1-The Touch 4.01*
2-Legend of The Touch 2.15
3-The Monkey King Enthralls 1.47
4-The Heart of Dun Huang 1.38
5-In The Heart of The Night 2.44
6-Memories of Days Gone 3.41
7-Trouble Under Blue Skies 5.32
8-Glimpses Down The Path 2.13
9-A Light Dimmed 2.30
10-Farewell Kind Soul 1.49
11-Healing of Hearts 3.19
12-Thru' The Forest 3.20
13-Secret Revealed 4.22
14-I'll Never Leave You 4.39
15-Destiny Awaits 12.51
16-I Believe 4.32
17-Time To Choose 3.34

*Interprété par Kelly Chen
Arrangé par Basil Poledouris.

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Go East Records
GEE 064778-2

Produit par:
Basil Poledouris

Artwork and pictures (c) 2002 Go East Records, Inc. All rights reserved.

Note: ***
THE TOUCH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
Directeur de la photographie sur de nombreuses productions chinoises, Peter Pau s'est lancé dans la réalisation avec 'Wu du qing chou' (Misty) en 1992. 10 ans plus tard, le voilà de retour derrière la caméra avec 'The Touch' (Le Talisman), film d'aventure à l'ancienne qui se veut comme une sorte de croisement entre 'Raiders of The Lost Ark' et 'Tomb Raider'. Hélas, Pau aurait certainement mieux fait de continuer à bosser en tant que directeur de la photographie, car lorsqu'on voit le résultat sur son nouveau film, on est droit de se demander si le quidam a un quelconque talent pour tourner des films. L'intrigue, misérable, accumule cliché sur cliché (il est question d'un talisman qui conduit à un trésor magique que convoite un individu sans scrupule), le méchant, caricatural à souhait - un Richard Roxburgh qui tombe décidément de plus en plus bas à chaque film auquel il participe - sombre très vite dans le ridicule, sans oublier ces quelques touches d'humour bidons qui plombent le film et imposent finalement le style d'un dessin animé infantile de bas étage (genre le bras droit stupide du méchant qui lui promet une grosse mission et qui se retrouve finalement à laver sa voiture). Reste les quelques scènes d'acrobatie brillamment interprétées par Michelle Yeoh dans le rôle de Yin Feï, héroïne du film qui s'associe à son ex-petit ami, Eric (Ben Chaplin), pour tenter de retrouver son jeune frère et sa petite amie partis seuls afin de retrouver la trace du talisman dérobé par le cruel Karl et ses sbires aux cerveaux de puce qui convoitent le Shahira, une précieuse relique sacrée aux pouvoirs magiques. Hélas, si le film possède un rythme assez bien entretenu, les 20 dernières minutes sombrent à leur tour dans le ridicule absolu avec des effets spéciaux totalement ratés (on croirait assister à un jeu Playstation), des superpositions d'images maladroites et un combat final tellement gros et mal filmé qu'il tombe à plat dès qu'il commence. Et après cela, on s'étonne que le film ne soit même pas resté plus d'une semaine à l'affiche dès sa sortie en France durant l'été 2003!

'The Touch' marque le retour inattendu du grand Basil Poledouris dans le registre de l'aventure épique. Hélas, si certains ont très vite criés au génie dès la sortie en import asiatique du score du film, force est de constater que 'The Touch' n'a pourtant rien pour égaler 'Conan The Barbarian' ou 'Farewell To The King'. Le score séduit quand même par son côté asiatique auquel le compositeur a dû se conformer, une partition qui semble avoir été écrite par un compositeur asiatique de Hong-Kong. Il s'agit d'ailleurs sans aucun doute ici de la plus belle surprise, celle de voir un compositeur américain participer pour la première fois de sa carrière à une grosse production Hong-Kongaise (une première pour un film chinois!). Le score se distingue donc par son utilisation de l'orchestre - le Beijing's China Philharmonic Orchestra - mélangé à des percussions électroniques/acoustiques héritées de 'Crocodile Dundee In Los Angeles', un choeur, quelques synthétiseurs et une pléiade d'instruments chinois traditionnels tels que le fameux erhu. D'un point de vue thématique, la partition s'articule autour d'un très beau thème principal qui évoque un univers de magie et d'aventure dans 'Legend of The Touch', excellente ouverture du film introduisant le thème aux cordes avec une flûte asiatique et quelques percussions encore discrètes (percussions en bois, timbales, etc.). A noter que le thème est apparemment emprunté à une mélodie populaire chinoise que Poledouris a adapté dans son score pour les besoins du film. La seconde partie du morceau, plus surprenante, nous dévoile un Poledouris électronique avec une rythmique moderne dans un style majestueux et quasi épique. Le morceau décrit en fait la chorégraphie introductive interprétée par Michelle Yeoh et son complice dans la scène du cirque de la compagnie d'acrobate 'The Touch'. On regrette que ce très beau passage -hélas trop court- n'apparaisse que pour illustrer de manière fonctionnelle un simple numéro d'acrobatie, le morceau étant d'ailleurs totalement absent de la suite de la partition.

On plonge dans le coeur de l'aventure avec 'The Monkey King Enthralls' où Poledouris dévoile le côté asiatique de sa partition avec orchestre, choeur et une pléiade de percussions impressionnantes, passant des timbales aux percussions en bois et électroniques. Ces percussions sont d'ailleurs ici présentes afin d'illustrer l'action et les moments de tension du film. Poledouris se montre hélas bien moins inspiré lorsqu'il s'agit d'évoquer des passages plus calmes et atmosphériques comme 'The Heart of Dun Huang' (découverte du coeur de Dun Huang par Karl, le méchant du film), qui se distingue néanmoins par son utilisation d'une guitare asiatique. 'In The Heart of The Night' s'oriente à nouveau vers l'action tout en maintenant un certain suspense pour la scène où Eric vole le trésor à Karl. On notera une fois encore le mélange entre percussions électroniques et percussions en bois, des mélanges intéressants qui apportent un petit plus au score même si l'on regrettera ici aussi le côté tout à fait quelconque du morceau.

Yin Feï se souvient de sa jeunesse dans le très beau 'Memories of Days Gone' qui affiche ici un côté plus romantique en ayant recours à une jolie variante du thème principal, tandis que 'Trouble Under Blue Skies' s'oriente vers l'action avec cette utilisation de percussions synonymes d'action et de danger, les percussions étant ici employées pour décrire un affrontement entre Yin Feï, Eric et les sbires de Karl (on a clairement l'impression d'entendre une musique d'un compositeur asiatique écrite pour un film de Hong-Kong). On notera ici une séquence entièrement composée pour percussions seules, Poledouris nous proposant une fois encore un intéressant cocktail de percussions diverses pour accompagner l'action du film et la plupart des scènes de combat. En tout cas, il ne fait aucun doute que 'Trouble Under Blue Skies' fait partie des meilleurs morceaux d'action du score. Dès lors, le score de 'The Touch' s'évertuera à retranscrire ce climat d'action et d'aventure reposant en majeure partie sur l'orchestre et les percussions diverses qui constituent la partition de Poledouris. L'action n'empêche pas non plus le compositeur de nous réserver quelques moments d'intimité plus agréable comme le mélancolique 'Healing of Heart' et son mélange cordes/harpe/piano qui décrit le rapprochement entre Yin Feï et Eric, son ancien compagnon.

Avec 'Secrets Revealed', où l'atmosphère se fait plus sombre, on se rapproche résolument du climax final. Poledouris amène progressivement une certaine tension, car, après la traversée du désert illustrée par une excellente reprise du thème principal aux consonances asiatiques dans l'aventureux 'I'll Never Leave You', c'est le très long 'Destiny Awaits (près de 13 minutes) qui décrit l'affrontement final dans le temple sacré du Shahira. Poledouris décrit le climax (désastreux!) du film sur le ton de l'aventure avec les choeurs en renfort pour représenter l'aspect grandiose et massif de la séquence (noyée sous une tonne d'effets spéciaux complètement ratés). Une fois encore, ce sont les percussions qui dominent, et malgré les efforts louables du compositeur, le morceau manque cruellement d'ambition pour un morceau censé évoquer un climax puissant. On regrette par exemple que la chorale ne soit pas plus présente, que l'orchestre ne sonne pas plus massif, plus enlevé. Bref, on regrette que 'Destiny Awaits' ne soit finalement pas plus épique que cela, surtout sur une aussi longue séquence d'action. 'I Believe', autre morceau de qualité du score, apporte une conclusion plus positive à cette aventure pour une nouvelle variante de qualité du thème principal débouchant sur le conclusif et plus léger 'Time To Choose', avant la chanson du générique de fin interprétée par Kelly Chen.

Au final, malgré ses bons moments, 'The Touch' est loin d'être le chef-d'oeuvre annoncé et acclamé par la plupart des béophiles de la planète. Certains avaient annoncé un nouveau 'Conan The Barbarian', et ils sont finalement bien loin de la réalité. Le score manque un peu de relief, d'inspiration, de moments plus épiques. La musique fonctionne très bien dans le film de Peter Pau mais manque de retenir notre attention et s'affiche plus comme une simple partition d'aventure fonctionnelle qui surprend uniquement de par ses nombreuses touches asiatiques inhabituelles pour Basil Poledouris. De son côté, le compositeur renoue avec l'aventure après une série de films mineurs et bien souvent médiocres. Force est de constater qu'après l'incontournable 'Starship Troopers', la carrière de Basil Poledouris battait un peu de l'aile au milieu de tous ces films sans envergure qui jalonnent hélas une bonne partie de sa filmographie de la seconde partie des années 90. C'est donc sans aucun doute le retour de Poledouris dans l'aventure qui a probablement stimulé les réactions enthousiastes exagérées qu'a reçu le score à sa sortie. Mais si l'on prend du recul par rapport au score et que l'on décide d'être un peu plus réaliste, on s'apercevra vite que 'The Touch' déçoit un peu par rapport à ce que Basil Poledouris a fait précédemment dans le domaine de l'aventure épique, un genre qui lui a pourtant toujours bien réussi. Mais ne soyons pas très sévère, car si le bilan final est assez mitigé, l'ensemble n'en demeure pas moins de qualité et reste un effort correct sans plus de la part du compositeur.


---Quentin Billard