Patrick Doyle
Né en 1953 près de la ville de Glasgow en Ecosse, Patrick Doyle a étudié le piano et le chant à la Royal Scottish Academy of Music and Drama. Diplômé en 1974, Doyle enseigna le piano avant de commencer à composer pour la comédie musicale 'Glasvegas' au Festival d'Edinburgh en 1978. C'est alors qu'il suivi une double carrière d'acteur et de compositeur à la télévision britannique, un parcours assez singulier pour celui que l'on connaît aujourd'hui comme le fidèle collaborateur du cinéaste/acteur Kenneth Branagh.

A la fin des années 70 et durant les années 80, il écrivit la musique de programmes télévisés écossais tels que 'Charlie Endell' ainsi que 'The Butterfly's Hoof' pour la BBC. Il fut à la fois compositeur et interprète de chansons pour le programme '60 Minutes' toujours pour la BBC, et décrocha un petit rôle en 1983 dans 'Chariots of Fire' de Hugh Hudson, film à jamais immortalisé par la célèbre musique électronique de Vangelis. Il fit aussi une brève apparition dans la série télévisée anglaise 'Holding the Fort' entre 1980 et 1982 et eu un autre petit rôle dans 'No. 73', autre série TV britannique datant de 1982. Patrick Doyle apparaît aussi dans la série 'The Monocled Mutineer' de l'écossais Jim O'Brien. Apparemment, Doyle semblait prendre la direction d'une carrière d'acteur au début des années 80, mais sa rencontre déterminante avec Kenneth Branagh en 1987 l'amènera à s'orienter clairement vers la composition pour le cinéma. En 1987, Doyle rejoint ainsi le 'Renaissance Theatre Company' de Branagh pour lequel il sera à la fois acteur, compositeur et directeur de la musique, et ce après avoir écrit la musique du premier long-métrage de Kenneth Branagh, 'Twelfth Night, or What You Will' en 1988, inspiré d'une oeuvre de William Shakespeare. C'est le début d'une grande collaboration entre les deux hommes, qui sera suivi immédiatement de 'Henry V', autre adaptation de Shakespeare porté à l'écran par un Branagh inspiré et une musique somptueuse de Patrick Doyle, dans lequel le compositeur révèle un classicisme d'écriture flamboyant, rare à une époque où Hollywood verse de plus en plus dans les supports électroniques et les rythmes modernes. A noter que le cinéaste offre même la possibilité à Doyle de faire une apparition dans le film, durant la scène où Henry V et ses troupes entament le magnifique chant du 'Non Nobis, Domine' après la victoire anglaise à Azincourt (1415). A noter qu'en 1991, Doyle retravailla sa partition sous la forme d'une suite pour 'acteur et orchestre', dans le cadre du concert 'Symphony for the Spire' dont l'objectif était de réunir des fonds pour la restauration de la cathédrale de Salisbury. La suite a été enregistrée sur l'album de chez Koch intitulé 'A Royal Gala Concert'.

La même année où il compose la musique de 'Henry V', Patrick Doyle écrit aussi la musique de 'Look Back in Anger' de l'actrice Judi Dench, qui signe en 1989 sa première et unique réalisation. La présence de Kenneth Branagh dans le rôle principal du film explique sans aucun doute celle de son fidèle collaborateur à la musique. En 1990, Doyle effectue un bref passage du côté de chez Disney en signant la musique de 'Shipwrecked', modeste film d'aventure du norvégien Nils Gaup pour lequel il livre un score classique d'esprit mais relativement anecdotique, et c'est en 1991 qu'il retrouve Kenneth Branagh pour la troisième sur 'Dead Again', excellent thriller psychologique pour lequel le compositeur, adoptant un style musical proche de Bernard Herrmann, se paie même le luxe de nous livrer un bref passage opératique somptueux pour le final du film.

En 1992, Doyle compose la musique d'une production britannico-irlandaise, 'Into the West', du réalisateur anglais Mike Newell, puis, la même année, le compositeur part en France et écrit la musique de 'Indochine' de Régis Wargnier, le compositeur affirmant une fois de plus son goût pour le cinéma européen dans lequel il évolue depuis ses débuts. S'ensuivent en 1993 une nouvelle collaboration avec Kenneth Branagh sur le charmant 'Much Ado About Nothing' (toujours d'après Shakespeare) et le thriller horrifique 'Needful Things' d'après Stephen King, où le compositeur nous rappelle au passage son goût pour un certain classicisme d'écriture raffiné et rare. 1993 est décidément une année chargée pour le compositeur puisque ce dernier écrit aussi la musique de 'Carlito's Way' de Brian de Palma, autre partition thriller à la Bernard Herrmann qui se conclut sur un énorme morceau d'action final de près de 10 minutes quasiment anthologique, illustrant la poursuite à la gare. En 1994, il signe la musique de la comédie U.S. 'Exit to Eden' et nous livre une nouvelle partition monumentale au romantisme flamboyant et torturé pour le 'Frankenstein' de Kenneth Branagh, et en 1995, il retrouve le français Régis Wargnier sur 'Une femme française' (avec Emmanuelle Béart et Daniel Auteuil) avant de nous offrir une partition magnifique pour 'A Little Princess' d'Alfonso Cuaron, qui reste incontestablement l'une de ses plus belles partitions du milieu des années 90, suivi d'un 'Sense and Sensibility' romantique et tout en finesse pour le film d'Ang Lee.

En 1996, Doyle retrouve une fois encore Kenneth Branagh sur 'Hamlet' pour lequel il livre une nouvelle composition au classicisme d'écriture flamboyant, toujours d'après la célèbre oeuvre de Shakespeare, et il signe la musique de la comédie romantique de Richard Benjamin 'Mrs. Winterbourne'. En 1997, Doyle retrouve Mike Newell pour la seconde fois sur le sombre 'Donnie Brasco' où le compositeur nous rappelle son côté plus sombre, suivi en 1998 d'une nouvelle partition fraîche et romantique pour 'Great Expectations' qui marque ses retrouvailles avec Alfonso Cuaron, et pour lequel il signe aussi les chansons originales du film.

Entre temps, Patrick Doyle doit malheureusement freiner ses activités à la suite d'un début de leucémie qui l'obligera à annuler sa participation au film de Chris Colombus, 'Stepmom' (1998), qui sera mis en musique par John Williams. Mais au moment de sa maladie, Patrick Doyle venait d'être engagé par la Warner pour travailler sur le film d'animation 'Quest of Camelot'. Obligé de suivre une chimiothérapie à l'hôpital, Doyle, à qui le studio a proposé un éventuel retrait du projet pour cause de maladie, acceptera malgré tout de continuer à écrire la musique de 'Quest of Camelot' sur son lit d'hôpital. Le compositeur expliquera par la suite que cette activité intellectuelle (et physique) l'aura sans aucun doute aidé à guérir et à repartir de plus belle pour de nouveaux projets. Un an plus tard, le compositeur, en meilleure forme, retrouve Régis Wargnier pour la troisième fois avec 'Est-Ouest', dans lequel il adopte un classicisme d'écriture plus proche de l'école russe et du groupe des cinq. En 2000, Doyle retrouve Kenneth Branagh sur 'Love's Labour Lost', suivi en 2001 d'une partition anecdotique pour la comédie 'Blow Dry' et d'une partition romantique et légère pour la comédie à succès 'Bridget Jones's Diary', pour lequel il n'existe hélas pas d'album officiel du score de Patrick Doyle.

En 2001, Doyle signe la partition du 'Gosford Park' de Robert Altman et s'essaie à nouveau au thriller avec 'Killing Me Softly' de Kaige Chen en 2002 (pas d'édition CD du score là aussi), suivi de quelques partitions anecdotiques pour 'The Galindez Files' de Gerardo Herrero et la comédie 'Calendar Girls' de Nigel Cole. Le compositeur nous rappelle alors son goût pour un certain classicisme d'écriture très 'Golden Age' hollywoodien dans l'excellent 'Secondhand Lions' de Tim McCanlies avant de repartir en France où il signe la musique du drame romantique 'Nouvelle France' de Jean Beaudin.

En 2005, il retrouve Régis Wargnier pour la quatrième fois sur le drame 'Man to Man' et compose la musique du thriller horrifique 'Jekyll + Hyde' de Nick Stillwell et le drame 'Wah Wah' de Richard E. Grant, suivi d'une magnifique partition inspirée pour la comédie familiale 'Nanny McPhee' de Kirk Jones, sans oublier la partition très attendue pour 'Harry Potter and The Goblet of Fire' de Mike Newell, pour lequel le compositeur remplace John Williams et nous offre une partition somptueuse et colossale, Doyle signant là l'un de ses plus gros projets, teinté de touches british qui rappellent certaines de ses musiques pour les anciennes productions 'Shakespeariennes' de Kenneth Branagh, que le compositeur retrouvera en 2006 pour une nouvelle adaptation ciné de Shakespeare, 'As You Like It'.

En l'espace d'une dizaine d'années, Patrick Doyle s'est construit une solide carrière de compositeur de musique de film, solidifiée par ses collaborations avec Kenneth Branagh, Régis Wargnier et Mike Newell. Bien que Patrick Doyle n'ait pas l'aura d'un John Williams ou d'un Jerry Goldsmith, il demeure aujourd?hui encore l'un des compositeurs les plus inspirés navigant entre le cinéma américain et européen, nous offrant régulièrement des partitions inspirées au classicisme d'écriture soigné et très entretenu par un souci constant de la qualité de l'écriture et des orchestrations. A une époque où ce genre de musique n'a guère plus sa place dans un système hollywoodien gangrené par les tacherons en tout genre, les musiques de Patrick Doyle demeurent une référence musicale auprès de nombreux béophiles. Gageons que le succès de 'Harry Potter and the Goblet of Fire' permettra au compositeur, qui a toujours bien choisi ses projets, de nous offrir de nouveaux et futurs chef-d'oeuvres qui lui permettront d'être encore mieux reconnu par la communauté béophile du monde entier.