Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:


Réalisateur:
Rachel Talalay
Genre:
Thriller/Horreur
Avec:
Karen Allen, Chris Mulkey,
Ted Marcoux.

(c) 1993 20th Century Fox.

Note: ***
GHOST IN THE MACHINE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Le début des années 90 aura décidément vu apparaître à Hollywood une nouvelle race de films basés sur une technologie informatique grandissante mais qui n'en était encore à l'époque qu'à ses premiers balbutiements. Pourtant, dès 1982, Steven Lisberger avait su innover avec 'Tron' en créant tout un monde informatique inédit au cinéma à cette époque, mais c'est réellement avec les améliorations technologiques du début des années 90 que le cinéma s'est pleinement emparé des ces progrès technologiques pour en tirer de nouvelles ressources, l'ère des effets spéciaux numériques et des images de synthèse. 'The Lawnmower Man' (Le Cobaye) de Brett Leonard (1992) allait déjà en ce sens là, puisqu'il était l'un des premiers films à mélanger une intrigue de thriller sur fond d'images de synthèse et d'univers informatique. Dans la lignée de ce film aujourd'hui tombé dans l'oubli, Rachel Talalay nous proposait 'Ghost in the Machine', petite série-B sans âme qui raconte, au même titre que le film de Brett Leonard, les méfaits d'un tueur fou qui utilise l'informatique pour assassiner ses victimes. Karl Hochman (Ted Marcoux) travaille dans un magasin d'informatique. Il est aussi le redoutable serial-killer qui utilise des carnets d'adresses pour assassiner des familles entières. Le jour où Karl se tue dans un accident de voiture, son âme se retrouve piégée dans un circuit informatique, lui permettant ainsi de mener une seconde vie à l'intérieur même des réseaux informatiques. Après avoir réussi à obtenir le carnet d'adresse de Terry Monroe (Karen Allen), Karl se met en tête d'assassiner toutes ces personnes dans l'ordre des adresses mentionnées sur le carnet, à commencer par des proches de Terry, qui vit seule chez elle avec son fils Josh (Wil Horneff). De plus en plus inquiète, Terry rentre alors en contact avec Bram (Chris Mulkey), un employé de chez Datanet (une grosse entreprise d'informatique) qui s'intéresse de très près à cette histoire depuis le jour où ses ordinateurs ont débité des tas d'informations et de documents informatiques concernant Terry Monroe, et que le tueur a obtenu pour pouvoir mieux l'atteindre. Bram est de plus en plus persuadé que le tueur vit dans les réseaux informatiques et qu'il a le pouvoir d'agir sur tous les appareils électroniques pour mener à bien ses sinistres desseins. Ensemble, Terry, Bram et Josh vont tout faire pour tenter de l'arrêter.

'Ghost in the Machine' reprend donc le schéma de 'The Lawnmower Man' avec son lot de suspense, de tension et de meurtres. Le seul véritable intérêt du film réside bien évidemment dans des effets spéciaux assez inédits à l'époque, et ce bien que de leur côté, les géniaux artisans d'ILM avaient déjà fait des miracles sur le 'Jurassic Park' de Spielberg, sorti à la même époque. Dans 'Ghost in the Machine', on assiste aux méfaits du premier tueur de l'ère cybernétique: un tueur entièrement informatique, qui se matérialise même à la fin du film sous la forme d'un gros tas de pixels vivants, une petite prouesse technique qui ne sauve bien évidemment pas le film d'un certain ennui, du en partie à une mise en scène d'une médiocrité sans nom et à un jeu d'acteur catastrophique. Karen Allen, Chris Mulkey et le jeune Wil Horneff n'ont pas l'air convaincu une seule minute de tout ce qui leur arrive - du coup, comment voulez-vous que l'on rentre dans le jeu et qu'on se laisse convaincre à notre tour par une histoire de toute façon très ridicule? Du coup, le but de l'entreprise paraît clair: il s'agit de montrer des effets spéciaux assez originaux en faisant passer au second plan le scénario et les personnages du film, véritables points faibles du film. Quel dommage, car il y avait réellement un potentiel qui n'a certainement pas été exploité dans cette série-B qui frise le ridicule sur plus d'un point!

Graeme Revell est encore en pleine période thriller/films d'horreur au début des années 90, lui qui débuta sa carrière au cinéma en composant la musique du sombre 'Dead Calm' de Philipp Noyce. Avec une série-B d'épouvante aussi ridicule et mal joué, à quoi s'attendre d'un point de vue musical ? Au strict minimum, bien évidemment. Et pourtant, il serait particulièrement injuste d'enterrer vite fait le travail fourni par Revell sur 'Ghost in the Machine', car le score du film de Rachel Talalay se distingue par sa sympathique ambiance de thriller glauque à souhait et par son utilisation très réussie des synthétiseurs. Le générique de début est ainsi très parlant puisque Revell nous donne à entendre une pièce pour synthé très atmosphérique et carrément envoûtante. Le compositeur superpose ainsi des tenues de synthé sombres et des sonorités cristallines qui évoquent bien évidemment l'univers informatique du film mais aussi la menace représentée par le tueur 'électrique'. Le compositeur n'en est pas à son premier coup d'essai concernant les synthés puisqu'il a ainsi débuté sa carrière avec un premier bon score électronique, et ce même s'il est très vite passé à l'orchestre. Toujours est il que cette excellente introduction annonce déjà un film sombre et particulièrement glauque (et ce même si la musique est certainement bien plus impressionnante que le film lui-même).

Peu de temps après, Revell va installer une forte ambiance de menace qui réussi à nous convaincre que nous allons assister à un bon thriller, et ce même si les 20 dernières minutes vont largement tout démolir. Revell associe ainsi ses longues plages de synthé atmosphériques au tueur fou et à la menace qu'il représente. Puis, très vite, le compositeur a recours à l'orchestre, duquel il retient essentiellement les cordes et quelques vents assombrissant l'ambiance musicale. Ainsi, lorsque le tueur commet ses premiers méfaits, le compositeur nous délivre quelques excellents passages atonaux dans la lignée des partitions thriller de Bernard Herrmann: vents sombres, percussions agressives, effets de cordes (à noter par exemple ces impressionnants glissendi de cordes dans la scène où le tueur meurt lors du scanner du cerveau), le tout enveloppé dans le style orchestral habituel du compositeur (on pense ici à ses partitions pour 'Child's Play 2' ou 'The Hand That Rocks The Cradle').

La musique évolue ainsi tout au long du film en développant cette atmosphère de menace et de danger tout en accentuant le côté glauque et macabre de l'association image/musique (avec la présence des nombreuses touches électroniques accentuant l'univers informatique du film), jusqu'à un climax orchestral remarquable pour le final du film. L'ensemble n'a donc rien de bien original mais demeure évidemment très efficace dans le film. Hélas, totalement méconnu, le score de 'Ghost in the Machine' est très vite tombé dans l'oubli comme la majeure partie des scores composés par Graeme Revell au début des années 90. Ajoutons à cela le fait que cette BO n'a jamais été éditée en CD, et l'on comprendra aisément pourquoi le score de 'Ghost in the Machine' fait partie des scores oubliés d'un compositeur toujours très sous-estimé. Ce n'est pourtant pas une raison pour ignorer tout ce qu'a fait le compositeur à ses débuts, et ce même si ces musiques manquaient souvent de personnalité et d'originalité!


---Quentin Billard