1-Oct 7th, 1944 1.18
2-Meet Hellboy 1.29
3-Main Title 1.06
4-Snow Walkers 2.22
5-Liz Sherman 2.26
6-Fireproof 1.34
7-Rooftop Tango 1.13
8-Wake Up Dead 3.19
9-Evil Doers 2.44
10-Kroenen's Lied 1.57
11-Father's Funeral 2.03
12-Alley Fight 3.11
13-Nazis 2.43
14-Investigating Liz 3.22
15-Abe Sapien 1.28
16-Mechanical Mausoleum 0.41
17-Soul Sucker 3.31
18-Stand By Your Man 2.32
19-Hellboy and Liz 2.00
20-BRPD 2.58

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6562

Produit par:
Marco Beltrami
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Chargé de la musique pour
Revolution Studios:
Denise Luiso
Chargé de la musique pour
Sony Pictures:
Lia Vollack

Artwork and pictures (c) 2004 Revolution Studios Distribution Company, LLC. All rights reserved.

Note: ***1/2
HELLBOY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
Après un 'Blade II' de triste mémoire, Guillermo Del Toro était attendu au tournant. On offrit alors deux projets à Del Toro: 'Blade Trinity' (le troisième volet des aventures du chasseur de vampire black) et 'Hellboy', basé sur un autre comics américain signé Mike Mignola. Pour Del Toro, en tant que fan du comics de Mike Mignola, faire une adaptation de 'Hellboy' était un de ses rêves de cinéphile. C'est ainsi que le réalisateur d'origine mexicaine a décidé de réaliser 'Hellboy' et de concrétiser l'un de ses voeux les plus chers. C'est l'impressionnant Ron Perlman qui incarne ce diable à la peau rouge et à l'humour premier degrés, un démon né des flammes de l'enfer et ramené sur terre à la suite d'une expérience de magie noire menée en 1944 par Raspoutine (Karel Roden) et des nazis, pour le compte d'Hitler. Après que l'armée américaine soit intervenue en mettant un terme à l'expérience, le jeune professeur Trevor Broom, qui faisait partie de l'expédition, recueilla un petit démon rougeâtre qui venait d'arriver sur terre par la porte ouverte par Raspoutine, ce dernier espérant ainsi réveiller les démons qui sommeillent dans leur prison de glace flottant dans l'espace. Le professeur l'appelle désormais 'Hellboy' et deviendra une sorte de père pour lui. 60 ans plus tard, Hellboy est devenu adulte et travaille désormais pour le compte du professeur dans le bureau de la défense et de la recherche paranormale (BDRP). Hellboy s'est donc rangé du côté du bien et combat le mal sous toutes ses formes pour le compte des humains. Un jour, on fait appel à lui pour combattre un dangereux monstre mythique appelé Sammael. Après un combat acharné où Hellboy triomphe de l'immonde créature qui semait le trouble dans un musée, le professeur Broom (qui possède des dons de médium - comme son protégé, Abe Sapiens) comprend que tout ceci est l'oeuvre de Raspoutine, qui a été ressuscité par deux de ses alliés allemands, Ilsa (Bridget Hodson) et l'indestructible Kroenen (Ladislav Beran), un ancien nazi qui porte une combinaison et un masque à gaz, considéré autrefois comme le tueur numéro 1 d'Hitler. Le BDRP est l'ultime rempart à l'apocalypse annoncé par le despotique Raspoutine, qui va tout faire pour utiliser Hellboy et ramener sur terre les démons du chaos.

Voilà donc un projet qui se concrétise enfin, Guillermo Del Toro signant là une grosse production d'action sympathique saupoudrée de répliques bêtes mais amusantes (Hellboy sort une blague toutes les 5 minutes entre deux scènes d'action) et de véritables instants d'émotion. Effectivement, l'un des intérêts du film est d'avoir réussi à glisser une romance parfaitement développée entre Hellboy et Liz Sherman (Selma Blair), une fille qui possède le pouvoir du feu, un pouvoir qu'elle contrôle difficilement et qui l'a obligé à partir dans un hôpital psychiatrique où on s'occupe de la maintenir dans un état normal. Hellboy est amoureux de Liz, mais comme il est un démon rougeâtre à l'aspect pas forcément agréable, il sait que Liz ne pourra jamais être dans ses bras. Avec l'arrivée de John Myers (Rupert Evans), jeune agent du FBI et nouveau coéquipier de Hellboy, les choses se compliquent lorsque le démon rouge comprend que Liz et Myers commencent à s'attacher l'un à l'autre. Del Toro en profite même pour nous rappeler le sempiternel discours déterministe qui consiste à dire que ce sont nos actes qui déterminent ce que nous sommes. Evidemment, cela paraît un peu superflu dans le contexte du film, mais au moins, c'est un élément intéressant auquel l'on peut se rattacher, et ce à l'inverse du mauvais 'Blade II' qui se contentait de canarder dans le tas sans une once d'intelligence et de sensibilité. Evidemment, Ron Perlman est magistral dans le rôle de Hellboy, un rôle physique qui nécessita bien évidemment de nombreuses heures de maquillage par jour (pour l'anecdote, l'acteur aurait d'ailleurs avoué qu'il ne s'est jamais senti autant sexy que dans le corps de Hellboy). Le film fait aussi la part belle à de grands moments de bravoure, à des scènes d'action extrêmes et à des effets spéciaux hallucinants (scènes avec Sammael dans les égouts et dans le métro, scène dans le mausolée, etc.). A noter que si vous n'aimez pas les monstres répugnants en tout genre, vous devriez éviter 'Hellboy', car Del Toro s'est amusé à nous montrer un véritable défilé de monstres durant les quelques deux heures de son film, et ce dans l'esprit du comics d'origine. Au final, 'Hellboy' est sans aucun l'un des plus sympathiques blockbuster de l'été 2004, au même titre que le 'Spiderman 2' de Sam Raimi mais sans les qualités psychologiques et dramatiques de ce dernier.

Après 'Mimic' et 'Blade II', Marco Beltrami retrouve Guillermo Del Toro pour la troisième fois sur 'Hellboy', pour lequel le compositeur s'est cette fois-ci surpassé en nous offrant une grande partition d'action basé sur de nombreux thèmes/leitmotive, une chose que l'on entend rarement de nos jours à Hollywood. La partition de 'Hellboy' est donc écrite pour grand orchestre avec la panoplie habituelle d'effets électroniques et, chose étonnante, la présence d'un théremin soliste, instrument inventé par le physicien russe Lev Termen en 1919 et très utilisé dans les musiques de films d'horreur/thriller/science-fiction des années 50/60 ('The Day The Earth Stood Still', 'It Came From Outer Space', 'Spellbound', etc.). La musique de 'Hellboy' attire donc d'emblée notre attention avec les leitmotive qui la parcourent, comme au bon vieux temps d'un Miklos Rozsa ou d'un John Williams. On a donc un thème sombre et puissant associé à Hellboy, un thème plus héroïque et majestueux pour Hellboy, un thème plus mélancolique et doux pour le professeur Broom, un 'Love' thème lyrique et rêveur pour la romance entre Hellboy et Liz, sans oublier les motifs plus discrets pour Abe Sapiens, Kroenen et Raspoutine. L'introduction du score, 'Oct. 7th, 1944', annonce une aventure bien sombre, alors que le film commence en 1944, au cours de l'expérience de magie noire des Nazis. Des cors annoncent d'entrée de jeu le thème principal associé à Hellboy tandis que des cordes sombres font monter la tension au cours de cette scène introductive. La rencontre entre Hellboy et le professeur Bloom se fait dans 'Meet Hellboy', où le thème est de nouveau développé sous une variante plus lente et mystérieuse aux bassons, débouchant sur une première allusion au thème héroïque d'Hellboy. Les choeurs interviennent alors pour renforcer le contexte grandiose du film, et c'est finalement le superbe 'Main Title' qui développe pour la première fois dans le film le thème principal dans son intégralité. A noter que le thème est annoncé par des cors/trombones électroniques, bientôt rejoints par de vrais cuivres, une idée intéressante, le thème étant accompagné par un petit ostinato de guitare basse bien trouvé. A l'écoute du 'Main Title', on retrouve toute l'ambiance à la fois noire et 'comics' du film, un thème qui évoque à merveille le côté à la fois démon et héros de Hellboy, bref, le thème idéal pour personnifier ce démon pas comme les autres.

Le 'Love Theme' de 'Liz Sherman' offre sa part de romantisme au film, avec un thème confié à des cordes à la fois mélancoliques et rêveuses et qui évoque les sentiments d'Hellboy pour Liz Sherman. Le côté mélancolique du thème s'explique sans aucun doute par le fait que les deux personnages sont éloignés l'un de l'autre, à cause du pouvoir incontrôlable de Liz qui la rend dangereuse aux yeux de son entourage. Beltrami nous propose une version finale particulièrement puissante de ce thème lors d'un final aux proportions véritablement romantiques. Concernant le thème du professeur Broom, Beltrami nous en propose une version particulièrement puissante dans le poignant 'Father's Funeral', pour la séquence des funérailles du professeur. Confié la plupart du temps à une clarinette, le thème prend une plus grande ampleur tout au long de la scène avec ce côté dramatique et mélodique aisément reconnaissable. Beltrami évoque non seulement ici la souffrance de Hellboy et ses amis mais aussi l'appétit de vengeance du démon qui fera tout pour venger la mort de son père adoptif, ce qui expliquerait peut-être le côté plus puissant du thème vers la fin du morceau. 'Abe Sapien' nous permet à son tour d'entendre le mystérieux motif de 4 notes attaché au personnage d'Abe Sapien, un motif qui se reconnaît avec son utilisation d'électronique et de sonorités cristallines qui rendent le motif particulièrement mystérieux, presque inquiétant (il s'agit pourtant d'un personnage placé du côté du bien). Les sonorités cristallines pourraient ainsi être utilisées pour évoquer le côté médium du personnage.

En dehors de ces quelques éléments mélodiques et thématiques, le reste du score est essentiellement constitué de larges morceaux d'action particulièrement excitants, à commencer par le massif mais trop bref 'Mechanical Mausoleum' (scène dans le mausolée vers la fin du film) qui nous permet de retrouver le Beltrami de l'action avec des orchestrations héritées de scores tels que 'Scream', 'Mimic' ou 'The Faculty'. On y retrouve ainsi les traditionnels cuivres dissonants du compositeur, les cordes stridentes que Beltrami apprécie tant, sans omettre de parler d'un contrepoint de qualité entre les différentes parties instrumentales, preuve du savoir-faire du compositeur. Dans le même ordre d'idée, 'Fireproof' évoque la confrontation entre Hellboy et Sammael dans le métro, morceau qui développe de nouveau cette utilisation de cordes stridentes pour un autre morceau d'action mémorable et particulièrement jouissif. On ressent parfaitement à l'écran toute l'intensité des combats et des affrontements transcendés par une musique d'action de très grande qualité. 'Alley Fight', autre scène d'affrontement entre Hellboy et Sammael (dans la rue, cette fois-ci), nous permet de retrouver l'intensité orchestrale de 'Mechanical Mausoleum' et 'Fireproof' avec une importance accordée aux percussions (à la fois acoustiques et électroniques). On notera ici l'excellente réutilisation du thème d'Hellboy évoquant l'affrontement entre les deux personnages sur fond de cuivres massifs et dissonants.

On ne pourra pas passer non plus à côté de l'excitant 'Nazis' avec ses rythmiques électroniques qui semblent sorties de 'I, Robot', pour la confrontation avec les nazis au début du film - à noter l'utilisation finale des choeurs sur le thème associé à Raspoutine, et repris dans le sombre 'Soul Sucker'. On notera l'utilisation du theremin dans 'Wake Up Dead' et surtout 'Stand By Your Man', où le theremin semble presque résonner comme une voix humaine. Dans le film, la sonorité inimitable de l'instrument est associée au personnage de Raspoutine et renforce le côté maléfique du personnage. 'Stand By Your Man' se conclut finalement sur une brève allusion au thème héroïque de Hellboy que l'on entend surtout pour la victoire finale sur le monstre de Raspoutine, un thème qui partage d'ailleurs quelques similitudes avec le célèbre thème de la force des 'Star Wars' de John Williams (coïncidence ou clin d'oeil volontaire?). On ne pourra juste que regretter le fait que ce thème soit finalement quasi absent de l'enregistrement qui, une fois encore, omet de nombreux très bons morceaux du score, et plus particulièrement ce passage qui contenait l'envolée héroïque du thème associé à la bravoure d'Hellboy. Pour finir, on ne pourra pas non plus passer à côté de l'excellent 'Kroenen's Lied', Beltrami s'étant carrément payé le luxe d'écrire un vrai duo d'opéra en allemand pour le lied qu'écoute Kroenen dans sa planque sur son vieux tourne-disque des années 40. Le lied, chanté par une soprano et un ténor, est en fait basé sur le thème de Kroenen, que l'on entend mieux vers la fin de 'Investigating Liz', et qui renforce le côté à la fois maléfique et mystérieux du personnage, mais avec un côté quelque peu envoûtant et surprenant pour un personnage aussi brutal et inhumain. Décidément, Marco Beltrami n'a pas été en panne d'idée sur ce score, et ce à l'inverse de 'Blade II' où le compositeur avait tendance à simplement recycler des formules déjà bien usées.

Dans un contexte de manque de créativité flagrante, la musique de 'Hellboy' se hisse bien largement au-dessus de la moyenne actuelle, et même si les quelques touches d'originalité du score auraient pu être plus poussées (par exemple, pourquoi le théremin n'est pas plus présent dans le score?), 'Hellboy' n'en demeure pas moins un score de qualité assez inattendu de la part d'un Beltrami qui remonte un peu le niveau après des scores très décevants tels que 'Blade II', 'Terminator 3' ou le récent 'I, Robot'. La musique apporte son lot d'action, de frisson et d'émotion au sympathique blockbuster estival signé Guillermo Del Toro. Ce n'est peut-être pas le nouveau chef-d'oeuvre de Marco Beltrami (on est loin ici des qualités musicales de partitions plus personnelles et moins hollywoodiennes telles que 'I Am Dina'). Le score vaut aussi par la qualité de ses nombreux thèmes. Parfaitement inscrite dans le film, la thématique de 'Hellboy' se développe tout au long du film en donnant une identité musicale forte aux principaux protagonistes du film. Ceci est d'autant plus remarquable que nous sommes pourtant à l'ère des thèmes uniques dans la musique de film hollywoodienne, preuve que l'association Guillermo Del Toro/Marco Beltrami a encore de l'avenir devant elle.


---Quentin Billard


NB: il est absolument impératif d'alerter les personnes désireuses d'acheter l'album de Varèse Sarabande que l'enregistrement est parsemé de nombreux 'clics' parasites qui peuvent s'avérer être particulièrement désagréables et lassants à la longue. Il semblerait que ces 'bugs' soient malheureusement présents sur toutes les copies du CD. Varèse Sarabande n'a pas voulu remplacer tous les exemplaires ni même reconnaître l'erreur, un comble quand on sait que la label nous a pourtant habitué à mieux!