1-Indy's Very First Adventure 8.11
2-X Marks The Spot 3.07
3-Scherzo For Motorcycle
and Orchestra 3.49
4-Ah, Rats!!! 3.36
5-Escape From Venice 4.21
6-No Ticket 2.42
7-The Keeper Of The Grail 3.21
8-Keeping Up With
The Joneses 3.35
9-Brother Of The
Cruciform Sword 1.53
10-Belly Of The Steel Beast 5.26
11-The Canyon Of The
Crescent Moon 4.16
12-The Penitent Man
Will Pass 3.23
13-End Credits
(Raiders March) 10.36

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Warner Bros records
7599-25883-2

Musique produite par:
John Williams
Monteur de la musique:
Ken Wannberg

Artwork and pictures (c) 1989 Lucasfilm ltd. All rights reserved.

Note: *****
INDIANA JONES AND THE LAST CRUSADE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Dernier volet d'une trilogie d'aventure qui a marqué à tout jamais le cinéma d'aventure hollywoodien des années 80, 'Indiana Jones and The Last Crusade' est une nouvelle grande réussite d'un Steven Spielberg au sommet de son art à la fin des années 80, qui, quelques années plus tard, accoucherait d'un autre de ses chefs-d'oeuvre: 'Jurassic Park'. Dans ce troisième opus qui se déroule en 1938, Indiana Jones (Harrison Ford) part à la recherche de son père (Sean Connery) disparu alors qu'il menait une expédition à la recherche du mythique Saint-Graal, la coupe qui, selon la légende, aurait contenu le sang du Christ lors du repas de la Cène, quelques heures avant sa crucifixion. La légende raconte que quiconque boira dans la coupe du Graal aura la vie éternelle. Convaincu par un homme d'affaire aux ambitions douteuses nommé Walter Donovan (Julian Glover), Indiana part de nouveau à l'aventure et va découvrir une vaste conspiration Nazie visant à récupérer le Graal afin d'offrir l'immortalité aux troupes d'Hitler. C'est pour cette raison que le professeur Henry Jones, le père d'Indy, a été kidnappé par les Nazis qui le retiennent actuellement prisonniers dans un château situé quelque part en Allemagne, placé sous la garde du tyrannique colonel Vogel (Michael Byrne). 'Indiana Jones & The Last Crusade' a su renouveler l'exploit de 'Raiders of The Lost Ark' en offrant un nouveau spectacle aussi inspiré que le premier opus. Peut-être est-ce tout simplement parce qu'à chaque épisode, Steven Spielberg a su s'entourer de la meilleure équipe qui soit (George Lucas/Frank Marshall à la production, John Williams à la musique, un casting de très grande qualité, ILM aux effets visuels, etc.). Peut-être est-ce aussi tout simplement parce que, plus que quiconque à Hollywood, Spielberg a toujours eu un sens inné pour le spectacle et que la trilogie des 'Indiana Jones' a toujours offert le meilleur de ce que le célèbre réalisateur américain était capable d'offrir dans ce domaine. Aussi excitant et captivant que 'Raiders of The Lost Ark' et 'Indiana Jones & The Temple of Doom', 'The Last Crusade' possède quelques nouveaux bon points essentiels: tout d'abord, on retrouve les Nazis dans le rôle des grands méchants de service (cf. scène célèbre où Indy rencontre Hitler en face à face). Ensuite, on retrouve l'intrigue d'un artefact religieux légendaire qui faisait tout l'intérêt de la trame mythique du scénario de 'Raiders of The Lost Ark', ce qui permet ainsi à Spielberg de mélanger dans son film aventure et magie. Evidemment, le film contient quelques grands morceaux de bravoure (et d'humour) comme la scène spectaculaire de l'affrontement sur le tank Nazi, la scène avec Hitler, la séquence du sauvetage hors du château allemand, la scène de la poursuite en side-car, la scène des épreuves finales dans le temple du Graal, etc. Il faudra aussi mentionner un long prologue inoubliable dans lequel il est question d'Indy dans sa jeunesse lors de ses années scoutes, alors qu'il se découvrait un goût certain pour l'archéologie, l'aventure et le danger. Pour finir, ce troisième épisode est aussi important puisqu'on y retrouve Indy face à son père incarné par le brillant Sean Connery, toujours aussi charismatique. Le fait même d'avoir associé le père et le fils Jones a fait de ce nouvel épisode un film d'aventure inoubliable, un grand classique du cinéma d'aventure hollywoodien indémodable, qui semble traverser le temps sans jamais perdre de sa fraîcheur, de son intensité. Un film inégalable, un exploit rare que l'on ne reverra certainement plus avant très longtemps: un chef-d'oeuvre du genre, tout simplement!

Evidemment, la célèbre musique de John Williams a parfaitement contribué au succès de la trilogie des 'Indiana Jones'. Force est de constater que même après deux films monumentaux avec des partitions colossales, Williams est toujours en pleine forme et nous livre le meilleur de lui-même avec 'The Last Crusade', qui reste sans aucun doute sa meilleure musique écrite pour la trilogie. On y retrouve bien entendu le célèbre thème de 'Raiders March' (marche des aventuriers), grande chevauchée cuivrée et excitante qui fait partie des plus grands thèmes du compositeur aux côtés de ceux de 'Jaws', de 'E.T.' ou de 'Star Wars'. Mais ici, c'est surtout les nouveaux thèmes composés pour 'The Last Crusade' qui font tout l'intérêt de cette magnifique partition symphonique épique à souhait. Ainsi, Williams a écrit un superbe thème solennel pour le Graal, un thème intimiste et touchant pour le père d'Indiana Jones, un thème plus simple pour la famille Jones, un thème martial et cuivré très 'bad guy' pour les Nazis et un thème d'action entendu notamment dans le célèbre 'Scherzo for Motorcycle & Orchestra'. Avec la technique traditionnelle des leitmotive, Williams va utiliser ses différents thèmes tout au long du film avec un sens aigu du rythme, des orchestrations et de l'épique. Le prologue lui-même est déjà un beau moment d'aventure ('Indy's First Adventure'), qui débute d'ailleurs de manière assez sombre avec des tenues dissonantes de cordes alors que l'on voit à l'écran les premiers plans d'un canyon désertique. Très vite, Williams déploie son écriture symphonique traditionnelle très 'Golden Age' hollywoodien, suggérant ici le suspense et le début de l'aventure alors que le jeune Indy scoute vole un artefact à un pillard afin de le mettre dans un musée. On appréciera ici la façon dont Williams met très rapidement en place le rythme par le biais de petits motifs qu'il développe à loisir en accompagnant cette première longue séquence de poursuite entraînante (scène dans le train du cirque). On remarquera finalement néanmoins le côté un peu sautillant de ce premier grand morceau d'action qui suggère la fougue et la vivacité du jeune Indiana Jones. Aucun doute, avec 'Indy's First Adventure', John Williams nous convie déjà à une grande aventure qui s'annonce prometteuse.

L'aventure se poursuit avec 'X Marks The Spot' qui nous dévoile le thème du Graal lors de la scène où Indiana Jones s'envole en direction de Venise. Vibrant, le thème du Graal possède cette noblesse d'esprit à travers une écriture harmonique verticale qui rappelle parfois le style des chorals protestants religieux de J.S. Bach. La scène se prolonge alors dans la cathédrale à Venise où Indy et Elsa recherchent l'emplacement les menant au tombeau d'un chevalier légendaire, Williams suggérant alors ici le mystère, aboutissant au sombre 'Ah, Rats!!!'. Plus sombre, le morceau débute sur un étonnant glissendi de cordes dégoulinantes pour suggérer la présence de rats dans le tunnel les menant au tombeau. On retrouve ici le style atonal de Williams, hérité de partitions comme 'Close Encounters of The Third Kind' ou 'Jaws', preuve que le compositeur se plaît décidément à varier les ambiances tout au long du film. C'est d'ailleurs au cours de cette séquence dans le tunnel que Williams nous glisse une petite touche d'humour lorsque Spielberg fait un bref clin d'oeil ironique à l'arche de l'alliance de 'Raiders of The Lost Ark', Williams faisant alors brièvement référence à son fameux thème de l'arche (on retrouvait ce genre de clin d'oeil dans 'The Temple of Doom'). 'Ah, Rats!!!' aboutit à une première apparition du thème du père Jones précédé du thème du Graal, le morceau se concluant alors sur un bref morceau d'action massif et excitant pour la séquence de l'incendie dans le tunnel. L'action se prolonge dans l'entraînant 'Escape From Venice' pour la poursuite en bateau sur les canaux de Venise, qui donne à l'occasion pour le compositeur de nous rappeler qu'il est décidément un maître des grosses musiques d'action aux orchestrations soignées, Williams n'hésitant pas ici à glisser quelques petites parties de mandoline pour suggérer le côté 'italien' des décors (idée intéressante qui vient apporter un peu de relief à ce brillant morceau d'action). Plus humoristique, 'No Tickets' nous permet de nous détendre un peu avec un motif de cordes amusant pour la scène où Indy balance Vogel par-dessus le zeppelin allemand (on remarquera la façon dont les cordes et les vents jouent en octave, pour donner un côté un peu 'patapouf' amusant à la musique, qui semble même se moquer ouvertement des Nazis).

L'action atteint un sommet avec les deux incontournables grands morceaux de bravoure du score, 'Scherzo For Motorcycle and Orchestra' et 'Belly Of The Steel Beast'. Le premier, comme son nom l'indique (non sans humour), est un superbe Scherzo sur une mesure à 6/8 accompagnant avec énergie la scène de la poursuite en side-car avec les Nazis, ce qui nous permet à l'occasion d'entendre ici le thème martial des Nazis. Le thème du Scherzo accompagne ainsi plusieurs scènes d'action du film, la poursuite en side-car nous proposant ainsi la version développée et excitante du Scherzo dans toute sa splendeur, au cours duquel Williams dévoile un contrepoint inspiré et de très grande qualité. Véritable morceau de course-poursuite excitant à souhait, 'Scherzo For Motorcycle and Orchestra' est un superbe dialogue orchestral où le pupitre des cordes et des cuivres avec vents se partagent la pièce dans un contrepoint digne des grands maîtres du genre (on appréciera à l'occasion l'envol héroïque et cuivré très bref du célèbre thème d'Indiana Jones). Plus massif et plus agressif, 'Belly Of The Steel Beast' décrit avec fureur la confrontation entre Indy et ses amis et les Nazis dans le tank de Vogel. Gros morceau d'action de plus de 5 minutes, 'Belly Of The Steel Beast' nous permet de retrouver ici le style du fameux 'Desert Chase' du score de 'Raiders of The Lost Ark', avec ce même style d'écriture très rythmique et syncopé des cordes, des cuivres massifs et des percussions martiales enragées qui apportent une énergie considérable à cette grande scène d'action (sans aucun doute l'un des plus grands morceaux de bravoure de tout le score!).

On ne pourra pas manquer une excellente reprise du thème des Nazis dans 'Brother Of The Cruciform Sword' suggérant leur quête du Graal tandis que 'The Canyon Of The Crescent Moon' développe une ambiance plus sombre et mystérieuse pour la séquence dans le canyon qui mène au temple du Graal. On notera ici l'utilisation étonnante d'une flûte synthétisée qui apporte une couleur mystérieuse surprenante à la scène et à la pièce de Williams, suggérant la tension lors d'une scène où un soldat tente de traverser une des nombreuses épreuves menant à la chambre du Graal, aboutissant à 'The Penitent Man Will Pass', qui développe à son tour une ambiance sombre et quasi-mystique (utilisation étonnante d'un choeur samplé dans la scène où Indy traverse la passerelle invisible au-dessus du gouffre). C'est d'ailleurs l'occasion pour le musicien de développer le thème du Graal. 'The Penitent Man Will Pass' décrit merveilleusement le côté mystérieux et mystique de cette traversée des épreuves dangereuses où il est dit que seule 'le pénitent pourra passer'. Une fois encore, Williams se montre très inspiré et ce quelque soit la scène qu'il lui est donné à illustrer, preuve que la collaboration entre Spielberg et Williams aura décidément permit à Williams de nous offrir ses plus belles pages pour le cinéma.

En finit en beauté avec le génial 'End Credits (Raiders March)', superbe suite de plus de 10 minutes où Williams récapitule ses différents thèmes pour le film, à commencer par le thème familial vaguement suggéré pour le final (Indy sauve son père), puis le thème du Graal dans toute sa splendeur, suivi du thème du père et de l'inoubliable suite de la 'Raiders March' pour le générique de fin, véritable hymne immortel à l'aventure. En clair, que dire de plus sur une partition aussi célèbre qu'est 'Indiana Jones and The Last Crusade', si ce n'est qu'il s'agit sans aucun doute de la meilleure partition qu'ait put écrire John Williams pour la superbe trilogie de Steven Spielberg! Emportés dans un torrent d'aventure, d'émotion, de suspense et d'action, on ne peut qu'apprécier une partition symphonique aussi monumentale qui propulse continuellement l'inspiration d'un compositeur au sommet de son art qui, en plus de faire preuve d'une passion stimulante pour son métier, entretient une relation privilégiée avec un réalisateur qui continuera toujours à lui servir de source d'inspiration. Véritable opéra symphonique, la partition de 'Indiana Jones and The Last Crusade' est aussi un magnifique mariage entre les images et la musique, une sorte gloire certaine pour la musique de film avec un compositeur qui lui offrit ses lettres de noblesse au cours de près de quatre décennies. Que dire de plus au final si ce n'est que le score de 'Indiana Jones and The Last Crusade' fait sans aucun doute partie de ces grands chef-d'oeuvres de la musique de film que vous ne devez manquer sous aucun prétexte!


---Quentin Billard