John Barry
Grand maître de la musique de film des années 60 jusqu’aux années 90, John Barry nous a offert quelques chef-d’oeuvres de la musique de film avec, en dehors de ses célèbres musiques pour les ‘James Bond’, quelques bijoux comme ‘Out of Africa’, ‘The Last Valley’, ‘The Lion in Winter’, ‘Born Free’, ‘Somewhere in Time’, ‘Chaplin’, sans oublier l’immortel ‘Dances with Wolves’. Ce compositeur anglais, réputé pour ses exigences et son perfectionnisme à outrance, débuta sa carrière de musicien dès l’âge de 9 ans où il joua du piano jusqu’à ce qu’il quitte l’école à l’âge de 15 ans pour travailler en tant que projectionniste dans une salle de cinéma dirigée par son père, Jack Prendergast. Après avoir participé à deux émissions télé musicales de la fin des années 50, ‘Drumbeat’ et ‘Juke Box Jury’, alors qu’il venait de monter son très populaire groupe de jazz/rock ‘The John Barry Seven’, Barry débuta sa carrière au cinéma au tout début des années 60 en signant la musique de ‘Beat Girl’ de Edmond T. Gréville (1960) avec Noëlle Adam et Nade Beall, avant d’enchaîner la même année avec la comédie dramatique ‘Never Let Go’ de John Guillermin avec Richard Todd et Peter Sellers. C’est en 1962 que le compositeur allait se faire grandement remarquer par le public en signant la musique du ‘Dr. No’ de Terence Young (1962), premier épisode de la longue série populaire des ‘James Bond’ avec un Sean Connery encore bien jeune à l’époque (32 ans). L’immensément célèbre thème du film fut signé Monty Norman, bien que par la suite, John Barry tenta de prouver que le très populaire thème de James Bond était de lui, mais en vain (la justice donnera finalement raison à Monty Norman au cours d’un procès durant les années 90). Rappelons que John Barry n’était même pas crédité dans le film de Terence Young, et qu’il ne s’occupa que de quelques morceaux et arrangements musicaux/orchestraux à partir de la musique de Monty Norman. Puis, très vite, John Barry écrivit les musiques des James Bond suivants tels que ‘From Russia with Love’, ‘Goldfinger’, ‘Thunderball’, ‘You Only Live Twice’, ‘On Here Majesty’s Secret Service’, ‘Diamonds are Forever’, ‘The Man with the Golden Gun’, ‘Moonraker’, ‘Octopussy’, ‘A View to a Kill’ et ‘The Living Daylights’, qui reste en 1987, sa toute dernière participation musicale aux aventures des James Bond, une aventure qui aura duré pour le compositeur près de 25 ans tout de même! Entre temps, Barry aura signé dans les années 60 quelques partitions intéressantes comme ‘Zulu’ (1964), ‘The Ipcress File’ (1965) ou la musique pour ‘The Chase’ (1966) d’Arthur Penn, avec Marlon Brando, Jane Fonda et Robert Redford. Sa musique pour ‘Midnight Cowboy’ de John Schlesinger lui aura au passage permit d’asseoir son goût pour les mélodies romantiques, intimes et langoureuses en utilisant ici un harmonica soliste avec l’orchestre traditionnel, qui verse par moment dans un style dramatique annonçant certaines grandes futures partitions du compositeur britannique. La même année, en 1965, Barry épousait l’actrice Jane Birkin, de qui il divorça 3 ans plus tard après lui avoir donné un enfant.

Dans les années 70, Barry signa un premier chef-d’oeuvre exemplaire avec l’inoubliable ‘The Last Valley’, partition orchestrale/chorale épique pour le drame de James Clavell évoquant les ravages de la guerre de 30 ans dans une petite vallée allemande au 17ème siècle, avec Michael Caine et Omar Sharif. Barry signa aussi le thème de la série TV ‘The Persuaders’ qui acquit une très grande popularité au fil des années, à tel point que le thème fut même par la suite diffusé sur plusieurs radios. Barry commença à développer sa fibre romantique et son goût pour les partitions orchestrales lyriques en signant la musique de ‘Robin and Marian’ de Richard Lester (1976) avec Sean Connery incarnant un Robin des bois vieillissant tombant dans les bras d’Audrey Hepburn dans le rôle de Lady Marian. De la fin des années 70 se distinguèrent quelques partitions mémorables telles que ‘King Kong’, ‘The White Buffalo’, ‘The Deep’, ‘Game of Death’, ‘Moonraker’ ou bien encore ‘The Black Hole’ et son fameux thème de valse irrésistible et hypnotisant. Les années 80 permirent alors au compositeur de multiplier ses partitions lyriques avec toujours ce même souci des ambiances mélancoliques, langoureuses et dramatiques. La très belle partition symphonique de ‘Somewhere in Time’ (1980) réunit tous les ingrédients propres à la musique du compositeur, avec des thèmes romantiques mémorables, des cordes langoureuses, des harmonies toujours très clairement plaquées par les cordes graves et les cors (un tic d’orchestration propre au compositeur), etc. Pour l’anecdote, on raconte que Barry aurait été inspiré en 1980 par la mort de ses parents, disparus au cours de l’année alors que Barry était en plein travail de composition, ce qui explique probablement le caractère poignant et mélancolique de la musique du film du français Jeannot Szwarc. S’ensuivit une autre excellente partition du compositeur pour ‘Raise the Titanic’ de Jerry Jameson, avec Jason Robards, Anne Archer et Alec Guiness. En 1981, Barry dévoilait une facette plus sombre de son art en signant la musique du thriller ‘Body Heat’ de Lawrence Kasdan avec William Hurt, Kathleen Turner, Ted Danson, Mickey Rourke et Richard Crenna. Après avoir participé à la musique du populaire film de Francis Ford Coppola ‘The Cotton Club’ (1984), Barry nous offrit une nouvelle grande partition lyrique/romantique pour le non moins populaire ‘Out of Africa’ de Sydney Pollack (1985), drame romantique soutenu par la musique du célèbre concerto pour clarinette de Mozart, dont la popularité n’a cessé de faire de l’ombre à la très belle partition de John Barry pour ce film. On y retrouvait alors toutes les recettes musicales héritées de ‘Somewhere in Time’. Hélas, les années 80, c’est aussi pour John Barry ce qu’il considère comme l’une de ses plus grandes erreurs de carrière, la musique du chef-d’oeuvre culte des nanars 80’s ‘Howard the Duck’ (1986), énorme bide commercial que le compositeur a longtemps renié à l’instar de son célèbre producteur, George Lucas!

Il faudra finalement attendre 1990 pour enfin entendre le nouveau grand chef-d’oeuvre de John Barry, ‘Dances with Wolves’, considéré pour beaucoup comme sa plus célèbre contribution pour le cinéma américain, toutes décennies confondues. Ecrit alors que le musicien alors que ce dernier venait d’échapper miraculeusement à la mort à la suite d’une grave maladie, sauvé par des médecins lors d’une opération chirurgicale de la dernière chance. Comme on pourrait s’en douter, cette expérience bouleversante a eu des répercussions sur la vie et l’oeuvre du compositeur, qui ne signa qu’une petite quinzaine de musiques de films tout au long des années 90 avant de commencer à se faire relativement discret après sa musique pour ‘Enigma’ de Michael Apted en 2001. Les années 90 auront été celles de l’introspection pour un compositeur désireux de se tourner vers des projets plus intimistes comme ‘Chaplin’, ‘Indecent Proposal’, ‘Ruby Cairo’, ‘My Life’, ‘The Scarlett Letter’, ‘Swept from the Sea’ ou bien encore le jazzy ‘Playing by Heart’ de Willard Carroll (1998). Même ses rares incursions dans le registre des thrillers/films d’action tels que ‘The Specialist’ (1994) ou ‘Mercury Rising’ (1998) n’ont été que des essais à peine convaincants face au charme et à la grâce de ses partitions intimistes/romantiques. Aujourd’hui âgé d’un peu plus de 72 ans, le célèbre compositeur anglais n’a rien perdu de sa popularité puisque des musiciens comme Robbie Williams ou Fatboy Slim ont choisis de faire référence à des musiques de John Barry dans leurs propres oeuvres. Avec de nombreuses récompenses en sa possession et près de 40 ans de carrière exemplaire au service du cinéma, John Barry reste incontestablement l’un des compositeurs les plus populaires de la musique de film américaine, aux côtés de Jerry Goldsmith, Elmer Bernstein et bien d’autres encore.