1-Scars 5.10
2-Small Hands 3.04
3-Lynch Mob 4.11
4-Finish the Game 2.50
5-Yoo Hoo 2.43
6-Devil's Deal 1.26
7-More Than Hello 2.34
8-Tom Sees the Light 1.30
9-Coy Dog 2.38
10-Ride to Guano City 1.09
11-Battle 2.46
12-Little Tom Dies 6.49
13-Garrett's Place 1.10
14-Chavez's Wound 3.01
15-You Gonna Shoot? 3.33
16-Stolen Horse (Finale) 1.18

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Intrada Special Collection Vol.181

CD produit par:
Alan Silvestri, Douglass Fake
Producteur exécutif du CD:
Roger Feigelson
Représentant pour Morgan Creek:
Greg Mielcarz
Assistant de production:
Regina Fake
Programmation musique:
David Bifano
Montage musique:
Ken Karman
Préparation de la musique:
Julian Bratolyubov
Assistant monteur:
Jacqueline Tager

Artwork and pictures (c) 1990/2011 Morgan Creek Productions, Inc. All rights reserved.

Note: ***
YOUNG GUNS II
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Enième variante modernisée de la célèbre histoire de Billy The Kid, fameux hors-la-loi qui vécut dans le far-west américain à la fin du 19ème siècle, « Young Guns II » met en scène le récit de William H.Bonney alias 'Billy The Kid' (Emilio Estevez) et de ses déboires avec le shérif Pat Garrett (William L.Petersen), son ancien ami qui faisait autrefois partie de sa bande mais qui décida de retourner sa veste et de travailler dans le clan de la justice. L'histoire est racontée par un vieil homme nommé Brushy Bill Roberts qui prétend être le vrai 'Billy The Kid'. L'homme dresse alors un portrait très convaincant et apparemment authentique de cette fameuse histoire qui se termina tragiquement avec la mort de Billy The Kid, abattu d'une balle dans le dos par Pat Garrett en 1881. Le gang de Billy The Kid est constituée de Josiah Gordon 'Doc' Scurlock (Kiefer Sutherland), un ancien membre de la bande devenu instituteur, l'indien Jose Chavez (Lou Diamond Phillips), Arkansas Dave Rudabaugh (Christian Slater), un fermier nommé Hendry William French (Alan Ruck) et un jeune garçon de 14 ans nommé Tom O'Folliard (Balthazar Getty), venu rejoindre récemment la bande parce qu'il admirait les 'exploits' du légendaire Billy The Kid et qu'il voulait devenir à son tour l'un d'entre eux. Après avoir sauvé Doc et Chavez retenus prisonniers dans une ville de l'ouest américain, Billy The Kid et sa bande s'enfuient alors vers le sud du Mexique. Au passage, ils décident d'affronter John Chisum (James Coburn), un célèbre propriétaire de ranch qui a juré leur perte. Pour cela, Chisum engage son ancien complice Pat Garrett pour retrouver Billy the Kid et l'éliminer pour de bon, lui et toute sa bande.

Le film réalisé par Geoff Murphy et sorti en 1990 ne prétend évidemment nullement rivaliser avec les versions supérieures qui ont été réalisées auparavant sur l'histoire du célèbre Billy The Kid. Plus rythmé et aussi moins sombre que le premier film sorti en 1988 et réalisé par Christopher Cain, « Young Guns II » vaut surtout par la qualité de son casting qui réunit quelques pointures de la nouvelle génération hollywoodienne des années 80/90 tels que Emilio Estevez, Kiefer Sutherland, Lou Diamond Phillips, Christian Slater, sans oublier William L.Petersen (qui deviendra célèbre par la suite pour son rôle-clé dans la série 'C.S.I'), le légendaire cow-boy des westerns 60's James Coburn et Viggo Mortensen, etc. La mise en scène de Geoff Murphy est vive, rythmée et nerveuse, l'action est bien menée mais l'ensemble finit par s'essouffler et nous laisse quelque peu sur sa faim. Le scénario s'inspire en réalité d'un fait divers survenu dans les années 1950, lorsqu'un vieil homme nommé Brushy Bill Roberts prétendit être le vrai 'Billy The Kid' et demanda à être pardonné pour tous ses crimes, peu avant son décès. C'est une théorie qui n'a jamais été confirmée, mais elle a néanmoins servi de base pour le scénario du film. Enfin, « Young Guns II » est avant tout une relecture moderne de l'univers traditionnel des westerns américains, à la sauce clip MTV moderne, avec un casting plus jeune et branché censé attirer une nouvelle génération de spectateurs: pari réussi pour Geoff Murphy, même si le résultat paraît bien anecdotique au regard d'autres westerns du passé, ou même des années 80/90 (on préfèrera cent fois plus revoir un « Silverado », un « Wyatt Earp » ou un « Tombstone » par exemple !). Au final, rien de bien original dans ce western modernisé, typique du cinéma d'action du début des années 90, divertissant et rythmé mais sans grand éclat particulier.

Alan Silvestri signe une partition solide et énergique pour « Young Guns II », un score récemment édité pour la première fois en CD par Intrada Records en 2011. Pour la plupart des béophiles, c'est une totale redécouverte, car la musique d'Alan Silvestri s'est fait très nettement éclipser auprès du public par les chansons rock du groupe Jon Bon Jovi, qui signe au passage les tubes incontournables du générique de fin, incluant les fameux « Blaze of Glory » et « Billy Gets Your Guns » (sortis en single à l'époque du film). Evidemment, l'album des chansons du groupe s'est très bien vendu, Jon Bon Jovi en profitant au passage pour se faire une bonne publicité grâce au film de Geoff Murphy. Reste que le score orchestral relativement méconnu d'Alan Silvestri est une jolie réussite, sans être ce que le compositeur a fait de mieux dans le genre. « Young Guns II » vaut surtout par son excellent thème principal associé à Billy The Kid et sa bande, thème plutôt héroïque agrémenté d’une rythmique moderne incluant une batterie rock, une basse électrique, une guitare électrique et des choeurs masculins synthétiques pour affirmer le caractère légendaire et épique des méfaits extraordinaires de Billy The Kid. Aux parties orchestrales et aux quelques percussions/rythmes synthétiques s’ajoutent aussi une série de solos des guitares acoustiques/électriques qui représentent parfaitement l’univers musical de l’ouest américain sauvage. Le film étant une version modernisée du western à la sauce clip MTV, il fallait une musique qui épouse à son tour ce ton moderne et jeune, chose qu’Alan Silvestri s'est empressé de faire en ayant recours à ses traditionnels synthétiseurs et effets électroniques modernes, qui rappellent beaucoup ce que le compositeur fera la même année sur l'inoubliable « Predator 2 » (1990). A vrai dire, on ressent par moment très clairement l'influence de « Predator 2 » dans « Young Guns II », notamment lorsqu’Alan Silvestri utilise ses fameuses percussions tribales (à base de mélange de tablas et de petites percussions synthétiques) et ses effets vocaux étranges dans la scène où Chavez et Dave s’affrontent au couteau (« More Than Hello »), effets totalement similaires à ceux entendus dans des morceaux tels que « Dem Bones » ou « Truly Dead » du score de « Predator 2 ». Le début du film est introduit par un solo de guitare acoustique latino et solitaire qui évoque clairement l'univers mexicain/far-west des décors du film (« Scars »).

Pour Alan Silvestri, le film de Geoff Murphy lui offre ainsi l'occasion rêvée d'aborder un genre auquel il ne s'était encore jamais confronté, la musique de western - rappelons quand même que la même année que « Young Guns II », le compositeur signa une autre musique en rapport avec le monde du far-west pour « Back to the Future III ». Ces quelques touches 'mexicaines/latino' sont souvent mises en parallèle avec d'autres passages de type 'americana/country' pour évoquer la bande de Billy The Kid et de leurs aventures mouvementées - on pense par exemple au solo de guitare country/basse électrique de « Small Hand ». Mais c'est l'utilisation de l'électronique qui domine ici, le tout mélangé à l'orchestre symphonique traditionnel, très présent dans les morceaux d'action et de suspense du film. Dès le générique de début (« Scars »), Silvestri nous introduit ainsi un premier thème mystérieux confié à des petites percussions électroniques et un choeur d'hommes synthétiques sur fond de guitare et synthétiseurs. Ce premier thème est associé dans le film au personnage de l’indien Chavez (Lou Diamond Philips) et évoque clairement les chants traditionnels des natifs américains, thème qui sera assez présent, notamment lors des séquences avec Chavez (cf. l’excellent « Chavez’s Wound » par exemple). Puis, « Scars » nous permet ensuite d’entendre le thème western de Billy The Kid dans le film, entendu pour la première fois à 2:15. Dès lors, Alan Silvestri balise le terrain avec son thème héroïque qui restera très présent tout au long du récit, le compositeur n'hésitant pas à l'accompagner d'une guitare électrique rock fun lors d’une séquence d'affrontement avec les hommes de Pat Garrett vers la fin du film. L'utilisation de l'électronique ne jure pas vraiment avec le film et se marie finalement parfaitement avec les images. On ne fait même plus attention au fait que le choeur masculin soit synthétique (et un brin cheap), car, une fois plongé dans l'action, le résultat s’avère être d’une efficacité redoutable ! Mais, bien loin de se contenter d’évoquer simplement l’univers western ou les héros du film, le score de « Young Guns II » illustre aussi les nombreuses scènes d’action et de suspense, avec quelques passages plus sombres et atmosphériques qui rappellent là aussi les expérimentations électroniques et dissonantes du compositeur sur « Predator 2 ». C’est le cas, par exemple, dans le sombre « Yoo Hoo » et son mélange de tablas, de raclements aléatoires de maracas et de petites percussions synthétiques très caractéristique des sons employés à l’époque par le compositeur. Quand aux passages à suspense associés aux confrontations contre Pat Garrett, ils se retrouvent dans des pièces telles que le sinistre « You Gonna Shoot ? » qui évoque une scène de duel du film, dans « Lynch Mob » ou dans les oppressants « Devil’s Deal » et « Tom Sees the Light », sans oublier le duel final de « Garrett’s Place ». « You Gonna Shoot ? » possède par exemple toutes les caractéristiques du style suspense 80’s d’Alan Silvestri à l’époque : trilles aigues de cordes, tenues glaciales des violons en harmonique, effets aléatoires des petites percussions (on pense par exemple à la séquence atmosphérique de « Tunnel Chase » de « Predator 2 ») et motif mystérieux et descendant des cordes.

On nage ici en plein terrain familier et les connaisseurs du compositeur reconnaîtront donc avec joie tous les éléments habituels des musiques de suspense/tension d’Alan Silvestri, qui apportent une vraie tension d’une grande intensité à l’écran. A noter que le personnage de Pat Garrett a droit à son propre thème, motif mystérieux et menaçant de cordes entendu à plusieurs reprises dans « Tom Sees the Light », « Garrett’s Place », à la fin de « You Gonna Shoot ? » ou dans « Devil’s Deal » (on entend par exemple très clairement le motif menaçant de Pat Garrett dès 0:04 dans « Devil’s Deal »), et totalement indissociable des musiques thrillers d’Alan Silvestri – on retrouvera par exemple ce genre de motif en 1993 dans la partition du film « Judgment Night ». Enfin, les quelques passages d'action nous permettent de retrouver le style action orchestral traditionnel de Silvestri, avec des orchestrations solides et très colorées typiques de ses musiques d’action des années 80/90. Impossible par exemple de résister dans le film aux envolées orchestrales musclées de « Battle » et du superbe climax d'action final de « Little Tom Dies », 6 minutes d'action pure avec quelques magnifiques solos de guitare hispanisante, sans oublier les minutes plus exubérantes de « Lynch Mob » vers le début du film. Bilan positif donc pour le score de « Young Guns II », qui s’avère être une petite réussite injustement tombée dans l'oubli et qui méritait enfin d’être édité en CD pour pouvoir être vivement appréciée à sa juste valeur. Le score d’Alan Silvestri apporte l'énergie nécessaire au film de Geoff Murphy et parvint à donner une dimension plus moderne (et sombre) aux aventures du légendaire Billy The Kid. Sans être un score hautement mémorable ni totalement indispensable dans la filmographie du compositeur, « Young Guns II » n'en demeure pas moins une partition de très bonne facture, qui dévoile un Alan Silvestri inspiré explorant pour la première fois l'univers des musiques de western, expérience qu'il renouvellera cinq ans plus tard avec « The Quick & The Dead » de Sam Raimi en 1995. A découvrir, donc !




---Quentin Billard