1-Ring 2 - Trailer 5.19
2-Anguish Beneath
The Waters 5.14
3-Vestiges of Terror 3.12
4-Energy of The
Phantasmagorical 3.38
5-Terror's Curse 3.12
6-Fate 4.15
7-Whispers of The
Vengeful Dead 3.34
8-The Sound of The
Black Waves 4.46
9-Shock 6.27
10-Smile Icily for Me
(Edit Version) 3.04*

*Interprété par Imai Miki
Paroles et musique de:
Hotei Tomoyasu.

Musique  composée par:

Kenji Kawai

Editeur:

EverAnime TV8-56

Album produit par:
Kenji Kawai

Artwork and pictures (c) 1999 Kadokawa Shoten Publishing Co. Ltd. All rights reserved.

Note: ***1/2
RINGU 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Kenji Kawai
Avec le succès de son 'Ringu', il était évident qu'Hideo Nakata réalise une suite à son film culte. Et voici 'Ringu 2', qui prolonge l'histoire de la cassette vidéo maudite et de la malédiction de Sadako avec un film plus agité et déjà moins monotone. Après la mort de son ex-mari, Reiko Asakawa ( Nanako Matsushima) a décidé de disparaître, emportant avec elle son jeune fils, Yoichi (Rikiya Otaka). Une journaliste nommée Mai Takano décide d'en savoir plus à propos de la mort de son petit ami, Ryuji (qui se trouve être l'ex-mari de Reiko). Elle entend parler à son tour de l'histoire concernant la cassette vidéo maudite. En menant son enquête, elle découvre que Sadako, la fille responsable de cette malédiction, possédait des pouvoirs étranges probablement hérités de sa mère, une femme médium qui possédait une très mauvaise réputation. L'autopsie du cadavre de Sadako prouvera que la fille est restée murée pendant près de 30 ans dans le puits que l'on apercevait à la fin de 'Ringu'. Pourtant, la destruction de la cassette vidéo et la découverte du cadavre auraient dû mettre fin à l'implacable vengeance meurtrière de Sadako, mais rien ne semble pouvoir l'arrêter, même pas l'au-delà. En se rendant dans un asile psychiatrique, Mai découvre qu'une des victimes de la cassette est toujours vivante et est restée plongée dans un mutisme radical. Elle découvre aussi que cette jeune fille est dotée de mystérieux pouvoirs. Après avoir retrouvé par hasard le petit Yoichi et sa mère Reiko, elle ne va pas tarder à découvrir que l'enfant, tombé lui aussi dans un mutisme profond, possède à son tour ce même pouvoir, probablement transmis par la malédiction de Sadako. Finalement, Mai entre en contact avec un scientifique qui se dit prêt à remédier à cela en élucidant le mystère de ce pouvoir surnaturel par la science.

'Ringu 2' va beaucoup plus loin que le premier opus puisqu'il est cette fois-ci question de pouvoirs et de paranormal. En ce sens, 'Ringu 2' est une sorte de mix hasardeux entre 'The Sixth Sense' de Shyamalan et 'The Fury' de DePalma. Si 'Ringu' possédait une certaine personnalité, une originalité intrinsèque, 'Ringu 2' déçoit par son manque flagrant d'originalité et un scénario irrémédiablement tiré par le cheveu. Le principal défaut vient donc ici du fait que l'on s'éloigne radicalement de l'intrigue de la cassette vidéo pour se concentrer sur une banale histoire de pouvoirs psychiques, un sujet vu et revu 36000 fois dans le cinéma fantastique hollywoodien. On pense aussi à 'The Sixth Sense' lorsque certains personnages voient des morts sous la forme de spectres, un peu comme le personnage interprété par Haley Joel Osment et son fameux 'I see dead people'. Le final dans le puits tombe quant à lui dans le ridicule avec des effets spéciaux qui laissent un peu à désirer et qui rompt avec la crédibilité du récit souhaité par Nakata dans son premier opus. Au final, 'Ringu 2' s'avère être une déception majeure incapable de rivaliser avec la qualité du premier épisode, peut-être parce que Nakata a cette fois-ci essayé d'aller trop loin avec ce qu'il avait instauré au cours du premier opus. Dommage!

Kenji Kawai est de retour et signe la musique de 'Ringu 2' dans la veine de celle du premier opus. Cette fois-ci, Kawai va beaucoup plus loin et prolonge à son tour son travail expérimental effectué sur le premier 'Ringu' en réutilisant son travail autour des différentes masses sonores, que le compositeur nous présente au cours de la traditionnelle ouverture, 'Anguish Beneath The Waters'. On notera ici l'utilisation de sons électroniques bizarres (dont un qui fait étrangement penser à un passage du 'Pet Sematary' d'Elliot Goldenthal) avec ces mystérieuses voix samplées, suivi d'étranges percussions en bois pour l'introduction (scène du cadavre dans la morgue). La seconde partie de la pièce nous dévoile même de manière surprenante une petite mélodie de piano avec synthé new-age qui jure un peu avec l'univers macabre instauré par Kawai mais qui possède au moins le mérite d'apporter un peu de relief au score dans le film, et ce même si, à l'instar du premier opus, la musique reste toujours relativement discrète et morcelée tout au long du film, ce qui rend ses apparitions encore plus terrifiantes et angoissantes.

Le compositeur ne tarde d'ailleurs pas à évoquer l'idée de la terreur entourant la malédiction avec l'excellent 'Vestiges of Terror' qui se caractérise par son utilisation de cordes et de percussions dans un registre horrifique plus traditionnel, avant de laisser place aux sonorités atmosphériques chères au compositeur, symbolisant une fois encore l'angoisse liée à la malédiction et à ses sinistres conséquences. Plus viscéral, 'Energy of the Phantasmagorical' évoque les pouvoirs psychiques hérités de la malédiction de Sadako avec un univers électronique particulièrement macabre. Une fois de plus, Kawai se plait à traiter chaque sonorité électronique d'une manière assez originale et expérimentale, ce qui ne l'empêche pas d'utiliser à l'occasion un thème principal que l'on entend aux cordes avec synthé dans 'Fate', et qui pourrait évoquer de manière plus dramatique Yoichi et son destin lié à l'implacable malédiction. Des pièces comme 'Terror Curse', 'Fate' ou 'Whispers of The Vengeful Dead' sont parfaitement représentatifs de l'ambiance angoissante et suffocante voulue par Kenji Kawai tout au long du film. On pourra par exemple apprécier l'utilisation de sonorités cristallines proche du frottement d'un verre en cristal dans 'Terror Curse' et même dans la première partie de 'Fate', et que l'on retrouve de manière plus frappante au début du macabre 'The Sound of The Black Waves', qui décrit à merveille, comme son nom l'indique, le son des eaux sombres pour la séquence dans la piscine où les héros se retrouvent plongés dans le puits de Sadako. 'The Sound of The Black Waves' est un superbe exemple d'expérimentation sonore obtenue à partir de différentes sources, à la fois acoustiques et électroniques, le résultat restant toujours très saisissant à l'écran. Finalement, la rencontre finale entre les deux héros et Sadako se fait au son de l'horrifique 'Shock', la scène où l'héroïne tente de sortir du puit avec Yoichi étant accompagnée au son d'un véritable chaos sonore qui ne cesse d'aller crescendo d'une manière particulièrement brutale, le film se concluant sur un ultime rappel du thème mélancolique qui semble vouloir signifier que les personnages ont retrouvé la paix après avoir de nouveau affronté le fantôme de Sadako.

Au final, 'Ringu 2' s'avère être plus approfondi et plus captivant que le score du premier épisode, et ce même si le travail effectué par Kenji Kawai sur cette suite reste dans la lignée de ce qu'il avait déjà fait en 1998. Score horrifique et atmosphérique sans surprise, 'Ringu 2' nous rappelle une fois encore à quel point Kawai se plaît à expérimenter lorsqu'on lui en donne l'occasion. Sa collaboration avec Hideo Nakata est déjà assez riche et constitue l'un des plus beaux exemples de collaboration entre un réalisateur et un compositeur japonais, au même titre que la collaboration entre Mamoru Oshii et Kenji Kawai ou Takeshi Kitano et Joe Hisaishi. Certes, 'Ringu 2' n'est peut-être pas le chef-d'oeuvre inoubliable de Kenji Kawai, mais il demeure malgré tout un solide effort dans lequel le compositeur apporte une touche de frisson indispensable au film de Nakata, et continue de nous prouver qu'il a décidément plus d'un tour dans son sac!


---Quentin Billard