Trevor Rabin
Avant de se faire connaître au cinéma, Trevor Rabin – de son vrai nom Trevor Charles Rabinowitz – né le 13 janvier 1954 à Johannesburg en Afrique du sud, est un musicien originaire du rock. Fils d’un violoniste, le jeune Trevor découvre la guitare à 12 ans et se forme par la suite aux percussions, à la basse et aux claviers. A 14 ans, il débute sa carrière de musicien en tant que guitariste et claviériste pour le groupe The Conglomeration en 1968. En parallèle de son travail de musicien à Johannesburg, le jeune Trevor collabore aussi avec Mutt Lange qui lui dégote des contrats en tant que musicien de studio. Par la suite, Rabin quitte The Conglomeration et rejoint le groupe de rock Freedom’s Children, avec lequel il écrit la chanson « Wake Up ! State of Fear » très controversée en Afrique du sud, puisqu’elle dénonce l’apartheid qui sévit dans ce pays à cette époque.

Après son passage à l’armée, Trevor Rabin fonde le groupe The Rabbitt en 1974 avec deux anciens membres de The Conglomeration, Neil Cloud et Ronnie Robot. The Rabbitt est le premier groupe de rock à connaître un grand succès en Afrique du sud. En 1975, les musiciens enregistrent « Locomotive Breath », leur premier single avec Jethro Tull, puis leur premier album « Boys Will Be Boys » sort peu de temps après et connaît là aussi un vif succès dans le pays. Leur second album, « A Croak and a Grunt in the Night » sort en 1977. Peu de temps après, Trevor Rabin décide de quitte The Rabbitt pour s’installer à Londres en 1978, où il produit le groupe Manfred Mann’s Earth Band et sort son premier single en solo sobrement intitulé « Trevor Rabin » ou « Beginnings » en 1978. Trevor Rabin participe à plusieurs albums puis continue son travail de musicien de studio et de producteur, avec son deuxième album solo, « Face to Face » qui sort en 1979, puis « Wolf » en 1981. C’est au début des années 80 que Rabin part aux Etats-Unis et s’installe à Los Angeles.

En 1981, Trevor Rabin fonde le groupe Cinema avec Chris Squire, Alan White et l’organiste Tony Kaye. Le groupe est rapidement rejoint par le chanteur Jon Anderson et devient « Yes ». Leur premier album « 90125 » sort en 1983 et devient numéro 1 des charts grâce à leur tube « Owner of a Lonely Heart ». En 1987, Yes enregistre l’album « Big Generator », mais des dissensions au sein de l’équipe mettent à mal l’avenir du groupe. En 1989, Rabin enregistre un nouvel album solo, « Can’t Look Away » et regroupe Yes sous une nouvelle formation de 8 musiciens dès 1991, à travers l’album « Union » suivi d’une tournée. En 1994, Rabin est guitariste, claviériste et producteur de l’album « Talk ». C’est à la suite d’une tournée décevante avec Yes en 1995 que Trevor Rabin décide de quitter le groupe et de travailler pour le cinéma. Son premier job, il l’obtient par le biais de Mark Mancina avec lequel il signe de la musique additionnelle sur le film d’action « Fair Game ». Peu de temps après, Rabin concocte un score électronique moderne et décevant pour « The Glimmer Man » avec Steven Seagal (1996).

En 1997, Trevor Rabin retrouve son complice Mark Mancina sur le pétaradant « Con Air » de Simon West. Ce film d’action produit par Jerry Bruckheimer et mené tambour battant par Nicolas Cage, John Malkovich et John Cusack permet à Rabin – et Mancina - d’imposer un style rock/métal/électro tonitruant et révélateur de sa personnalité musicale, reflétant ses nombreuses années passées dans le monde du rock. Rabin retrouve ensuite Jerry Bruckheimer en livrant une musique d’action/aventure épique et mémorable pour « Armageddon », produit en collaboration avec les compositeurs de Media Ventures, le célèbre studio d’Hans Zimmer. Le film de Michael Bay sort en 1998 et connaît un grand succès. Le score de Trevor Rabin est écrit avec Harry Gregson-Williams, Don Harper, John Van Tongeren, Steve Jablonsky et Paul Linford, tous issus du studio de Zimmer (non crédité au générique, mais qui aurait écrit un thème dans le film). La même année, Rabin commence à travailler sur la comédie « Jack Frost » avec Michael Keaton, lorsque Jerry Bruckheimer décide de faire à nouveau appel à lui et Harry Gregson-Williams pour travailler conjointement sur la musique du film d’action « Enemy of the State » de Tony Scott.

La fin des années 90 permet alors à Trevor Rabin et ses compères d’imposer un style musical lié aux musiques d’action modernes produites par Media Ventures à Hollywood. Très vite, d’autres compositeurs s’emparent de ce style et les studios commencent à réclamer des partitions similaires pour certains blockbusters de l’époque. Après « Crimson Tide », « Broken Arrow », « The Rock » et Peacemaker », Hans Zimmer a réussi son pari d’imposer un nouveau style dans la musique du cinéma américain, et Trevor Rabin est l’un de ces compositeurs qui parvient à cristalliser cette nouvelle pensée musicale à travers sa musique mémorable – mais déjà vivement critiquée à l’époque – pour « Armageddon ». En 1999, Rabin remplace d’urgence Alan Silvestri sur « Deep Blue Sea » réalisé par Renny Harlin. Le film, entièrement tourné à Mexico, est assez mal reçu par les critiques mais la musique de Rabin est considérée comme l’un de ses meilleurs travaux pour le cinéma, sombre, orchestrale, thématique et très prenante. Peu habitué aux musiques symphoniques, Rabin se montre pourtant très à l’aise ici dans son écriture orchestrale, épaulé par son complice Paul Linford.

Les années 2000 sont malheureusement plus mitigées pour Trevor Rabin au cinéma. Ses partitions oscillent entre le médiocre et le fonctionnel avec peu de musiques réellement mémorables. Néanmoins, le compositeur persiste et semble s’améliorer dans son écriture et ses orchestrations, qui paraissent moins monolithiques, plus sophistiquées. Certains scores rock/électro comme « Gone in 60 Seconds » (2000) ou « The 6th Day » (2000) rappellent le statut du compositeur en tant que spécialiste des musiques d’action explosives. Rabin s’essaie même au western sur « Texas Rangers » (où il remplace Marco Beltrami) et « American Outlaws » en 2001, mais son style patauge dans les séries-B d’action sans envergure, incluant « The One » ou le néanmoins sympathique « Bad Company » de Joel Schumacher (2002). En 2003, Rabin retrouve Michael Bay sur « Bad Boys 2 » mais le film s’avère être un nanar hystérique et de mauvais goût, et la musique rock de Rabin passe totalement inaperçue. Idem pour « Torque » (2004) ou « Exorcist : The Beginning » (2004), sur lequel Rabin retrouve Renny Harlin après « Deep Blue Sea », le cinéaste remplaçant ici Paul Schrader, remercié par le studio qui souhaitait une approche plus conventionnelle et commerciale pour le film (qui sera un gros échec en salles en 2004).

La même année, Rabin signe la musique de « National Treasure », produit par Jerry Bruckheimer avec Nicolas Cage et cimente sa relation avec les productions Disney. Rabin s’essaie aussi au registre des films sportifs, mettant en musique des titres comme « Remember the Titans » (2000), « Coach Carter » (2005), « Gridiron Gang » (2006), « Glory Road » (2006) ou « Grudge Match » (2013), qui oppose Robert De Niro et Sylvester Stallone sur le ring. Disney fait appel à lui sur des films comme « The Guardian » (2006), « National Treasure : Book of Secrets » (2007), « Race to Witch Mountain » (2009), « G-Force » (2009), « The Sorcerer’s Apprentice » (2010) ou « I Am Number Four » (2010), des partitions mélodiques mais malheureusement alimentaires et sans surprise. Renny Harlin retrouve le compositeur sur les films d’action « 12 Rounds » avec John Cena (2009) et « 5 Days of War » (2011) avec Val Kilmer et Rupert Friend. La Warner fait appel à Trevor Rabin pour écrire les musiques de « Get Smart » (2008), « Grudge Match » ou « Max » (2015). La carrière de Trevor Rabin au cinéma semble évoluer difficilement, entre des films insignifiants qu’on lui confie et des partitions fonctionnelles et sans saveur. Seules les partitions de « The Great Raid » (2005) et « Flyboys » (2006) parviennent à s’imposer grâce à une écriture orchestrale classique et étonnamment soignée, reflétant les efforts du compositeur pour améliorer et peaufiner son écriture.

Celui que l’on considère comme un spécialiste des thèmes mélodiques mémorables devient un musicien de seconde catégorie vers la fin des années 2010. Un fait regrettable lorsqu’on considère que « Armageddon », « Enemy of the State » et « Deep Blue Sea » furent des sommets de musique d’action à la fin des années 90, et qui semblaient annoncer un avenir radieux pour Trevor Rabin au cinéma. En parallèle de sa carrière hollywoodienne, le musicien travaille aussi pour la télévision en signant le thème musical de la chaîne de télévision américaine NBA on TNT en 2002, « MLB on TBS » en 2007, « March Madness » en 2011 et l’attraction « Mission : Space » du parc d’attraction EPCOT à Bay Lake en Floride. Sa carrière avec le groupe Yes continue, puis Rabin sort son nouvel album solo « Jacaranda » en 2012, un album 100% instrumental qu’il compose entre 2 films et qui l’oblige à refuser plusieurs projets au cinéma. En 2016, le musicien décide de faire une pause dans sa carrière au cinéma pour former un nouveau groupe baptisé « Anderson, Rabin and Wakeman », qui entame une tournée dès octobre 2016.