Crée en 1988 par Tom Holland et le scénariste Don Mancini, la série des 'Chucky' est un peu à part dans l'univers des films d'horreur américains. Effectivement, dans 'Child's Play', il est question d'un serial-killer nommé Charles Lee Ray (Brad Dourif), qui, après s'être fait abattre par la police, utilise une incantation vaudou pour transférer son âme dans le corps de Chucky, une poupée 'good guys' qui fait fureur chez les enfants. Et voici le serial-killer prisonnier de la poupée, qui traque le petit Andy Barclay (Alex Vincent) pour pouvoir utiliser son corps et reprendre forme humaine. Pour ce second épisode, réalisé par John Lafia (l'un des scénaristes du premier épisode), Chucky est de retour après avoir été reconstruit par ses fabricants d'origine qui veulent enfin savoir si ce modèle est inoffensif ou pas. Chucky revient à la vie et réussit à s'échapper de l'usine de fabrication. Il retrouve alors la trace d'Andy, confié cette fois-ci à une famille d'accueil, les Simpson, tandis que sa mère est internée dans un hôpital psychiatrique pour avoir confirmé les dires d'Andy qui prétend que sa poupée a tenté de l'assassiner, lui et sa famille. Chucky arrive chez les Simpson et commence à traquer Andy. Le cauchemar recommence de plus belle, et notre ennui aussi, car force est de constater que les 'Chucky' n'ont jamais vraiment fichu la frousse et font plus rigoler qu'autre chose. Soyons sérieux cinq minutes: une poupée tueuse qui massacre tout ce qui bouge et qui a un sérieux appétit pour la strangulation? On n'y a jamais cru depuis le début (c'est le but je suppose, sinon, c'est grave quand même:)), et pourtant, les concepteurs de ce second opus tentent de rendre cela réellement terrifiant, mais en vain. Ce qui est vraiment terrifiant, c'est de voir un film aussi nul, aussi mal interprété - le petit Alex Vincent a un très mauvais jeu d'acteur - il n'a aucune expressivité, aucun relief. Quant il est censé avoir peur, on dirait qu'il vient de prendre son premier cours d'acteur dans une école. Idem pour Christine Elise dans le rôle de Kyle, qui n'est pas convaincante pour un sou, malgré son joli minois. Et que dire des dialogues ridicules à l'extrême et d'un manque de rythme total dans la mise en scène. 'Child's Play 2', un film d'horreur? Le film manque justement d'horreur, de frisson! On dirait presque une sorte de parodie semi-avouée d'un film d'horreur. Evidemment, l'animation de la poupée est toujours aussi réussie et étonnante, mais pour le reste, on est bel et bien en face d'une série-B médiocre et nulle, qui pourra aisément trouver sa place dans des oubliettes.

Après son entré remarquable dans le milieu de la musique de film avec l'inoubliable 'Dead Calm' (1989), Graeme Revell s'est très vite imposé à ses débuts comme un bon compositeur pour musiques de film d'horreur. Sa partition orchestrale pour 'Child's Play 2' confirme en tout cas son talent à écrire des musiques horrifiques conventionnelles mais toujours aussi réussies dans les films qu'elles accompagnent. Après la série 'Bangkok Hilton' et la même année que 'Spontaneous Combustion' de Tobe Hooper, Revell écrit le score de 'Child's Play 2' dans un style qui fait déjà penser aux musiques d'horreur tendance 'Evil Dead' de Jospeh LoDuca ou celles de Christopher Young, devenu à l'époque la référence incontestée du genre. Confié aux orchestrations de Shirley Walker, la musique de Revell évoque les méfaits de Chucky avec un lot impressionnant de cordes dissonantes et d'effets orchestraux en tout genre. Ce sont les cordes qui dominent ici dans un style qui n'est pas sans rappeler certaines partitions thriller de Bernard Herrmann, autre grande référence en la matière. Le score impose très vite un thème principal dont les premières notes rappellent étrangement le début du thème d'Alien de Jerry Goldsmith (coïncidence ou emprunt volontaire?), un thème associé aux méfaits du diabolique Chucky. Macabre à souhait, la musique évolue rapidement du suspense jusqu'à la terreur, passant par tout le lot habituel de clusters, de jeux sur les quarts de tons, des dissonances, etc.

Les vents et les cuivres sont présent mais mis en retrait afin d'accentuer les sonorités uniques des cordes, la musique étant d'ailleurs très bien mixée et fonctionnant comme l'outil essentiel de la peur dans ce film (hélas, seul Graeme Revell semble y avoir réellement cru). On notera même une petite touche d'ironie grinçante dans la séquence où Chucky tue l'institutrice de l'école à coup de règle, Revell utilisant à ce moment là le motif principal avec des sonorités électroniques bizarres qui évoquent une sorte de boîte à musique qui jouerait brutalement. Le compositeur illustre astucieusement ainsi le côté faussement innocent de cette poupée enfantine qui cache en fait un redoutable tueur. La terreur prend très vite le dessus avec d'excellents morceaux d'action utilisant tout l'attirail orchestral et les percussions, Revell n'hésitant pas à avoir recours à quelques éléments électroniques afin d'agrémenter sa musique en sonorités diverses. C'est la partie finale qui nous réserve les meilleurs moments avec d'excellents morceaux d'action tonitruants, utilisant même des percussions comme la caisse claire martiale dans la séquence de la poursuite en voiture vers la fin du film. La confrontation finale dans l'usine des poupées est aussi un dernier grand moment d'action excitant et captivant dans le score de 'Child's Play 2'.

A l'écoute de la musique dans le film, on est réellement convaincu par ce que cherche à nous décrire Graeme Revell: un véritable spectacle de terreur et de suspense, qui, malheureusement, ne suit pas vraiment un film médiocre qui n'a absolument rien de terrifiant! La musique est peut-être un brin trop sérieuse pour le film...toujours est il qu'elle reste bien écrite et bien orchestrée, surtout de la part d'un compositeur qui débutait à ce moment là dans le milieu de la musique de film. Sans être d'une grande originalité, le score très efficace de 'Child's Play 2' fait au moins partie des premières oeuvres intéressantes du compositeur, passées malheureusement totalement inaperçue car n'ayant jamais été édité jusqu'à ce jour. Il serait d'ailleurs bon qu'un label se décide une bonne fois pour toutes à ressortir ce sympathique score d'horreur du compositeur néo-zélandais qui, depuis, a fait ses preuves.


---Quentin Billard