scènes d'action/aventure du film. On retrouve aussi les rythmiques habituelles du compositeur avec son fameux 'clic' orchestral que l'on entend régulièrement dans ses partitions. Les choeurs sont ici utilisés afin d'exprimer l'immensité du coeur de la planète et les milles dangers qui guettent les héros. Dès l'or, le premier gros morceau d'action massif de cet excellent album promo commence avec une minutie dans les orchestrations qui nous rappelle à quel point Christopher Young est plus que jamais au sommet de son art. On notera aussi l'impressionnante montée de tension quasi Apocalyptique du choeur entamée dès la quatrième minute de la pièce, et qui évoque les premières difficultés que rencontrent les héros au cours de leur traversée de la croûte terrestre, débouchant sur une reprise surpuissante du thème principal.

'Origami Lava' nous permet de retrouver une atmosphère d'action similaire avec un nouveau déchaînement orchestral massif assez terrifiant, évoquant une fois encore les dangers que doivent affronter l'équipe du Virgil, avec une fin plutôt poignante pour évoquer la mort de l'un des membres de l'équipage. De terreur, il est justement question dans le bien nommé 'A Terror Toccata' qui accompagne l'impressionnante destruction du Colisée Romain. Comme toujours, Young sait magnifiquement faire monter la tension pour aboutir à un nouveau déchaînement orchestral massif à souhait, où le compositeur donne ici du fil à retordre aux instrumentistes (cf. les parties de cordes survoltées dès 1 minutes 11), tandis que les choeurs évoquent le ton Apocalyptique de cette spectaculaire séquence de destruction, sur fond de percussions martiales enragées (dans le même genre, vous pourrez aussi découvrir le terrifiant déchaînement orchestral à la limite de la folie dans 'Project Destiny' pour la destruction du Golden Gate Bridge). 'Tactile Shifts' illustre quant à lui la séquence de l'atterrissage en catastrophe de la navette spatiale vers le début du film, avec les tics rythmiques typiques du compositeur. On notera l'utilisation d'un petit motif d'une dizaine de notes que le compositeur utilise régulièrement dans certains morceaux d'action du score pour évoquer le danger, sans oublier l'utilisation survoltée d'un piano électrique qui vient apporter une petite touche d'énergie supplémentaire à l'impressionnante masse sonore de l'excitant 'Tactile Shifts' (sans aucun doute l'un des morceaux d'action incontournables du score de 'The Core'!). Même principe pour le déchaîné 'Mantle Passage' avec son flot impressionnant de percussions.

'Diamonds Are Forever' évoque la scène où l'équipage s'introduit dans une caverne de cristaux et doit affronter de nouveaux dangers. Une fois encore, Christopher Young nous donne à entendre ici un superbe morceau d'action intense et particulièrement excitant, dans lequel le motif du danger refait son apparition avec une chorale impressionnante et des cuivres survoltés qui rappellent par moment certaines partitions d'action massives d'Elliot Goldenthal. Heureusement, Young calme de temps en temps le jeu comme c'est le cas avec 'Moved To The Core' évoquant l'arrivée de l'équipage au noyau terrestre. Le voyage de retour est lui aussi difficile et parsemé d'embûches. Ainsi, 'Intered Servants' nous propose un nouveau déchaînement orchestral massif avec des percussions tonitruantes, tandis que 'Saknusemm' et 'Mundus Subterraneous' font monter la tension et font peser dans la dernière partie du film un certain climat d'incertitude quant à la survie des deux héros ayant survécus à cette aventure. On notera ici l'utilisation de rythmiques électroniques qui viennent se greffer à la masse orchestrale afin de renforcer la tension qui se dégage de ces deux pièces. Passé l'excitant et chaotique 'Unobtanium' qui mélange action/suspense, 'Stellar Phrenology' évoque enfin le retour des deux héros sur un ton finalement plus apaisé, débouchant sur le puissant 'The Terranaut March' (générique de fin), superbe reprise épique du thème principal sur fond d'ostinato rythmique qui rappelle une fois encore pour le principe l'incontournable 'Mars' des 'Planètes' de Gustav Holst.

Amateurs de musiques intimistes romantiques, passez votre chemin, car 'The Core' n'es résolument pas fait pour vous. Si vous aimez les partitions symphoniques surpuissantes qui balayent tout sur leur passage, vous devriez tomber sous le charme de l'excellente partition de Christopher Young pour le nouveau film de Jon Amiel. A noter que le score a enfin été édité sous la forme d'un superbe album promo double CD qui contient près de 87 minutes de ce grand score d'action, que les béophiles ont pu obtenir au cours en commandant le méconnu 'The Tower' de Young, petite partition intimiste et mélancolique écrite pour un court-métrage et récemment publiée par le label Intrada. Pour tout ceux qui ont commandés cet album, le compositeur a offert gratuitement l'album promo de 'The Core', en payant lui-même les frais d'envoi afin de satisfaire ses propres fans. Jamais encore un compositeur n'avait accompli un tel acte de générosité envers ses admirateurs, ce qui renforce encore plus le caractère assez exceptionnel de 'The Core', car, même si ce score ne donne pas grand chose de nouveau à entendre, il n'en demeure pas moins particulièrement prenant, admirablement bien écrit par un compositeur décidément au sommet de son art. On peut dès lors évoquer le statut de petit chef-d'oeuvre pour ce nouveau score d'action apocalyptique à la puissance orchestrale rarement atteinte chez un compositeur. Ici, point de synthés technoïsants et de samples fatigants à la Media-Ventures, 'The Core' est un pur score d'action épique à l'ancienne explosif et aussi bien percutant à l'écran comme en écoute isolée (qui peut tout de même paraître assez fastidieuse au bout des deux CD, étant donné le caractère un peu répétitif de ces musiques d'action). Sans aucun doute la nouvelle grande BO incontournable d'un compositeur visiblement inspiré par son sujet, et qui nous a récemment prouvé à tous qu'il était aussi un être généreux et très sympathique!


---Quentin Billard