1-Communication 1.28
2-Ice Man Cometh 2.22
3-Ridin' Shotgun 2.58
4-Ring-a-ling 3.28
5-Naked Lunch 2.00
6-...It Wasn't Comely 2.54
7-Children Of The Corn 4.23
8-Charlotte's Web 2.08
9-Sitchiation 1.17
10-Shake Yr Tail Feather 1.15
11-Route 666 1.50
12-Mole Asses 3.20
13-Refreshify 0.56

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6290

Produit par:
Marco Beltrami
Producteur exécutif:
Robert Townson
Musique additionnelle de:
Buck Sanders
Préparation de la musique:
Julian Bratolyubov
Monteur de la musique:
Chris McGeary
Superviseur de la musique:
John Bissel

American Federation of Musicians

Artwork and pictures (c) 2001 Monarchy Enterprises S.a.r.l. & Regency Entertainment (USA), Inc. All rights reserved.

Note: ***
JOY RIDE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
Après le très réussi 'Rounders', John Dahl nous revient en pleine forme sur 'Joy Ride' (Une virée en enfer), une sorte de vague émule du fameux 'Duel' de Steven Spielberg dans lequel il était déjà question de l'histoire d'un camionneur fou qui terrorisait un innocent sur la route. Lewis Thomas (Paul Walker), jeune étudiant du New Jersey, est sur la route des vacances où il part chercher son amie qu'il tente de séduire, la très jolie Venna (Leelee Sobieski). Sur le chemin, il apprend par le biais de sa mère que son frère Fuller (Steve Zahn) est sur le point de sortir de prison. Il décide de faire un détour pour aller chercher son frangin qu'il n'a pas revu depuis des années. Un peu plus tard, Fuller installe une CB dans la nouvelle voiture de Lewis pour qu'ils l'essaient ensemble. Fuller décide alors de faire une blague à un camionneur: Lewis va se faire passer pour une nymphomane qui donnera rendez-vous à un mystérieux camionneur dont le pseudonyme est 'rusty nail' (traduit littéralement: 'clou rouillé') dans un motel au bord de l'autoroute. Evidemment, les deux frangins réussissent à s'arranger pour fixer le lieu du rendez-vous bidon dans la chambre voisine de la leur, afin qu'ils puissent espionner le camionneur par la fenêtre histoire de rigoler un bon coup. Ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'est que 'rusty nail', sous le coup de la colère, va carrément massacrer leur voisin en lui arrachant la mâchoire. Après avoir expliqué la situation à la police, le lendemain matin, les deux frangins, encore sous le choc, commencent déjà à regretter leur mauvaise blague. Le camionneur fou va réussir à les retrouver et va les terroriser systématiquement en jouant à son tour à un jeu pervers avec eux.

Voilà donc une intrigue assez intéressante, celle d'un canular qui se retourne contre les deux plaisantins et se transforme en véritable descente aux enfers. John Dahl, qui fait admirablement bien monter la tension tout au long du film, a tenté de montrer que même un canular en apparence anodin peut se transformer en descente aux enfers, étant donné qu'on est toujours soumis au danger inexorable de tomber sur la mauvaise personne au mauvais moment (et d'ailleurs, qui n'a jamais fait de canular à quelqu'un dans sa jeunesse?). Le pire, c'est surtout d'être identifié et retrouvé par la victime du canular. C'est ce qu'a tenté de montrer le réalisateur dans 'Joy Ride', entièrement filmé à la manière d'un road-movie sur la nationale 80 du Nord des Etats-Unis jusqu'au Nevada, une manière d'accentuer l'isolement des jeunes héros face à la terreur d'un camionneur fou qui semble surgir de partout et de nulle part (à ce sujet, la scène-clé du film reste sans aucun doute la terrifiante séquence de la chambre du motel, où les deux jeunes héros écoutent au mur le voisin reçevoir 'rusty nail' à la suite de leur canular). Astucieux mélange de suspense, de terreur de d'humour, 'Joy Ride' vaut surtout par un charismatique trio de jeunes acteurs, Steve Zahn, Paul Walker et la magnifique Leelee Sobieski qui confirme ses goûts éclectiques pour le cinéma (il est étonnant de la voir jouer dans 'Eyes Wide Shut' de Kubrick puis d'enchaîner avec des thrillers hollywoodiens tels que 'Joy Ride' ou 'The Glass House'). Malgré quelques trucs typiquement hollywoodiens bateaux et quelques incohérences (pourquoi traquer 3 jeunes ados pour une petite blague de rien du tout?), 'Joy Ride' n'en demeure pas moins un thriller captivant et réellement stressant, une sorte de 'Duel' ironique version Hollywood de l'année 2001.

Marco Beltrami confirme une fois encore qu'il est décidément plus que jamais une valeur sure dans l'univers des musiques de film d'horreur/thriller, à la manière d'un Christopher Young ou d'un Elia Cmiral. Son travail sur 'Joy Ride' ne révolutionnera certainement pas le genre des musiques de thriller, mais nous rappelle néanmoins à quel point le compositeur semble déjà avoir acquit une certaine expérience dans le domaine. Effectivement, le score de 'Joy Ride' rappelle ses précédents travaux pour 'Mimic', 'The Faculty', la trilogie 'Scream' et même 'The Watcher'. Hélas, on est très largement en dessous ici de la qualité et de l'inspiration des 'Scream', mais qu'importe, le résultat à l'écran est très satisfaisant. Premier élément majeur à noter ici, et qui décevra certainement les auditeurs, il n'y a aucun thème dans la partition de Beltrami. Le compositeur a opté pour une approche plus atmosphérique alternant suspense glauque et morceaux de terreur typiques du compositeur. C'est ce que Beltrami nous fait clairement comprendre dès le générique de début du film ('Communication'), qui installe une ambiance pesante et quasi malsaine, avec un mélange entre orchestre et sonorités électroniques en tout genre, à la manière de 'The Watcher'. Les sons synthétiques sont ici utilisés afin de suggérer l'omniprésence du danger et de la menace incarnée par le camionneur fou. On aurait pu s'attendre à ce que 'Communication' dévoile un thème principal, et pourtant, c'est bien par une approche athématique que Beltrami a décidé d'aborder son score pour 'Joy Ride'.

Si la musique n'intervient pas durant les 20 premières minutes du film, c'est pour apparaître plus brutalement et surtout plus efficacement lors de la scène de la poursuite avec le camion de verre pillé, évoquée dans l'excitant 'Ice Man Cometh'. Beltrami installe d'emblée une ambiance de peur pesante avec des cordes dissonantes et des sonorités électroniques macabres. Le tout bascule très vite dans l'action et la terreur lorsque le camionneur en question rentre dans le magasin où se trouve Lewis parti téléphoner. Lorsque ce dernier découvre la présence de l'individu en question, il s'éclipse très rapidement, apeuré. Beltrami souligne alors cette soudaine terreur en instaurant une rythmique électronique moderne à la 'The Watcher'. Cette rythmique sera pour ainsi dire l'occasion pour le compositeur de développer un excellent morceau d'action avec ces cordes répétitives à la Bernard Herrmann et ces cuivres dissonants à la 'Scream'. Une fois encore, on constate à quel point Beltrami sait suggérer la tension et la terreur dans un film, et ce même si l'originalité fait ici cruellement défaut (cela ressemble à tout ce que Beltrami a fait dans ce domaine auparavant). Le reste du score va ainsi s'attarder entre suspense et terreur, passant par des pièces atmosphériques et réellement pesantes telles que 'Charlotte's Web' et son ambiance glauque, 'Ring-a-Ling' et ses dissonances crispantes agrémentées de touches électroniques, 'Naked Lunch' (scène hilarante où Lewis et Fuller doivent se rendre dans le restaurant tout nus) avec son atmosphère grave (un peu comme dans le très noir 'Route 666' et son caractère inquiétant), sans oublier '...It wasn't Comely' et sa rythmique électro moderne sur fond d'orchestre sombre, suggérant toujours la menace de 'rusty nail'.

Les amateurs d'action pourront se régaler, en dehors de 'Ice Man Cometh', avec 'Children Of The Corn' pour la séquence de la poursuite dans le champ de maïs (on retrouve les traditionnels cuivres massifs dissonants du compositeur et ces rythmes martelés), 'Shake Your Tail Feather' et son caractère brutal pour la scène où Lewis et Fuller doivent entamer une course contre la montre pour retrouver l'hôtel dans lequel 'rusty nail' retient prisonnière Venna. La tension trouve son apogée au cours de deux pièces particulièrement sombres, 'Mole Asses' avec ces cordes dissonantes à la 'Scream' et 'Refreshly' (est-ce d'ailleurs normal qu'un type parle par-dessus la musique sur cette piste du CD?). Vous l'aurez compris, le score de Marco Beltrami pour 'Joy Ride' n'a rien d'une partition romantique et légère, bien au contraire. Une fois encore, Beltrami nous plonge dans un univers noir et glacial où la seule échappatoire possible semble être la mort, mais, si ses formules efficaces fonctionnaient à merveille sur 'Mimic' et 'Scream', force est de constater que Beltrami n'a pas su se renouveler et offrir quelque chose de neuf sur 'Joy Ride', ce qui fait qu'il est très difficile de hisser cette partition au rang des précédentes grandes réussites du compositeur. De plus, le caractère relativement redondant de la partition (qui ne fait qu'accentuer la tension et le suspense du film sans ajouter de petits plus comme un thème principal par exemple) n'en fait pas une partition facile d'accès, à réserver surtout aux inconditionnels de Marco Beltrami. Toujours est-il que l'ambiance de terreur du film doit beaucoup à la musique de Beltrami, preuve incontestable qu'un bon thriller doit toujours contenir une bonne musique ou une ambiance sonore qui s'en rapproche. Avec un savoir-faire évident et un grand professionnalisme étonnant pour son jeune âge, Marco Beltrami nous livre un score thriller standard pour 'Joy Ride', bien au-dessous de la qualité de ses précédents travaux. Ceci ne doit néanmoins pas nous empêcher d'apprécier ce score à sa juste valeur.


---Quentin Billard