Compositeur canadien au style extrêmement hétérogène et éclectique, Howard Shore est décidément le musicien de toutes les audaces, collaborateur régulier depuis plus d’une vingtaine d’années de son compatriote David Cronenberg et plus récemment des réalisateurs David Fincher, Peter Jackson et Martin Scorsese. Après ses études à la Berklee School of Music de Boston, Shore travailla en tant que saxophoniste dans le groupe de rock ‘Lighthouse’. Puis, c’est au cours des années 70 que Shore rentra dans le milieu de la télévision en écrivant quelques musiques pour la célèbre émission ‘Saturday Night Live’, pour laquelle il était aussi directeur musical du ‘Saturday Night Live Band’ depuis 1975. En 1979, Howard Shore rencontra David Cronenberg qui lui proposa d’écrire la musique de son modeste film d’horreur, ‘The Brood’ (Chromosome 3), pour lequel Shore livra une composition pour un petit groupe d’instruments à cordes dans la lignée des partitions avant-gardistes du 20ème siècle, celles de Schoenberg, Xenakis ou Nono. C’était le début d’une grande collaboration qui allait se prolonger par la suite avec des partitions toujours plus expérimentales et torturées telles que ‘Scanners’ (1981), l’électronique et dérangeant ‘Videodrome’ (1983), le terrifiant ‘The Fly’ (1986), l’envoûtant ‘Dead Ringers’ (1988) sans oublier les délires free-jazz/orchestral/arabe de ‘Naked Lunch’ (1991), le très symphonique et tragique ‘M. Butterfly’ (1993), les expérimentations tonitruantes de ‘Crash’ (1996) ou la noirceur psychologique de ‘eXistenZ’ (1999) ou ‘Spider’ (2002). Avec une inventivité sans cesse renouvelée, Shore s’autorise les plus grandes audaces tout en écrivant entre deux partitions expérimentales des musiques souvent plus conventionnelles et calmes comme le tendre et enjoué ‘Big’, le nostalgique ‘Nobody’s Fool’ ou le sautillant ‘Mrs. Doubtfire’, qui reste sans aucun doute l’une de ses compositions les plus impersonnelles et les plus décevantes que le compositeur canadien ait eu à écrire pour un film américain. Shore s’est aussi fait un nom dans le registre des musiques de thriller, signant quelques bijoux du genre tels que ‘The Silence of the Lambs’, ‘Cop Land’, ‘Se7en’, ‘The Cell’ (où l’on retrouve les mélanges orchestre/arabe hérités de ‘Naked Lunch’) ou bien encore l’impressionnant et suffocant ‘Panic Room’. Puis, c’est en 2001 qu’Howard Shore connut enfin la gloire qui allait définitivement graver son nom dans l’histoire de la musique de film avec sa première partition grandiose et épique pour ‘The Lord of the Rings – The Fellowship of the Rings’ de Peter Jackson, suivi de deux épisodes non moins grandioses, parachevant une oeuvre musicale quasi opératique, où s’expriment tout le talent et la passion du compositeur canadien pour son art. Quelques années auparavant, en 1996, Shore avait déjà signé une partition chorale épique pour le semi-documentaire ‘Looking for Richard’ d’Al Pacino, prouvant qu’il était bel et bien prédestiné à écrire un jour la musique de la trilogie inspiré du chef-d’oeuvre de Tolkien. Avec une carrière déjà exemplaire et deux oscars, Howard Shore est bel et bien l’un des plus talentueux musiciens de sa génération, un compositeur éclectique qui n’a pas finit de nous surprendre et de nous faire rêver, et dont on attend encore beaucoup de sa quadruple collaboration avec Cronenberg, Scorsese, Jackson et Fincher!