1-Yekeleni Part I/
Mia's Lullaby 2.35
2-Heart of Darkness 2.01
3-Small Piece For Doumbek
And Strings/Koprano Part I 8.55
4-Under The Forest Calm 1.07
5-Yekeleni Part II/Carnage 7.55
6-Koprano Part II 2.25
7-Night 2.34
8-Cry In Silence 2.04
9-The Jablonsky Variations On
A Theme By HZ/
Cameroon Border Post 8.42
10-The Journey/
Koprano Part III 8.17

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 457-2

Musique produite par:
Hans Zimmer
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Musique additionnelle de:
Heitor Pereira, Lebo M,
Lisa Gerrard, Steve Jablonsky,
Andreas Wollenweider,
Martin Tillmann, Jim Dooley

Musique montée par:
Bob Badami

"Yekeleni"
Composé par:
Heitor Pereira, Lebo M

"Mia's Lullaby"
Composé par:
Lisa Gerrard, Steve Jablonsky

"Koprano"
Composé par:
Hans Zimmer, Lebo M

"Under The Forest Calm"
Composé par:
Andreas Vollenweider,
Heitor Pereira


"Cry In Silence"
Composé par:
Martin Tillmann, Jim Dooley

"The Jablonsky Variations
On A Theme By HZ"
Composé par:
Hans Zimmer, Steve Jablonsky

Cameroon Border Post:
Hans Zimmer, Lebo M

Artwork and pictures (c) 2003 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
TEARS OF THE SUN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Prévu à l'origine par la production pour être 'Die Hard 4', quatrième aventure du célèbre John McClane alias Bruce Willis, un revirement de scénario et un abandon du projet a fait de 'Tears of The Sun' (Les larmes du soleil) un film au sujet et au style totalement différent. En évoquant les horreurs commises pendant la guerre civile qui déchire le Nigeria, le réalisateur Antoine Fuqua délaisse son style action habituel pour nous offrir un drame poignant et brutal qui évoque la triste situation que connaît cette région d'Afrique du sud toujours ravagé par les épurations ethniques, les milices sanguinaires et les dictatures. Après la chute de la démocratie et l'assassinat de la famille présidentielle, l'armée américaine décide d'y envoyer un commando secret dirigé par le lieutenant A.K. Waters (Bruce Willis). La mission du commando est simple: récupérer et faire évacuer le docteur Lena Kendriks (Monica Bellucci), une femme médecin américaine par mariage qui se trouve dans une mission catholique dans un village du Nigeria, ainsi que quelques religieuses. Mais Kendriks refuse catégoriquement de partir en abandonnant ses proches et ses blessés qui ont besoin d'elle. Pourtant, les ordres qu'a reçu Waters du capitaine Bill Rhodes (Tom Skerritt) sont simples: il n'y a pas de discussion possible, le docteur Kendriks doit être évacuée coûte que coûte. Waters décide alors d'escorter Kendriks avec un groupe de réfugiés valides, afin de traverser la jungle pour éviter à tout prix les milices et rejoindre le point de contact où un hélicoptère viendra les chercher. Mais Kendriks ne sait pas encore que Waters n'a jamais eu l'intention de faire évacuer les réfugiés. Ce dernier devra pourtant faire face à un terrible cas de conscience: obéir aux ordres de son supérieur et abandonner les réfugiés sur place, promis à un sort funeste, ou désobéir et partir sauver les réfugiés en risquant d'affronter les milices qui les traquent dans la jungle.

'Tears of The Sun' est plus qu'un simple film de guerre. Il s'agit d'un drame humain poignant qui témoigne avec brutalité de la situation dramatique au Nigeria, un pays que l'on oublie trop souvent mais qui se trouve à son tour ravagé par les massacres et les horreurs de la guerre civile. Evidemment, les héros du film sont ici des militaires américains dirigés par un Bruce Willis toujours aussi convaincant, et ce bien qu'une fois encore, son personnage soit finalement très stéréotypé (un gros dur qui se laisse finalement convaincre par sa propre conscience et qui finit par sauver tout le monde). Les critiques ont ainsi reproché (injustement) le message 'interventionniste' du film alors que le droit à l'ingérence ne représente finalement qu'une infime partie de 'Tears of The Sun', l'essentiel se concentrant essentiellement sur l'aspect humain et dramatique. Afin de rendre son récit plus crédible et plus authentique, Antoine Fuqua a décidé de faire appel à des personnes ayant connus la réalité de ces situations pour interpréter certains réfugiés du film. Le message n'en est que plus fort. Le réalisateur nous parle ainsi du dépassement de soi pour servir une cause humanitaire et dénonce au passage les atrocités commises dans ce pays. A ce sujet, la scène du massacre dans le village vers le début du film est absolument terrible, à la limite de l'insoutenable. Si 'Tears of The Sun' s'oriente aussi vers l'action et le film de guerre (certaines scènes de fusillades et de suspense sont à couper le souffle!), le film d'Antoine Fuqua vaut surtout par sa peinture émotionnelle d'un groupe d'individus unis pour tenter de sauver ces réfugiés dans des conditions extrêmes. Evidemment, on pourra toujours reprocher le côté héroïsme U.S. de Bruce Willis et de ses camardes, mais qu'importe, 'Tears of The Sun' reste un bon film de guerre poignant, dur, parfois insoutenable, qui nous sensible au passage sur la réalité d'une bien triste situation.

Un sujet pareil ne pouvait attirer qu'un seul compositeur: Hans Zimmer. Effectivement, ce dernier semble être un habitué des ambiances musicales africaines si l'on considère ses travaux du genre effectués pour 'A World Apart', 'The Lion King' (cf. l'album 'Hakuna Matata') et 'The Power of One'. 'Tears of The Sun' ne déroge pas à la règle et nous présent l'attirail habituel du compositeur: orchestre, synthés traditionnels de chez Media-Ventures, solistes africains (incluant la participation de Lebo M), percussions diverses, instruments africains, etc. Comme à l'accoutumée, Zimmer s'est entouré une fois encore de son équipe de musiciens habituels, incluant, en plus de Lebo M pour les parties vocales africaines, le guitariste Heitor Pereira, Steve Jablonsky, la chanteuse Lisa Gerrard, Jim Dooley, Mel Wesson (crédité à " ambient music ") et le harpiste Andreas Vollenweider, pour ses parties de harpe envoûtantes. Une fois encore, la partition de 'Tears of The Sun' est une nouvelle collaboration entre Hans Zimmer et ses compositeurs de Media-Ventures, qui nous offrent ici une musique émouvante et sombre, dans la lignée du film d'Antoine Fuqua. Une seule pensée nous vient immédiatement à l'esprit à l'écoute de cette musique dans le film: on a l'impression de faire une excursion dans 'The Power of One' et l'inévitable 'The Thin Red Line', score de référence pour Hans Zimmer qui, depuis la création de ce grand chef-d'oeuvre inattendu, n'hésite pas à faire constamment référence à ce style musical dramatique et intimiste pour tout ce qui touche de près ou de loin à la guerre, un jeu de référence facile auquel le compositeur n'a par exemple pas réussi à échapper avec 'Invincible' ou le récent 'The Last Samurai'. Heureusement, 'Tears of The Sun' arrive à se détacher du climat méditatif de 'The Thin Red Line' pour nous offrir un score de qualité, où la musique ne se laisse jamais trop submerger par des tonnes d'émotion et se contente parfois de rester en retrait afin de mieux accentuer le contexte dramatique du récit.

'Yekeleni Part I/Mia's Lullaby' impose d'entrée de jeu une ambiance plus lente et atmosphérique que réellement dramatique et agitée. Zimmer mélange ainsi la voix du soliste africain évoquant le Nigeria, la guitare, les instruments traditionnels africains avec percussions et quelques voix en choeur pour illustrer les décors. Le premier motif apparaît alors très vite dans 'Heart of Darkness', un motif de 6 notes confié à une trompette solitaire sur fond de cordes sombres et de quelques notes de harpe discrète. La musique impose dès les premières scènes du commando avec les réfugiés dans la jungle une atmosphère plus inquiétante, plus tendue, tout en jouant encore sur la retenue. Cette trompette est ici synonyme d'inquiétude, d'avenir funeste. Avec quelques notes, le compositeur arrive à capter tout le sentiment de menace et de danger qui pèse sur Kendriks, les réfugiés, Waters et ses hommes. Enfin, le drame nous est dévoilé dans 'Small Piece For Doumbek and Strings/Koprano Part I''. Zimmer utilise alors le doumbek (fameux tambour africain dont on retrouve de nombreuses variantes dans le monde arabe) avec cordes, guitare et quelques touches électroniques atmosphériques. Le morceau attire ici notre attention par l'utilisation des parties vocales plus plaintives, pour la scène où Waters abandonne les réfugiés en pleine jungle. La musique évoque alors directement cette situation dramatique, tout en se rapprochant déjà plus ici du style dramatique de 'The Thin Red Line'. Ce rapprochement ce prolonge avec 'Under The Forest Calm' incluant une partie de guitare très méditative d'Heitor Pereira, la harpe d'Andreas Vollenweider, quelques instruments exotiques et la trompette, synonyme de danger (le groupe se cache dans la forêt).

Si le drame était déjà évoqué dans 'Small Piece for Doumbek and Strings', il se prolonge dans l'agité 'Yekeleni Part II/Carnage', qui oscille entre chaos total et élégie poignante. C'est lors de la terrible scène de carnage qu'intervient pour la première fois le thème principal (qui connaîtra une variante finale grandiose pour le générique de fin), un thème mélancolique qui évoque évidemment la connerie humaine et l'horreur de la guerre, avec une très belle partie vocale africaine. Tout ceux qui ont appréciés les parties élégiaques de 'The Thin Red Line' ou de 'Invincible' devraient apprécier ce nouveau thème pour 'Tears of The Sun', dans lequel le compositeur résume tout l'esprit du film et nous offre un grand moment d'émotion dans l'un des plus terribles moments du film. Dès lors, l'ambiance se fait encore plus mélancolique et méditative avec le très beau 'Koprano Part II' où Zimmer reprend le thème avec un choeur à bouche fermé en arrière-fond et la partie vocale africaine plaintive (Lebo M, associé à l'occasion avec Lisa Gerrard), pour une nouvelle expression d'émotion qui contraste brillamment avec les horreurs présentées à l'image. L'exaspération, la colère et la souffrance transparaissent alors dans le sombre 'Cry In Silence', pièce plus atmosphérique qui joue sur des tenues de cordes/synthé assez glauques et guère propice à susciter l'enthousiasme.

Zimmer n'oublie pas ses copains puisqu'il inclut sur l'album publié par Varèse Sarabande une bonne partie du travail effectué par Steve Jablonsky avec 'The Jablonsky Variations On A Theme By HZ', suivi de 'Cameroon Border Post', superbe point culminant de la partition pour le final au bord de la frontière du Cameroun (sans oublier toutes les pièces de musique additionnelle telle que 'Cry In Silence', 'Under The Forest Calm', etc.). La musique s'oriente alors vers l'action avec un flot de percussions électroniques/acoustiques déchaînées, la partie vocale de Lebo M et les traditionnels synthé action de Zimmer pour l'un des moments forts du score, décrivant la fuite vers la frontière et la fusillade avec la milice. Pour les gros fans des musiques d'action de chez M-V, 'Cameroon Border Post' devrait les ravir pleinement, tandis que 'The Jablonsky Variations On A Theme By HZ' s'avère être nettement plus dramatique et poignant, développant le thème de Zimmer pour un grand moment d'émotion au final. Le film, ainsi que le score, se conclut sur l'incontournable 'The Journey/Koprano Part III', qui reprend le thème principal dans une variante grandiose typique de Hans Zimmer. Malgré la beauté et la puissance musicale déployée dans cette longue pièce finale de plus de 8 minutes, incluant Lebo M, le choeur africain, les percussions, l'orchestre et les synthés, on ne pourra que reprocher au compositeur de nous avoir livré une nouvelle variante du final de 'A World Apart'. Effectivement, il ne fait aucun doute que le compositeur est allé piocher ici du côté de sa première partition majeure pour le cinéma à une époque où il galérait encore pour se faire connaître, aux côtés de son mentor, Stanley Myers. Certes, ce final s'apprécie à sa juste mesure et conclut le film sur une touche émotionnelle/africaine puissante, mais laisse un léger goût de déception devant le manque d'originalité d'un compositeur inspiré qui en revient pourtant à recycler ses vieilles formules parfois éculées alors qu'il est capable de faire bien mieux que cela.

Au final, le score de 'Tears of The Sun' est autant l'oeuvre de Hans Zimmer que de ses fidèles collaborateurs, qui nous livrent un travail fini, bien fait mais peu original au regard du potentiel créatif de Hans Zimmer. Néanmoins, la partition de 'Tears of The Sun' possède au moins l'avantage de nous rappeler qu'une fois encore, Hans Zimmer semble vouloir suivre la voie de films plus dramatiques et plus humains, bien qu'il concède toujours une petite place minime à l'action. Le score apporte une franche dose d'émotion au film d'Antoine Fuqua, sans pour autant tomber dans le sentimentalisme primaire. C'est ce rapport plus retenu à l'image qui fait toute la qualité et la richesse de cette nouvelle composition, et ce même si l'on retrouve quelques moments d'action plus sombres et plus puissants, nous rappelant qu'il s'agit avant tout d'une partition de chez Media-Ventures. Reste que 'Tears of The Sun' est à conseiller essentiellement aux amateurs du compositeur et à ses ambiances africaines/électroniques d'usage.


---Quentin Billard