Randy Edelman est un compositeur surtout connu pour certaines musiques de film populaires qu’il écrivit entre les années 80 et 90, les années 2000 ayant été fatales pour le musicien qui, faute d’un réel renouvellement de ses idées (et de son matériel !), est finalement tombé dans l’oubli. Né à Paterson dans le New Jersey, puis élevé à Teaneck, le jeune Edelman suit des cours au Conservatoire de Musique de Cincinatti puis s’envole pour New York où il devient pianiste dans des fosses d’orchestre à Broadway. Dans les années 60, Edelman produit de nombreux albums de variété pour différents artistes comme The Carpenters, Barry Manilow, Olivier Newton-John, Dionne Warwick, Labelle, Nelly, The Laughter and the Tears, Blue Street, Jackie DeShannon – qui deviendra Mme Edelman en 1976 - et bien d’autres. Randy Edelman s’installe ensuite à Los Angeles où il débutera sa carrière pour le cinéma et la télévision, tout en produisant ses propres albums solo, qui connaîtront un certain succès en Angleterre, en Europe et au Japon dans les années 70 (citons entre autre « Randy Edelman », « Outside In », « Prime Cuts », « Farewell Fairbanks » ou « You’re the One »).

Son premier effort pour le cinéma, Randy Edelman le doit au réalisateur David Miller, qui décide de l’engager pour écrire la musique du thriller « Executive Action » en 1973, film retranscrivant l’assassinat de Kennedy à Dallas en 1963. Edelman commence aussi à travailler sur des musiques de téléfilms, incluant « Snatched » (1973) ou « Blood Sport » (1973). Le reste des années 70, Edelman le consacre à ses albums et ses nombreuses collaborations à des artistes de variété. Ce n’est qu’au début des années 80 que le compositeur se consacre à nouveau au cinéma et à la télévision, en signant la musique du téléfilm « When Your Lover Leaves » en 1983, ainsi que « A Doctor’s Story » (1984), « Scandal Sheet » avec Burt Lancaster (1985) et « Molly and the Skywalkerz : Happily Ever After » (1985), tous deux produits par ABC. Son second long-métrage pour le cinéma, « The Chipmunk Adventure » (1986), est un film d’animation musical adapté de la série TV « Alvin and the Chipmunks » produite en 1983. Le film connaît un certain succès et permet à Edelman de s’imposer comme un compositeur majeur dans le domaine des musiques de films familiaux et de comédie. Mais les années 80, c’est aussi la concrétisation de Randy Edelman à la télévision, avec son thème célèbre pour la série TV culte « MacGyver » en 1985. La série connaît un grand succès et le thème incontournable qu’écrit Edelman devient un grand classique de la télévision, indissociable des années 80, et qui va apporter au compositeur une certaine notoriété.

C’est donc sans surprise qu’Edelman compose ensuite pour d’autres comédies dès 1988, incluant « Feds » de Daniel Goldberg (1988) et surtout « Twins » (1988), comédie avec Arnold Schwarzenegger et Danny DeVito sur lequel le musicien collabore avec Georges Delerue. « Twins » connaît un certain succès et marque les débuts de la collaboration entre Randy Edelman et le réalisateur/producteur Ivan Reitman. Devenu indissociable de ce type de film à la fin des années 80, Edelman devient plus actif et signe les musiques de comédie d’aventure comme « Troop Beverly Hills » (1989) et « Ghostbusters II », sa seconde collaboration à un film d’Ivan Reitman, qui connaît là aussi un grand succès au cinéma. Edelman s’essaie alors au registre du drame historique avec « Come See the Paradise » d’Alan Parker en 1990, pour lequel il signe une partition électro/orchestrale dramatique, avec un thème qui sera popularisé dans certaines bandes annonces de films des années 90. Edelman impose alors un style aisément reconnaissable : mélodies faciles à mémoriser, harmonies simples, orchestrations peu sophistiquées, et surtout un tic d’écriture récurrent et très critiqué : des parties synthétiques constamment placardées sur des parties orchestrales live. Cela devient la signature musicale de Randy Edelman, sa marque de fabrique mais aussi sa propre malédiction, puisqu’à force de répéter constamment cette même formule musicale d’un film à un autre, Edelman va vite devenir un compositeur has-been, incapable de se renouveler, signant des partitions déjà vieillottes pour leur époque, notamment dans le choix de certains samples électroniques, kitsch et discutables.

Malgré cela, la carrière de Randy Edelman est au beau fixe tout au long des années 90 : il signe une musique fort agréable pour « Beethoven » (1992) et « Beethoven’s 2nd » (1993) avec un thème de piano assez connu, il collabore avec Trevor Jones sur le film culte « The Last of the Mohicans » de Michael Mann en 1992, compose sa première partition pour un film de Rob Cohen, « Dragon : the Bruce Lee Story » en 1993 et signe la musique du drame historique « Gettysburg » (1993) retranscrivant un épisode célèbre de la Guerre de Sécession américaine. Randy Edelman devient alors le collaborateur fidèle de Rob Cohen et signe la musique de plusieurs de ses films dans les années 90. Autre fait notable : beaucoup de musiques du compositeur deviennent des classiques des bandes annonces à cette époque. Ainsi, les thèmes musicaux de « Dragon » (1993) et « Dragonheart » (1996) sont largement popularisés dans des trailers, des émissions TV, des événements sportifs ou des cérémonies.

Le compositeur n’oublie pas pour autant son goût particulier pour les comédies, et multiplie les essais réussis : « The Distinguished Gentleman » (1992), « The Mask » (1994), « Tall Tale » (1994), la comédie romantique « While You Were Sleeping » (1995), la comédie d’aventure « The Indian in the Cupboard » de Frank Oz (1995), la comédie sous-marinière « Down Periscope » (1995) ou l’amusant « Gone Fishin » (1996). Mais sa meilleure musique de comédie, Randy Edelman la livre pour un autre film avec Arnold Schwarzenegger, « Kindergarten Cop » (1990), troisième film d’Ivan Reitman que le compositeur met en musique, et souvent considéré comme son meilleur travail pour le genre, notamment grâce à ses thèmes rafraîchissants et ses styles musicaux variés et agréables. Au milieu des années 90, Edelman tente alors de sortir du registre de la comédie en variant les styles : thriller dans « Citizen X » (1995) ou « Diabolique (1996), film d’action avec « The Quest » (1996) réalisé par Jean-Claude Van Damme, ou « Daylight » avec Sylvester Stallone, qui marque sa troisième collaboration à un film de Rob Cohen en 1996, ou le thriller d’épouvante « Anaconda » de Luis Llosa en 1997.

Malgré cela, Edelman se montre moins inspiré et moins à l’aise sur les films sombres. Le problème vient surtout de son approche musicale qui semble ne pas correspondre à ces films plus sérieux et dramatiques. Dès lors, le compositeur revient vers la comédie à la fin des années 90 avec les sympathiques « Leave It to Beaver » (1997), l’excellent « For Richer or Poorer » (1997) – autre musique de comédie majeure du compositeur – ou le non moins sympathique « Six Days, Seven Nights » (1998), nouvelle collaboration avec Ivan Reitman. Après un détour du côté de la télévision avec le drame historique « The Hunley » en 1999, Edelman débute assez platement les années 2000 avec le joli mais suranné « Passion of Mind » avec Demi Moore (2000) ou la comédie fadasse « The Whole Nine Yards ». Même sa participation au thriller « The Skulls » de Rob Cohen en 2000 passe totalement inaperçue. Randy Edelman semble déjà tourner en rond et n’a plus grand chose à dire, incapable de se renouveler ou d’offrir quelque chose de neuf, alors que le cinéma et les productions hollywoodiennes continuent, elles, d’évoluer. C’est aussi l’époque où beaucoup de ses partitions ne sortent même pas en CD : « Head Over Heels » (2001), « China : the Panda Adventure » (2001), « Osmosis Jones » (2001), « Corky Romano » (2001), « A Season of the Brink » (2002). Le succès revient finalement avec « XXX », premier film à succès d’une franchise d’action avec Vin Diesel qui marque les retrouvailles entre Randy Edelman et Rob Cohen en 2002.

Mais contrairement à ce que l’on se serait attendu, la carrière d’Edelman ne parvient plus à redécoller au cinéma. Les films qu’on lui confie sont soit mauvais ou inintéressants (« Surviving Christmas », « Shanghai Knights », « Son of the Mask », « Underdog », « Balls of Fury »), soit trop ambitieux pour son style musical très limité – « Gods and Generals », pour lequel Edelman collabore avec John Frizzell, dont la musique parvient même à éclipser dans le film celle d’Edelman ! – La situation est telle que sur « The Mummy : Tomb of the Dragon Emperor », sur lequel le compositeur retrouve à nouveau Rob Cohen en 2008 pour ce troisième épisode de la franchise à succès de La Momie, Edelman se plante en grande partie et voit une partie de sa musique remplacée d’urgence par John Debney avant la sortie du film. A l’écoute de la version intégrale de la musique sur l’album publié par Varèse Sarabande, une triste vérité nous saute aux oreilles : la musique d’Edelman était tout simplement incroyablement ringarde et pas suffisamment sérieuse ni même sophistiquée pour un tel film ! Edelman se retrouve rattrapé par la réalité. Incapable d’évoluer avec un cinéma de plus en plus complexe, de plus en plus visuel et sophistiqué, Randy Edelman devient malheureusement un compositeur de seconde catégorie, qui n’arrive plus à faire parler de lui au début des années 2010. Seule sa musique sympathique pour la comédie romantique « Leap Year » tient encore la route, mais son travail (avec Nathan Barr) sur le thriller « The Boy Next Door » qui marque ses retrouvailles avec Rob Cohen en 2015 est d’une médiocrité sidérante. Aujourd’hui, Randy Edelman limite au maximum ses participations au cinéma, préférant se consacrer à ses albums de variété ou les spectacles de ses musiques qu’il donne régulièrement. Il reste malgré tout un compositeur assez représentatif de tout un pan du cinéma américain des années 80/90, et reste encore aujourd’hui le compositeur connu pour le thème de « MacGyver » ou de films comme « Dragonheart », « Dragon » ou « Daylight » !