1-Dark Forest 2.03
2-Wrong Turn Main Title 2.11
3-Mountain Men 2.06
4-Cabin in The Woods 2.21
5-Adventure Begins 2.35
6-Mountain Men at Home 2.16
7-Francine Dies 1.28
8-Jessie 1.04
9-Scott Becomes Prey 1.34
10-Bear Trap 1.17
11-Escape from Cabin 1.26
12-Jessie Taken Hostage 2.33
13-Fire in Watchtower 2.07
14-Grim Discoveries 4.32
15-Are We Safe? 2.51
16-They Got Carly 3.41
17-Killing Mountain Men 4.10
18-We Are Alive 1.26
19-Three-Finger is Back 1.02

Musique  composée par:

Elia Cmiral

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6474

Soundtrack produit par:
Elia Cmiral
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Mike Flicker
Assistants montage:
Kevin Banks, Matt Friedman

Artwork and pictures (c) 2003 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
WRONG TURN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elia Cmiral
'Wrong Turn' (Détour mortel) est une énième variante du slasher-movie pour ados en manque de sensation forte, sauf que cette fois-ci, il n'y a pas un seul mais trois tueurs fous. L'histoire est on ne peut plus basique puisqu'on y découvre un groupe de six adolescents qui se retrouvent piégés en pleine forêt de Virginie occidentale après que leurs voitures se soient percutées par accident. L'un d'entre eux, Chris Flynn (Desmond Harrington) devait d'ailleurs se rendre à un rendez-vous au moment où il a percuté la voiture d'un groupe d'ados partis faire de la randonnée en montagne. Ensemble, ils vont s'aventurer dans les bois afin de trouver un endroit où téléphoner pour pouvoir être dépanné. Mais des cannibales défigurés qui vivent dans les montagnes s'en prennent alors à deux d'entre eux pendant que le reste du groupe s'aventure dans les bois pour chercher de l'aide. Ils découvrent alors une cabane poussiéreuse et inquiétante qui révèle de bien épouvantables secrets: c'est la cabane des cannibales, qui contient la plupart des restes de leurs victimes. Les ados se retrouvent alors bloqués dans la maison lugubre au moment où les trois monstrueux individus arrivent et viennent dévorer les restes d'une des ados du groupe. Horrifiés, Jessie (Eliza Dushku), Chris, Carly (Emmanuelle Chriqui) et son petit ami Scott (Jeremy Sisto) doivent tout faire pour ne pas paniquer et pour réussir à s'échapper sans se faire repérer. Et voilà que commence une terrifiante et sanguinaire chasse à l'homme à travers les bois sauvages.

Quel dommage que 'Wrong Turn', qui annonçait un suspense pourtant intéressant, tourne très vite dans les stéréotypes habituels du slasher-movie basique. Le générique de début, très inquiétant, suggère à travers un montage d'articles de journaux la présence d'individus difformes et défigurés qui hanteraient les bois de la Virginie occidentale (à noter d'excellents maquillages signés du grand Stan Winston), et ce bien qu'il ne s'agisse encore que de rumeurs, de légendes locales faites pour angoisser les touristes. Puis, très vite, les légendes se révèlent être une réalité terrifiante, mais qui nous laisse finalement sur notre faim: on aurait pu espérer que le script développe un peu plus l'origine de ce mystère, de ces cannibales qui hantent les bois. Le réalisateur Rob Schmidt aurait pu jouer sur la menace, la suggestion façon 'The Blair Witch Project', et pourtant, il n'en est rien. Dès lors, l'objectif clairement avoué de l'entreprise semble être plus qu'évident et on ne peut plus artificiel: il s'agit d'offrir du sang, des meurtres et des ados sexy et mignonnets -Eliza Dushku et Emmanuelle Chriqui rivalisant à celle qui montrera le plus beau décolleté, histoire d'attirer l'attention d'ados prépubères- à un public jeune toujours plus avide de sensations fortes, à tel point que l'on se demande quand même comment 'Wrong Turn' a pu échapper à la censure de la MPAA (voire la séquence assez gore où les cannibales découpent le corps de l'adolescente sur la table), et ce bien que la MPAA ait tout de même réussi à censurer une bonne partie des spots commerciaux du film. Voilà donc un nouveau slasher horrifique sans grand intérêt, si ce n'est de montrer trois ou quatre scènes bien choc, qui maintiennent bien le suspense et provoquent quelques frissons. En tout cas, pas de quoi sauter au plafond!

Elia Cmiral est décidément un habitué des films d'horreur, à tel point que l'on se demande maintenant s'il va enfin réussir à sortir de cette étiquette de compositeur de film d'horreur qu'on lui a attribué depuis 'Six-Pack'. Le compositeur d'origine tchèque, qui s'était révélé avec son excellent travail sur le 'Ronin' de feu John Frankenheimer, n'a dès lors pas eu l'occasion de se révéler sur un vrai film digne de ce nom. Sa participation au catastrophique 'Battlefield Earth' a d'ailleurs bien failli le couler définitivement, à tel point qu'il ne participe plus aujourd'hui qu'à des série-B horrifiques sans grande envergure. Il est même dommage de le voir perdre son temps sur des navets tels que 'Bones' ou 'They' sans oublier des téléfilms ou des straight-to-video alimentaires comme 'The Rats' ou 'Species III'. Dans cet océan de médiocrité cinématographique se trouve 'Wrong Turn', qui confirme le fait que Cmiral est décidément abonné aux films d'horreur lambdas et basiques à souhait. Son score pour le film de Rob Schimdt s'avère être sans surprise: on y retrouve ainsi le traditionnel mélange orchestre/synthétiseur qu'affectionne tant le compositeur, un mélange que l'on retrouvait déjà dès 'Ronin' et que le compositeur a clairement mis en avant dans sa partition colossale pour 'Battlefield Earth'.

Dans la lignée des scores pour 'Six-Pack', 'Bones' ou 'They', 'Wrong Turn' s'évertue à créer une ambiance de terreur parfaitement intégrée au film même si l'on regrette le cruel manque d'originalité apparent. Avec 'Dark Forest', l'introduction du score, Cmiral affiche clairement le but de l'entreprise: nous filer la frousse. Son motif principal de 4 notes de cordes suggère à merveille la menace des cannibales qui hantent les bois. La musique conserve dans l'introduction sa plus grande partie orchestrale, l'électronique étant essentiellement réservée aux parties plus terreur/suspense du score. On notera quelques coups de trombones/timbales qui évoquent bien ici la barbarie des cannibales. Plus atmosphérique, le 'Wrong Turn Main Title' installe une ambiance macabre faite d'effets de cordes glauques, de sonorités électroniques pesantes et sinistres et de sursauts frissonants. A l'image de ces articles de journaux qui traitent de la présence d'individus difformes dans les bois de Virginie occidentale, la musique paraît à son tour difforme, comme si chaque son formait une masse sonore quasi organique, quasi expérimentale, dans un style entièrement atonal et dénué du moindre élément thématique. Bref, un travail sonore étonnant pour un générique de début qui était pourtant précédé d'une introduction plus mélodique. Cependant, le côté sombre et horrifique du film n'empêche pas le compositeur de nous glisser quelques éléments tonals plus mélodiques comme c'est le cas dans 'Adventure Begins' avec l'utilisation d'un fiddle au ton très 'americana' agrémenté de quelques guitares et du reste de l'orchestre. Cmiral installe au début du film une fausse ambiance rassurante et agréable lorsque les ados entament leur randonnée à travers la montagne, comme si le compositeur cherchait à nous rassurer en nous promettant une jolie aventure bien sympathique et forcément hypothétique. Néanmoins, la fin du morceau se fait sur une note plus sombre, avec des contrebasses suggérant un sentiment de danger lorsque le groupe aperçoit un campement déserté dans les bois.

L'atmosphère brutale déjà vaguement suggérée dans 'Dark Forest' se confirme avec 'Mountain Men' et ses sursauts de trombones/timbales qui évoquent la sauvagerie de ces monstrueux hommes des montagnes. On se retrouve plongé ici dans le style action/thriller de 'Six-Pack' avec une utilisation similaire des percussions électroniques qui ont parfois tendance à prendre un peu le pas sur la partie orchestrale. Avec 'Mountain Men', c'est aussi l'une des meilleurs évocations des méfaits des monstrueux cannibales pour une scène de chasse à l'homme à travers les arbres de la forêt (on notera la manière dont Cmiral fait monter la tension en faisant s'accélérer le rythme des percussions à la fin du morceau - un effet très simple mais qui fonctionne bien à l'écran). Cmiral installe très vite cette ambiance de chasse à l'homme et de terreur parfaite, tout en créant la sensation d'isolement, du danger omniprésent. Plus macabre et moins orienté vers l'action, 'Mountain Men At Home' nous plonge dans le cauchemar pour la scène où les ados se retrouvent bloqués dans la cabane des cannibales (dans le prolongement du très sombre 'Grim Discoveries' pour la scène où le groupe découvre les terrifiants secrets que renferme la cabane). On appréciera ici le traditionnel travail autour des cordes pour un pur morceau de suspense glauque et glacial, le genre d'atmosphère que Cmiral affectionne tant. En tout cas, si l'ensemble n'a rien d'original en soi, l'efficacité de la musique à l'écran reste évidemment indéniable.

La chasse à l'homme se prolonge avec l'excitant 'Scott Becomes Prey' pour la scène où l'un des ados tente d'appâter les cannibales pour faire diversion. On notera ici l'utilisation de tambours suggérant le côté tribal et brutal des tueurs fous, agrémenté de sursauts orchestraux et de percussions électroniques excitantes. On notera aussi la façon dont Cmiral utilise des cuivres dissonants à grand renfort de percussions synthétiques dans l'excitant 'Fire In The Watchtower', lorsque les ados doivent sauter du haut de la tour de garde en feu. On croirait presque entendre par moment 'Ronin' ou 'Six-Pack' tant les orchestrations et l'utilisation des percussions et des synthétiseurs est ici typique d'Elia Cmiral. Même chose pour l'excitant et massif 'Killing Mountain Men', un des meilleurs morceaux d'action pour la confrontation finale contre les cannibales fous, où l'on retrouve un excellent mélange cordes tendues/cuivres dissonants/percussions électroniques déchaînées d'une efficacité toujours incontestable à l'écran. La brutalité du climax du film est parfaitement renforcée par la musique d'action de Cmiral débouchant sur un dernier rappel du thème dans le sombre 'We Are Alive'.

Vous l'aurez compris, 'Wrong Turn' est un nouveau score d'horreur signé Elia Cmiral, une partition orchestrale/électronique basique et sans grande surprise, mais qui rappelle une fois encore le savoir-faire d'un compositeur décidément en manque de projets réellement stimulants. Certes, 'Wrong Turn' a beau remplir le cahier des charges, son aspect purement fonctionnel peut tout simplement rebuter les amateurs de subtilité et tous ceux qui aimeraient entendre un de ces jours un Cmiral un peu plus inspiré sur un bon film réellement digne de ce nom. Il faut d'ailleurs espérer que sa participation au 'Iowa' de Matt Farnsworth saura relever le niveau et prouver que Cmiral a bien l'envergure d'un grand compositeur capable d'aborder tous les genres avec aisance.


---Quentin Billard