James Horner est un peu un compositeur à part dans la musique de film américaine. Si comme beaucoup de bons compositeurs il possède un style très personnel et très reconnaissable, c'est parce qu'il s'est avant tout fixé des formules voire des dogmes dans son métier. Effectivement, depuis ses débuts en 1980 avec 'Battle Beyond The Stars' (Horner a débuté sur des productions à petit budget de Roger Corman, fameux producteur de série-B dans les années 70/80), Horner s'est imposé de reprendre sans cesse ses formules pour les développer à travers différentes musiques pour des films jusqu'à trouver l'achèvement parfait pour ses formules. Perfectionniste, Horner l'est assurément. Mais lorsque dans 'Battle Beyond The Stars' Horner reprend un motif de son compositeur fétiche, Sergei Prokofiev, et lorsqu'il plagie note pour note Schumann dans le thème de 'Willow', on a de quoi douter sur sa réelle sincérité. Les débats font rage autour d'Horner et rarement un compositeur aura déclenché de telles polémiques. Certains ne voient en lui qu'un voleur de musique malhonnête, d'autres le considèrent comme un génie voire un Dieu. Loin de vouloir prendre position dans ces débats qui deviennent vite lassants à force de revenir tout le temps dans les discussions entre béophiles, je dirai simplement qu'écouter la musique d'Horner demande d'être ouvert à son style fait d'emprunt, d'influence et parfois de très forte inspiration, pour mieux cerner le réel talent qui se cache derrière ce compositeur doué, car si le la musique de Horner remue tant de personne (en bien ou en mal), c'est que quelque part elle a quelque chose de particulier qui fait que l'on réagit toujours face à sa musique. Un béophile un tant soi peu honnête ne pourra nier que Horner est le roi des paradoxes: le compositeur originaire de Los Angeles manipule ses emprunts avec audace et si certaines oeuvres sont plus réfléchies que d'autres dans ce domaine (on ne peut pas tout le temps hurler à tort et à travers contre Horner: de tout temps, les compositeurs ont sut manier l'art de la citation, que ce soit Brahms avec la Klavierstücke de Beethoven ou Mahler dans sa 1ère Symphonie où il s'auto-cite, sans oublier Berg et sa citation à un choral de Bach dans son fameux Concerto à la mémoire d'un ange. Chez Horner, le problème est que le procédé a prit des proportions colossales, à tel point qu'aujourd'hui encore des formules entendues dans ses plus récentes BO remontent à des scores très anciens du compositeur, ce qui en fait douter plus d'un quand à la réelle inspiration du compositeur, car la question se pose alors: flegme ou génie? Chacun a un peu sa réponse à ce sujet, mais ce qui est certain, c'est que depuis plus de 20 ans déjà, James Horner se construit une oeuvre lente mais sûre, efficace et fragile à la fois, une oeuvre pleine de paradoxe de la part d'un compositeur qui, même s'il fait parfois du recyclage, arrive toujours à faire passer quelque chose de fort dans sa musique, même à travers les films pour lequel il apporte sa contribution. Pour finir, on citera certaines de ses grandes oeuvres: l'épique et romantique 'Legends of The Fall', le tragique 'Braveheart', le déchirant 'Titanic', l'époustouflant (et très controversé) 'Aliens', le superbe 'Star Trek II', le sombre 'Brainstorm'...bref, autant d'oeuvres qui démontre qu'Horner est réellement un compositeur doué et maître de son art, malgré les limites qu'il s'en est lui même imposé de manière involontaire. Décédé tragiquement le 22 juin 2015 suite au crash de son avion (Horner était passionné depuis longtemps d'aviation), le compositeur laisse derrière lui une oeuvre immense et bouleversante qui jette un regard particulier sur la musique de film en tant qu'art et passion. Les notes de 'Titanic', 'Braveheart' ou 'Legends of the Fall' résonneront à tout jamais dans nos coeurs. C'est une grande perte pour le monde de la musique de film.