1-The Day After Tomorrow 3.27
2-Tornado Warning 2.00
3-Sam! 1.20
4-Tidal Wave 3.14
5-Body Heat 1.50
6-Russian Ghost Ship 1.24
7-Hall's Plan 0.53
8-Rio Grande 1.11
9-Bedtime Story 2.03
10-Blizzard 2.18
11-Superfreeze 3.04
12-Cutting The Rope 3.29
13-Because Of You 2.29
14-President's Speech 4.19
15-The Human Spirit 3.36
16-Burning Books 1.42

Musique  composée par:

Harald Kloser/Thomas Wanker

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6572

Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande Records:
Robert Townson
Producteur exécutif:
Roland Emmerich
Chargé de la musique pour
Twentieth Century Fox:
Robert Kraft
Musique supervisé pour la
20th Century Fox par:
Michael Knobloch
Fox Music Business Affairs:
Lance Grode
Score co-composé par:
Thomas Wanker
Monteur de la musique:
Emanuelle Arnone

American Federation of Musicians

Artwork and pictures (c) 2004 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: **1/2
THE DAY AFTER TOMORROW
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harald Kloser/Thomas Wanker
C'est en tournant 'The Patriot' que Roland Emmerich eut l'idée de faire un film sur les conséquences d'un terrifiant bouleversement climatique. Ainsi naquit 'The Day After Tomorrow' (Le jour d'après), film catastrophe qui raconte comment à la suite d'un brusque changement climatique le monde se retrouve plongé dans une terrifiante nouvelle ère glacière qui tue des milliards de gens un peu partout dans le monde. Jack Hall (Dennis Quaid) est un éminent climatologiste américain qui est le premier à émettre la théorie d'une nouvelle ère glacière dans le monde, prévu selon lui dans plus d'une centaine d'années. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que cette catastrophe est sur le point de se produire dans quelques semaines. Hall tente alors d'alerter le Premier ministre, mais en vain. Devant le scepticisme du gouvernement, Hall se doit de réagir et commence à alerter des experts et à faire d'importantes estimations. Le compte à rebours vers la catastrophe mondiale se compte dorénavant en semaines. La température dans l'hémisphère Nord ne cesse de chuter, et d'ici quelques semaines, ce sera la fin du climat tempéré. Le jour fatidique, la température atteint les - 20 degrés Celsius aux Etats-Unis, ce qui a pour conséquence d'entraîner de terrifiantes tornades qui balaient tout sur leur passage. Peu de temps après, un gigantesque raz-de-marée englouti toute la ville de New-York, obligeant les quelques rares survivants à se réfugier à l'intérieur d'une grande bibliothèque New-Yorkaise. Parmi eux se trouve Sam Hall (Jack Gyllenhaal), le fils de Jack. Ce dernier n'a plus qu'une idée en tête: partir avec deux de ses amis à New-York pour tenter de sauver son fils, et ce malgré les terrifiantes conditions climatiques et le gel instantané qui commence à se répandre sur la ville. Le scénario est donc hyper simpliste et n'a finalement pas grand chose à raconter. Evidemment, 'The Day After Tomorrow' est ce style de film qu'il ne faut pas regarder pour l'histoire mais plus pour l'aspect technique en lui-même: une fois encore, les 'magiciens' de chez ILM ont repoussés les limites des effets spéciaux en offrant ici un véritable spectacle 'météorologique' rarement vu au cinéma: tornades, tempêtes et inondations n'ont jamais été traités avec autant de sérieux, autant d'intensité.

Le message écologique du film est d'ailleurs on ne peut plus évident, avec la petite morale finale sur l'urgence de préserver la planète pour les futures générations à venir. Ce ne sont évidemment que des théories car, actuellement, personne n'est capable de prévoir ce qui va se passer dans les prochains millénaires, et surtout, personne n'est capable de dire si le réchauffement de la planète est forcément dû à l'homme (l'effet de serre a toujours existé - s'il n'y en avait pas, la terre serait beaucoup plus froide!). Evidemment, il est scientifiquement impossible qu'un brusque bouleversement climatique puisse survenir ainsi en quelques semaines, mais l'on comprend aisément que pour des questions dramatiques, Emmerich a tenu à forcer un peu la réalité pour nous offrir ce spectacle. En bon artisan typiquement hollywoodien, Emmerich nous offre un film catastrophe qui, bien qu'éloigné du patriotisme exagéré de 'Independence Day', partage finalement pas mal de point commun avec le célèbre film d'Emmerich. On retrouve par exemple cette manière de montrer l'arrivée imminente de la catastrophe, ces plans qui font monter la tension comme le crash des trois hélicoptères gelés en Ecosse (cela rappelle la destruction de l'avion Hawks dans le nuage de feu vers le début de 'ID4'), etc. On en conclut donc qu'Emmerich reste Emmerich, et ce quelque soit le sujet, ce qui n'est finalement pas une mauvaise chose si l'on considère le fait que beaucoup d'artisans hollywoodiens n'ont pas de style à proprement parler. Quant au patriotisme, finalement, il reste quand même assez présent si l'on considère le fait que la majeure partie du film se déroule - comme par hasard - aux Etats-Unis et plus particulièrement à New-York (un certain 11 Septembre 2001 traumatisant est passé par là) et que les autres pays du monde ne sont que vaguement suggérées (cf. scène au Japon vers le début du film). Et que dire de ce plan de la Statue de la Liberté gelée mais restée intacte malgré les conditions météorologiques extrêmes? Le message patriotique est donc ici plus qu'évident et assez arbitraire (en plus d'être extrêmement tendancieux). Pour Emmerich, 'The Day After Tomorrow' était avant tout un drame humain, d'où l'intrigue touchante entre Jack Hall et son fils Sam: c'est aussi l'éternel lutte de l'homme contre la nature. On pourra peut-être reprocher au script l'insertion de tonnes de bons sentiments et du politiquement correct archi conventionnel (cf. final 'pacifique' où les américains reconnaissent leur erreur et marchent désormais main dans la main avec les pays du tiers-monde qu'ils ont rejoint suite à la catastrophe mondiale). Evidemment, on pourra trouver le message écologique du film un peu naïf et manichéen, ce dernier s'attaquant aussi à la politique américaine du genre 'ouh, les policitiens qui nous gouvernent sont des irresponsables qui ne font pas attention à la santé de notre planète!'. C'est un peu facile, mais devant la réelle honnêteté du propos (cf. récentes interviews d'Emmerich à ce sujet), on ne pourra qu'apprécier l'effort colossal entrepris par le réalisateur pour retranscrire cette vision apocalyptique qui, peut-être, saura alerter ou sensibiliser les gens à la cause écologiste et à la sauvegarde de notre environnement. C'est un peu démonstratif quelque part, mais si ça marche, et si en plus cela nous divertit, pourquoi pas?

En produisant 'The Thirteenth Floor' de Josef Rusnak, Roland Emmerich avait fait appel au jeune compositeur autrichien Harald Kloser. Cette fois-ci, pour son nouveau film, Emmerich a décidé de faire de nouveau appel à Kloser pour 'The Day After Tomorrow'. Suivant la bonne vieille devise bien hollywoodienne 'à sujet énorme, musique énorme', Kloser a assemblé pour l'occasion un gigantesque orchestre AFM de 130 musiciens, un record si l'on considère le fait que les partitions les plus gigantesques de ces cinq dernières années n'excédaient que très rarement la centaine de musiciens ('Starship Troopers' de Poledouris, 'Planet of The Apes' d'Elfman ou bien encore 'Final Fantasty: The Spirits Within' de Goldenthal). Hélas, si vous vous attendez à un score intense, extrêmement massif et captivant comme le récent 'The Core' de Christopher Young pour un autre film-catastrophe bien moins réaliste, vous risquez fort d'être déçus, car la partition orchestrale d'Harald Kloser est loin de répondre à toutes nos attentes, et pour cause: l'ensemble manque cruellement d'originalité, d'ambition, d'inspiration et même de rythme, une chose étonnante étant donné la qualité des précédentes partitions écrites pour des films de Roland Emmerich ('Independence Day' de David Arnold nous venant d'ailleurs immédiatement à l'esprit). Le score de 'The Day After Tomorrow' fonctionne bien dans le film, puisqu'il décrit l'immensité des destructions occasionnées par les tornades, les tempêtes et les inondations. C'est au cours de ces séances massives de destruction globale que le score trouve un intérêt véritable aux oreilles du spectateur: ainsi, 'Tidal Wave' décrit avec fracas et fureur la séquence spectaculaire de l'immense raz-de-marée qui noie New-York. On retrouve ici le même style d'écriture de cordes, cuivres et percussions (souvent électroniques et massives) entendues dans 'The Thirteenth Floor'. Kloser retranscrit à merveille la force destructrice de la nature dans cette pièce d'action pure et dure, bruyante et massive comme elle se doit.

On ne pourra qu'une fois encore regretter le fait que la musique soit noyée (sans jeux de mots) sous des tonnes d'effets sonores en tout genre. Dans le même registre, le déchaînement orchestral (trop bref) de 'Superfreeze' (scène du gel instantané) correspond bien à l'idée que l'on se fait d'un film aussi spectaculaire avec un morceau d'action dans la lignée d'un Christopher Young (idem pour l'impressionnante séquence des tornades, honteusement absente de l'album alors qu'il s'agissait pourtant de l'un des meilleurs morceaux d'action du score). Et pourtant, comble du paradoxe, le reste du score est dominé par de trop longs passages atmosphériques souvent fades, creux et sans âme. Des pièces purement fonctionnelles telles que 'Tornado Warning', 'Because Of You' ou le sombre 'Russian Ghost Ship' (scène de l'épave du navire russe qui vient s'échouer devant la Bibliothèque New-Yorkaise où se trouvent les survivants du chaos) ne sont là que pour renforcer l'atmosphère sombre et la tension du film, mais laissent cruellement à désirer de par le manque de relief d'une pièce à l'autre: chaque morceau atmosphérique semble se ressembler, Kloser n'ayant apparemment pas été en mesure de trouver des idées originales qui serviraient à relancer l'intérêt, même dans le film. On s'ennuie ferme durant l'écoute, et même dans le film. Difficile de croire que le compositeur n'ait pas pu être plus inspiré avec un sujet aussi grave et immense: ainsi, le thème principal du score, exposé dès l'introduction de l'album (et du film), est un thème de cordes amples sympa et plutôt majestueux, qui annonce déjà le drame humain et la quête pour la survie. On ne peut cependant qu'être déçu devant la qualité tout à fait quelconque de ce thème passe-partout qui aurait gagné à être peut-être plus grandiose et plus recherché (on parle quand même ici de catastrophe humaine à l'échelle planétaire). Que penser par exemple de la reprise très cliché de ce thème avec des trompettes solennelles dans 'President's Speech' (scène finale) ou 'The Human Spirit' qui, à aucun moment, ne parvient à évoquer le drame humain de manière réellement poignante. A la place de cela, on doit simplement se contenter d'un vague élan solennel patriotique assez mal venu dans le contexte (quand les Américains comprendront-ils que même pour un public U.S., un film peut très bien parler du reste du monde sans faire dans le nombrilisme primaire?). Néanmoins, la reprise du thème dans 'President's Speech' possède au moins ce caractère solennel qui incite aussi à la réflexion sur l'avenir de notre monde, mais une réflexion plus introvertie, moins 'universelle', ce qui est fort dommage.

On pourra toujours se rabattre sur les quelques musiques dramatiques et plus intimistes qui parcourent le film, comme 'Burning Books' (les survivants brûlent des livres pour se réchauffer dans la Bibliothèque) et ses vents plus chaleureux ou 'Cutting The Rope' et son côté plus résigné, pour la scène de la mort d'un des amis de Jack au cours de l'expédition vers New-York. On notera le mélancolique 'Hall's Plan' qui évoque le drame humain et l'idée de sauver des vies (ici aussi, le compositeur aurait certainement pu aller plus loin. Pour un film aux visuels extravertis au maximum, il fallait une musique qui suive ce principe, sinon, on s'ennuie ferme!). On notera aussi le motif de 4 notes entendu dès l'ouverture du film est chanté timidement par une voix féminine, une idée intéressante qui aurait certainement mérité à être plus développé. Bilan final extrêmement mitigé donc, pour le nouveau travail d'Harald Kloser sur le nouveau film de Roland Emmerich. Révélé au public grâce à sa partition orchestrale/électronique pour 'The Thirteenth Floor', Kloser semble avoir manqué l'occasion de prouver qu'il avait l'étoffe d'un grand compositeur pour le cinéma, car ce n'est certainement pas avec un 'The Day After Tomorrow' décevant, sans relief, sans originalité et étonnamment peu inspiré que le compositeur sera en mesure de trouver son public. Finalement, on en vient même à regretter le fait qu'Emmerich n'ait pas de nouveau fait appel à David Arnold, qui aurait certainement écrit quelque chose de bien meilleur et de bien plus accrocheur, car en dehors de plusieurs morceaux d'action sympas et excitants à souhait, le score de 'The Day After Tomorrow' n'est décidément pas la nouvelle grande oeuvre annoncée du compositeur autrichien. Dommage!


---Quentin Billard