James Newton Howard
Voici sans aucun doute l’un des plus talentueux compositeur qu’Hollywood peut se targuer de posséder dans ses rangs. Dès sa naissance, James Newton Howard grandit dans une famille où tout le prédestinait à la musique (sa grand-mère était violoniste de concert et se produisit avec le Pittsburgh Symphony Orchestra dans les années 30/40). Il prend des cours de piano dès l’âge de quatre ans et écoute très rapidement beaucoup de musique classique (il avoue nourrir une grande passion pour la musique de Beethoven, Brahms, Tchaikovsky pour les mélodies, Ravel et Debussy pour les orchestrations). Puis, il se familiarise avec le rock, la pop et le jazz et apprécie plus particulièrement les Beatles, mais aussi The Doors, Led Zeppelin, Jimi Hendrix, etc. Il découvrit aussi la musique de film et se passionna très vite, dans les années 60/70, pour les musiques de Jerry Goldsmith, Alex North, Henry Mancini, Elmer Bernstein, etc. Il fait ses études à la Music Academy of the West à Santa Barbara et prolonge ses études de piano alors qu’il commence à étudier l’orchestration avec Marty Paich (père de David Paich, chanteur-compositeur du groupe Toto auquel participera par la suite JNH – à noter que Marty Paich dirigera à plusieurs reprises des partitions de JNH une bonne vingtaine d’années plus tard, jusqu’au ‘Wyatt Earp’ de JNH en 1994, car un an plus tard, Paich mourrait d’un cancer au cours de l’été 1995). Au début des années 70, JNH se lance dans le monde de la pop et apprend à utiliser les synthétiseurs, en collaborant avec le groupe pop ‘Mama Lion’. Il se spécialise alors dans une carrière d’orchestrateur/arranger, travaillait pour Melissa Manchester, Carly Simon, Ringo Starr, Elton John, Neil Diamond, Crosby, Still & Nash, Cher, Earth Wind and Fire, Kenny Loggins, Chaka Khan, Chicago, Diana Ross, Harry Nilsson, Eric Clapton, Olivia Newton John, Randy Newman et plus particulièrement pour le groupe Toto vers le milieu des années 80. Il poursuivit par la suite ses études de pianiste à la ‘University of Southern California’s Music School’ mais dut abandonner ses études alors qu’il venait de faire la connaissance en 1975 de la pop-star Elton John avec qui il allait entamer une série de tournées en tant que second claviériste sur des albums tels que ‘Rock of the Westies’, ‘Blue Moves’ ou bien encore ‘Jump Up!’ et ‘Ice on Fire’.
Attiré très jeune par la musique de film, JNH eu son premier contact avec la musique de film en 1983 lorsqu’il fut amené à rencontrer le grand Jerry Goldsmith sur la musique de ‘Twilight Zone: The Movie’ pour lequel Goldsmith lui demanda de jouer sur un synthétiseur Yamaha, le GS-1 - réputé spécialiste des synthétiseurs au début des années 80, JNH avait été engagé à l’époque par Yamaha pour promouvoir leurs nouveaux synthétiseurs. C’est probablement ce qui permit à JNH d’être contacté par Jerry Goldsmith pour travailler sur les synthés de ‘Twilight Zone: The Movie’ (sans écrire encore à cette époque la moindre note de musique). Son travail sur ce film ne s’arrêta pas là puisqu’il produisit aussi la chanson ‘Nights are Forever’, interprétée par Jennifer Warnes.
JNH se laissa tenter par l’expérience du cinéma en 1985 en signant une modeste composition électronique pour la comédie ‘Head Office’ de Ken Finkleman, avec Judge Reinhold et Danny DeVito. Suivirent alors quelques projets tout aussi modestes tels que ‘Wildcats’, ‘Tough Guys’, le film d’action ‘8 Million Ways to Die’, la comédie ‘Nobody’s Fool’ (1986 – à ne pas confondre avec le film homonyme de Robert Benton avec Paul Newman et Melanie Griffith, datant de 1994!), le drame ‘Promised Land’ de Michael Hoffman sans oublier ‘Campus Man’, ‘Five Corners’, ‘Russkies’ ou le film d’action ‘Off Limits’, autant de projets qui lui permirent de développer son style pop/électronique très ancré dans les années 80 pendant que le compositeur prolongeait son travail dans le milieu de la pop. Si ‘Promised Land’ est généralement considéré comme son premier score électronique sérieux, il fut remarqué pour la première fois sur ‘Everybody’s All-American’ (1988) de Taylor Hackford avec Jessica Lange, Dennis Quaid, John Goodman et Timothy Hutton. JNH eut enfin l’occasion d’écrire sa première partition orchestrale avec ‘The Package’ (Opération crépuscule), thriller d’Andrew Davis avec Gene Hackman et Tommy Lee Jones. Composition orchestrale encore très impersonnelle, ‘The Package’ annonçait déjà le goût du compositeur pour les musiques d’action, un genre dans lequel il allait se perfectionner par la suite.
Le début des années 90 est marqué par une série de partitions diverses incluant les comédies ‘Coupe de Ville’ et ‘Pretty Woman’ dans lequel JNH révèle son côté plus romantique/intimiste à l’aide d’une formation orchestrale très restreinte (ce fut sa première grande expérience sur une comédie romantique, récompensée en 1990 d’un BMI Film Music Award). C’est avec ‘Flatliners’ (L’expérience interdite - 1990) de Joel Schumacher que le compositeur peut réellement prouver qu’il est enfin prêt à écrire une musique orchestrale plus ambitieuse, utilisant toujours ses synthétiseurs avec, cette fois-ci et pour la première fois de sa carrière, une chorale. Avec la relative liberté offerte au compositeur par la production sur la musique de ce film, JNH accouche d’une partition captivante malheureusement toujours honteusement inédite en CD à l’heure actuelle! Par la suite, après quelques scores mineurs comme le film d’action spécial Steven Seagal ‘Marked for Death’, la comédie ‘3 Men and a Little Lady’ remake de ‘trois hommes et un couffin’, la comédie ‘King Ralph’ avec un John Goodman au sommet du ridicule ou bien encore le drame ‘Guilty by Suspicion’. En 1991, le compositeur retrouve Joel Schumacher pour la seconde fois en livrant pour le drame poignant ‘Dying Young’ une partition romantique émouvante accompagnée par le saxophone sensuel de Kenny Loggins, avec lequel JNH avait autrefois collaboré durant ses années ‘pop’ (JNH continuera de collaborer avec ses anciens camarades de la pop sur ses musiques de film, et plus particulièrement avec ses compères du groupe Toto, Jeff Porcaro, Steve Porcaro, etc.). 1991 est décidément l’année des comédies dramatiques pour le compositeur puisqu’il signe aussi le score de ‘The Man in the Moon’ où il révèle un talent sur, talent qui se prolonge dans le mineur ‘My Girl’, le très intéressant ‘Grand Canyon’ (avec sa fanfare épique finale absolument mémorable) et le poignant ‘The Prince of Tides’ de Barbra Streisand, pour lequel le compositeur est amené à écrire quatre thèmes différents avant que la réalisatrice finissent par se décider à en choisir un des quatre (étant elle-même musicienne et chanteuse, Barbra Streisand a posé des exigences musicales assez importantes pour JNH). Après sa magnifique partition romantique et mélancolique pour ‘The Prince of Tides’, dans lequel la personnalité de JNH devient plus mure, plus posée, plus perceptible, le compositeur signe la musique de films mineurs tels que ‘Diggstown’, ‘Night and the City’ ou ‘Glengarry Glen Ross’ et nous offre pour le sombre ‘Alive’ (Les survivants) une partition orchestrale intime et poignante illustrant le drame vrai de ces joueurs d’une équipe de rugby de l’Uruguay qui, après le crash de leur avion en plein dans les Andes, durent survivre dans la montagne en mangeant les restes de leurs amis décédés. Le compositeur atteint ici une maturité évidente dans son écriture orchestrale, considérant généralement d’ailleurs ce film comme l’un de ses projets fétiches.
Par la suite, JNH retrouva une dernière fois Joel Schumacher sur ‘Falling Down’ (Chute libre) pour lequel le compositeur signa une partition de qualité sombre et envoûtante. Il écrivit la même année une partition comédie extrêmement vivante et colorée pour ‘Dave’ d’Ivan Reitman, qui le catalogua pendant quelques années comme spécialiste des musiques de comédie. En 1993, JNH obtint enfin son plus grand projet puisqu’il écrivit la musique de ‘The Fugitive’, son premier gros film d’action hollywoodien après quelques essais antérieurs peu mémorables (‘8 Million Ways to Die’, ‘The Package’, etc.). Terrifié à l’idée d’écrire sa première partition d’action généralement considérée comme un genre difficile pour tous les musiciens débutant à Hollywood, JNH fut amené à rencontrer de nouveau Jerry Goldsmith qui l’aiguilla et lui donna quelques conseils pour l’élaboration de sa partition. Avec 8 semaines pour écrire 90 minutes de musique (un délai très raisonnable, surtout par rapport au temps qu’ont aujourd’hui les musiciens pour écrire le score d’un film hollywoodien de ce genre!), JNH accoucha de son premier gros score d’action qui lui permit de se faire définitivement un nom auprès des béophiles du monde entier, même si le compositeur continue de dire qu’il n’apprécie pas particulièrement cette partition qu’il trouve imparfaite et dépassée. Son ascension se poursuit avec sa partition symphonique mémorable pour ‘Wyatt Earp’, western de Lawrence Kasdan avec Kevin Costner, qui connaîtra hélas un énorme bide commercial. Dommage, d’autant que JNH avait choisit de ne pas participer au ‘The Client’ de Joel Schumacher pour écrire la musique de ‘Wyatt Earp’ (c’est d’ailleurs à cause de cela que Schumacher ne fera plus appel à JNH par la suite, probablement vexé par le départ du compositeur). Le compositeur devient alors très productif au milieu des années 90, écrivant pour des films de genres divers comme la comédie ‘Junior’, le thriller ‘Just Cause’ ou le film d’action ‘Outbreak’. La même année, JNH signait un de ses chef-d’oeuvres, ‘Waterworld’, accompagnant brillamment les images du navet de Kevin Reynolds après le renvoi de Mark Isham, contacté par la production à l’origine. Avec ‘Waterworld’, JNH laisse éclater toute sa passion pour la musique de film en nous offrant une partition épique où choeurs, percussions, synthés et orchestre se mélangent dans un cocktail grandiose et détonnant.
Si 1996 est une petite année pour le compositeur – marqué néanmoins par la toute première collaboration du compositeur à un simili-film d’animation, ‘Space Jam’, pour lequel JNH révèle un talent insoupçonné pour le mickey-mousing – 1997 sera marqué par la composition du nouveau grand chef-d’oeuvre du compositeur, ‘The Devil’s Advocate’, pour lequel il retrouve le réalisateur Taylor Hackford. JNH, toujours au sommet de son inspiration, nous offre un score sombre et magnifique avec ses choeurs sataniques et sa noirceur absolue.
Il faudra alors attendre 1999 pour que le compositeur fasse une rencontre déterminante dans sa carrière. Cette année, JNH fait la connaissance de M. Night Shyamalan pour lequel il écrit une partition orchestrale mémorable pour ‘The Sixth Sense’. C’est le début d’une collaboration qui va donner par la suite des petits bijoux tels que ‘Unbreakable’, ‘Signs’ et ‘The Village’. C’est probablement avec ‘Signs’ que James Newton Howard révèle le meilleur de tout ce qu’il peut offrir au cinéma: un thème hypnotisant qui hante l’esprit, une atmosphère à la fois sombre et émouvante, des orchestrations de qualité, un impact majeur sur les images et l’atmosphère du film, etc. A chaque film qu’il fait avec Shyamalan, JNH semble toujours plus inspiré que jamais, réalisant jusqu’à présent un sans faute exceptionnel de la part d’un compositeur hollywoodien! Entre temps, ses musiques pour les films d’animation Disney ‘Dinosaur’, ‘Atlantis’ et ‘Treasure Planet’ auront confirmés le talent du compositeur, définitivement au sommet de son art après avoir passé plus de 15 années exemplaires au service de la musique de film hollywoodienne. James Newton Howard est à l’heure actuelle l’un des plus talentueux compositeur oeuvrant à Hollywood, un musicien que beaucoup considèrent comme l’éventuel successeur du grand Jerry Goldsmith, un compositeur dont on attend encore beaucoup à l’avenir, et qui nous promet encore de beaux moments musicaux en perspective!