1-Main Title/Riders of Taramis 3.31
2-Valeria Remembered 3.02
3-The Horn Of Dagoth 2.17
4-Elite Guard Attacks 2.23
5-Crystal Palace 6.00
6-The Katta 1.05
7-Dream Quest 1.30
8-Night Bird 2.21
9-Approach To Shadizaar 2.40
10-The Scrolls Of Skelos 2.26
11-Dueling Wizards 1.25
12-Illusion's Lake 1.27
13-Conan & Bombaata Battle 1.16

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5392

Album produit par:
Basil Poledouris
Producteur exécutif:
Gilbert Marouani
Producteur associé:
Jason E.Squire
Préparé à l'édition pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 1984 Universal City Studios. All rights reserved.

Note: **
CONAN THE DESTROYER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
Deux ans après son rôle dans le film qui l'a révélé au grand public, 'Conan The Barbarian', Arnold Schwarzenegger endossait la panoplie du célèbre guerrier sumérien inspiré du roman de Robert E.Howard. Hélas avec 'Conan The Destroyer'. Fort du succès du premier opus, Universal et le producteur Dino DeLaurentiis ont très vite conçu une suite qui serait censé renouer avec le succès du premier opus. Pour se faire, ils ont fait appel à Richard Fleischer, étant donné qu'ils souhaitaient retrouver ici le style de 'The Vikings' (1958). De Laurentiis avait d'ailleurs déjà collaboré avec Fleischer en 1962 sur le péplum 'Barabbas'. Hélas, on ne peut s'empêcher de cacher notre déception à la vision de 'Conan The Destroyer', film honteusement plombé par une somme impressionnante de mauvais points et de défauts en tout genre. Premier élément négatif, le scénario: Fleischer et ses scénaristes ont enlevé tout le côté vengeance du premier film pour ne retenir ici qu'une bête trame d'heroic-fantasy simplette, vieillotte et démodée. Pour sa seconde aventure, Conan (Schwarzy) est contacté par la reine Taramis (Sarah Douglas) qui lui demande d'escorter la princesse Jehnna (Olivia D'Abo) pour partir en mission afin de récupérer la précieuse corne de Dagoth qui lui permettra de réveiller un Dieu puissant. En échange, Taramis lui promet de ressusciter Valeria, sa compagne décédée au cours de sa première aventure. Conan est accompagné de son écuyer Malak (Tracey Walter), de Akiro le magicien (Mako), d'une gracieuse guerrière nommée Zula (Grace Jones) et de Bombaata (Wilt Chamberlain), un guerrier de la reine chargée de protéger la princesse Jehnna et de tuer Conan une fois que ce dernier aura récupéré la précieuse corne de Dagoth. Finalement, Conan est devenu ici un gentil héros d'heroic-fantasy médiocre et fade, alors que John Milius avait su lui donner un aspect barbare plus massif et bien plus crédible dans le premier opus. Mais le réel problème principal provient surtout ici du fait que le film est devenu tout public. Dans 'Conan The Destroyer', exit la violence et le côté épique de 'Conan The Barbarian'. Pour un film intitulé 'The Destroyer' (le destructeur), difficile de croire que le film de Richard Fleischer soit aussi nunuche et simplet, avec un humour stupide fait pour les gamins et des dialogues bidons. Cerise sur le gâteau, les personnages de ce film sont d'un vide quasi absolu: Akiro le magicien est censé être le plus grand magicien qui existe dans le monde. Pourtant, il ne fait que deux ou trois tours banals dans le film et n'est même pas capable d'ouvrir une porte fermée avec ses pouvoirs (scène dans le château de verre du sorcier). Pire encore, son personnage paraît inutile à plus d'une reprise. Et que dire du personnage de Malak, insupportable gag-man de service qui n'est là que pour sortir des répliques idiotes et prévisibles et pour nous rappeler à quel point les producteurs du film ont tout misé sur l'humour et le spectacle tout public. Du coup, 'Conan The Destroyer' paraît plus daté que le premier (à cause d'effets spéciaux kitsch comme l'oiseau brouillard ou le dieu-monstre à la fin du film) et surtout plus vieillot et ennuyeux. On s'ennuie ferme du début jusqu'à la fin avec cette série-B d'heroic-fantasy ringarde et monotone, et ce ne sont pas les quelques scènes d'action bateaux qui arriveront à nous faire avaler la pilule (affrontement contre le magicien du château, affrontement contre Bombaata, contre le monstre, etc.). On se demande même comment les producteurs d'Universal ont pu 'saborder' à ce point une saga qui s'annonçait pourtant épique et riche.

Basil Poledouris avait signé en 1982 sa plus grande partition écrite à ce jour pour le cinéma américain, et si, objectivement, on était parfaitement en droit à s'attendre à une nouvelle grande partition du compositeur pour ce second opus, il n'en est rien puisque, bien que Poledouris soit de retour sur 'Conan The Destroyer', sa participation à cette médiocre série-B n'a franchement rien de follement mémorable. Ici aussi, on ne peut s'empêcher d'être déçu à l'écoute d'un score qui ne pourra certainement pas prétendre avec le chef-d'oeuvre de Poledouris. Effectivement, à la première écoute du score dans le film, on en reste sur notre faim et l'on se demande vraiment pourquoi Poledouris a suivi cette voie là: ici, plus de choeurs épiques! A vrai dire, le score de 'Conan The Destroyer' perd toute la dimension épique attendue à l'origine, la faute étant principalement à imputer au film lui-même et à ses concepteurs. Poledouris ne conserve ici qu'une petite formation instrumentale, celle du 'Unione Musicisti di Roma', un petit orchestre italien bien moins imposant que le 'Members of the Orchestra & Chorus of Santa Cecilia & The Radio Symphony of Rome' utilisé pour 'Conan The Barbarian'. On retrouve dans la musique ce côté primitif et moyenâgeux que l'on ressentait déjà dans 'Conan The Barbarian', mais nettement amplifié ici sur le plan de l'instrumentation et du jeu des instruments: on remarquera avec quelle façon Poledouris a accentué les jeux staccato (notes piquées et très détachées l'une de l'autre) pour tous les pupitres (cordes, cuivres, vents, etc.), tout comme il a accentué les intervalles de quintes à vide moyenâgeuses. Toujours sur le plan de l'orchestration, ce sont ici les cors qui dominent dans le pupitre des cuivres. Le principal problème du score est avant tout un embarrassant problème d'interprétation, une chose rare compte tenu du fait qu'un musicien professionnel comme Basil Poledouris connaît bien son boulot et sait s'entourer d'une bonne épique. Et pourtant, on ne peut pas admettre la mollesse du jeu des instruments, le côté ultra 'cheap' de l'orchestre (c'est beaucoup trop modeste et pas assez ambitieux pour un film de ce genre!) et de nombreux problèmes de justesse, plus particulièrement dans les cuivres et lors des musiques d'action.

A cela se rajoute ensuite un autre problème lié aux nouveaux thèmes: le thème principal, confié à des trompettes, donne un côté héroïque vieillot et ringard à Conan, même si ce thème reste parfaitement ancré dans l'esprit du film de Richard Fleischer. Son apparition dès le générique de début du film confirme en tout cas le côté plus léger et aventureux souhaité par Poledouris pour ce film, mais l'on sent très bien que l'épique n'est plus vraiment au rendez-vous. A ce sujet, on pourra ajouter un nouveau point négatif au score puisque la première piste de l'album, 'Main Title/Riders of Taramis' censé accompagner l'ouverture du film, est totalement différent de la version entendue dans le film. Problème: où se trouve la sympathique version intégrale du thème principal de trompettes entendu dans le film? On ne retrouve ici qu'une portion de ce thème, ce qui est très étonnant étant donné qu'il s'agissait sans aucun doute du morceau-clé du score, un 'oubli' totalement impardonnable pour Poledouris et Varèse Sarabande. En tout cas, en l'espace de 3 minutes 38, Poledouris nous dévoile son nouveau matériau et fait même quelques brefs rappels à certains passages guerriers de 'Conan The Barbarian', même si le compositeur, qui a pourtant eu l'occasion de revisiter ici son travail pour le premier opus, a décidé de repartir sur de nouvelles bases étant donné le radical changement de ton du film. On retrouve néanmoins un thème guerrier aux cors qui rappelle certains passages du premier opus, mais en nettement plus 'cheap'. A noter ici l'importance accordée aux percussions, timbales et cymbales étant mises en avant, sans oublier quelques petites percussions diverses pour le côté primitif du film (et à ce sujet, Poledouris a parfaitement accompli sa mission, même si la qualité n'est certes pas au rendez-vous). Autre oubli, une version rapide du magnifique 'Love Theme' du premier score entendu au début du film, lorsque Conan est agenouillé devant la tombe de Valeria. Ici encore, difficile de comprendre ce qui a bien pu passer par la tête des concepteurs de l'album, puisqu'on retrouve un 'Valeria Remembered' empruntant le dit thème mais sans la version entendue dans le film. Le fait même que Poledouris ait voulu reprendre ce thème sous une forme rapide étant une sorte de manière de dire qu'il se souvient de ce qu'il a fait auparavant mais qu'il va passer brièvement par-dessus. Quant à la version du 'Love Theme' façon 'Valeria Remembered', elle nous fait à son tour regretter la formidable interprétation passionnée des musiciens italiens pour 'Conan The Barbarian'.

Le reste du score va ainsi osciller entre action et plages plus mystérieuses. D'un point de vue de l'instrumentation, on ne pourra pas rater l'utilisation intéressante du clavecin dans un envoûtant 'The Horn of Dagoth' pour la séquence du rituel de la corne de Dagoth, avec des cordes quasi mystérieuses. Mais la partie la plus intéressante provient sans aucun doute de 'Crystal Palace' avec son mélange flûte/harpe/clavecin pour la scène des miroirs dans le château de cristal du magicien qui détient prisonnière la princesse. Avec le peu de moyens visiblement mis à sa disposition, Poledouris a tenté de reproduire une certaine forme de magie dans sa musique, avec un côté plus envoûtant, quasi ensorcelant. En tout cas, la musique apporte ce côté mystérieux à la scène, même si une fois de plus, on regrettera les problèmes de justesse des cors. La musique s'oriente alors très rapidement vers l'action pour l'affrontement contre le magicien, musique une fois de plus plombée par les nombreux problèmes de justesse insupportables des cuivres et la lourdeur de l'interprétation. On notera néanmoins au bout de 3 minutes 46 une soudaine envolée héroïque chevaleresque comme Poledouris les affectionne tant, l'un des rares moments un peu épique du score, et ce malgré l'incessant problème de justesse des cuivres (qui sont systématiquement faux sur la plupart des notes aiguës). Le passage décrit la scène où Conan brise les miroirs et anéantit le magicien. D'un point de vue instrumental, on pourra aussi remarquer 'Night Bird' et son motif de harpe ondulante qui rappelle par moment 'Vertigo' de Bernard Herrmann (scène de l'oiseau de brume qui enlève la princesse), Poledouris évoquant une fois de plus la magie du sorcier du château de cristal (suggérée par la présence du clavecin), comme dans 'Illusion's Lake'.

On passera alors volontiers sur 'Approach to Shadizaar' qui évoque la traversée de Conan et ses amis dans le village où on l'acclame, sorte de marche moyenâgeuse cuivrée toujours jouée aussi 'staccato' (les percussions ont ici un rôle majeur). On pourra alors s'attarder sur 'The Scrolls of Skelos' et son côté envoûtant avec des orchestrations très réussies incluant cordes, harpe, vents divers (cor anglais, flûtes, etc.) et percussions cristallines (le tout illustrant la scène de la cave). L'aventure est alors suggérée dans 'Elite Guard Attacks' ou 'Conan & Bombaata Battle' pour la bataille finale contre Bombaata. On retrouve le thème guerrier dans ces deux pièces, mais c'est plutôt 'Elite Guard Attacks' qui attirera ici notre attention avec une reprise du thème principal héroïque et une prédominance des cuivres et des percussions (timbales et tambours divers pour cette séquence guerrière), Poledouris ayant ainsi bien réussi à retranscrire ce côté primitif qui caractérise si bien cette partition. Malgré ses quelques bons points, le score de 'Conan The Destroyer' possède vraiment trop de défauts pour qu'il vaille le coup que l'on s'y attarde plus longtemps. Il ne fait quasiment nul doute que le compositeur a complètement raté l'occasion de renouveler ici l'exploit du premier épisode. Pire encore, sa musique souffre injustement d'une faiblesse étonnante du point de vue de l'orchestre utilisé. La musique est interprétée avec trop de mollesse, trop de staccatos qui finissent par devenir irritants vers la fin, de même que les nombreux problèmes de justesse des cuivres -et comme si ce n'était pas suffisant, l'oubli de certains morceaux sur l'album- ne sont certainement pas là pour arranger les choses. Comme annoncé au début, on est décidément très loin ici du côté épique de 'Conan The Barbarian', ce qui est fort dommage étant donné que le compositeur avait l'occasion de revenir sur son précédent travail qu'il n'a pratiquement pas réexploité ici si l'on considère le fait qu'il soit reparti sur une nouvelle base thématique guère inspirée. Voilà donc une déception étonnante de la part d'un compositeur pourtant très bon et toujours relativement inspiré, mais qui n'a cette fois-ci pas réussi à étancher notre soif de musique épique après la démesure et la grandeur du magistral 'Conan The Barbarian'.


---Quentin Billard